mardi 28 avril 2020

dimanche 26 avril 2020

La Révolution et les Protestants en France, Patrick Cabanel



La Révolution et les Protestants
Musée protestant > XVIIIe siècle >
La Révolution et les Protestants En France, la Révolution avait, à la fin de 1791, répondu aux aspirations communes des Protestants.

Ils se voient accorder l'égalité civile, la liberté de conscience et la liberté de culte

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 leur accorde la liberté de conscience et la Constitution de 1791 la liberté de culte.

L’attitude des Protestants au cours des années révolutionnaires ne présente pas une image cohérente. Ceux-ci ont réagi de façon plutôt individuelle face au phénomène révolutionnaire. De nombreux Protestants ont participé aux Assemblées révolutionnaires, mais il n’y a pas eu de « groupe protestant ».

Sous la Terreur, le phénomène de déchristianisation (septembre 1793 à juillet 1794) n’a pas affecté en profondeur le monde protestant, quoique le culte ait été presque partout suspendu. Mais il s’agit en fait pour la plupart des pasteurs d’une cessation temporaire d’activité. Après la chute de Robespierre, le 9 Thermidor, an II (27 juillet 1794) on assiste à la réouverture des temples et la liberté des cultes est proclamée.

En outre, de nombreux huguenots vont bénéficier de l’Édit royal du 15 décembre 1790 accordant la nationalité française à toute personne exilée pour cause de religion.


mardi 21 avril 2020

Petite lettre à ma petite fille

À ce qu’il me semble, quand nous allons réfléchir sur le chemin humain, il y a trois question qui brûlent l’esprit : Pourquoi dois-je exister ? Qui suis-je ? Ai-je une destinée ?


Dans la tradition judéo-chrétienne, l’être humain il ne vient pas par hasard, il a l’universalité, il a liberté de construire son propre chemin. Et les textes anciennes de la tradition judéo-chrétienne disent que l’être humain est bon ou mauvais, mais agit dans polarité. Fait intéressant, aucun de ces textes ne parle pas de lui comme essentiellement corrompu. Il est clair, nous sommes guidés par notre imagination, que soit bon ou mauvais.


Sans aucun doute, la vie est le don le plus précieux, le modèle du choix. Je vous assure, le bon choix est alors ceci : choisir la vie, ce chemin est entre croissance et décroissance. 


Il faut bien se rendre à l’évidence, l’être humain, en tant que personne et communauté, est le créateur de lui-même. Sa vie est un voyage dans le but de devenir. Il devrait rebondir de « connais toi toi-même » à « devenir qu’il est » et « de trouver qu’il sert ».


Il est le voyage de l’existence humaine et la liberté est un voyage en soi, une communion que embrasse le cosmos, et doit être réalisé en taillant la pierre, symbole de l’être humain, où le matériel devient le spirituel.


Des petits bisous,


Le papi Jorge.



Un message subversif ?

Que ce monde passe et que ton règne vienne !
[ De l'étude de Georges Siguier, Un L'évangile de Jésus est un message subversif * ]


“À tous les oiseaux de proie volant très haut dans les airs l’ange, debout dans le soleil, cria: venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu ! Venez manger la chair des rois, la chair des chefs, la chair des puissants, la chair des chevaux et des cavaliers, la chair de tous les hommes, esclaves et libres, grands et petits.” (Apocalypse 19. 17 et 18) cf (Ézéchiel 39. 17 à 20)


L’évangile de Jésus

Quand nous employons le mot « évangile » nous traduisons un mot grec qui signifie: « bonne nouvelle », « joyeux message » ou « heureuse information ». Et quand nous parlons de l’évangile de Jésus, nous parlons du message qu’annonçait Jésus en son temps, c'est-à-dire au cours de ces brèves années qui vont de son baptême au Jourdain à sa mise à mort sur la croix. Il est donc question ici de la bonne nouvelle que proclamait le prophète de Galilée, du joyeux message qu’annonçaient aux foules d’Israël « l’homme venu de Nazareth ».

Ce message, cet évangile de Jésus est l’annonce que Jésus faisait au sujet de Dieu et de son règne; voici cette annonce: « Le règne de Dieu est tout proche ! ». Il faut distinguer ce que Jésus disait là de ce que, après sa résurrection, l’église naissante proclamait au sujet de Jésus. Cette proclamation par l’église primitive, et dont tout le Nouveau Testament témoigne, est également un évangile à publier, mais c’est l’évangile au sujet de Jésus: la grande nouvelle de sa résurrection, de son ascension « à la droite de Dieu » comme Seigneur et Sauveur, de son règne qui vient, et de son retour. 

Ce message chrétien, prêché au monde, concerne donc Jésus mais il ne doit pas être confondu avec le message que ce Jésus lui-même communiquait à ses contemporains, en reprenant d’ailleurs le message de Jean-Baptiste venait tout juste de proclamer à Israël: « Après que Jean eut été arrêté, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l’évangile de Dieu en disant: « le moment voulu par Dieu est arrivé: le règne de Dieu est là ! revenez à Dieu et croyez à la bonne nouvelle. » ( Marc 1 14 et 15). 

Tel est, si je puis dire, le « credo primitif » de notre Maître, son message fondamental et primordial, son évangile originel et fondateur, sa parole proclamée à Israël. Telle est l’annonce messianique du Messie de Dieu, selon les témoignages unanimes des évangiles du Nouveau Testament. Voilà l’évangile de Jésus. Il y a dans la Bible un exemple retouant. Et Jonas un fidèle de Dieu a dit : « Je le savais bien, tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d'amour, et tu regrettes tes menaces ». (Jonas 4: 2 b).

Le grand défi, une découverte à partager

Comment te sens-tu quand quelqu’un te dit de faire quelque chose que tu n’as vraiment pas envie de faire ? Est-ce que tu te mets en colère ? Te-tu sens ennuyé, irrité ou grincheux .Est-ce qu’il t’arrive de refuser que faire ce qu’on t’a demandé ? Ou le fais-tu avec une mauvaise volonté évidente ? D’après toi, que ferait Dieu s’il demandait à quelqu’un de faire quelque chose pour lui et que cette personne essayait de se défiler .

Mais, pour quoi l’évangile est un message subversif ?

Ce que je voudrais exposer ici, brièvement, c’est le caractère subversif de cet évangile annoncé par Jésus.En même temps, j’évoquerai la façon dont l’Église chrétienne, dès le second siècle, a peu à peu édulcoré, changé et perverti cet évangile, subversif de Jésus. Comment ? Il lui a suffi d’abandonner l’attente enthousiaste du retour proche de Jésus et de l’avènement du royaume de Dieu. Il lui a suffi « d’abandonner son amour du début. » ( Apocalypse 2. 4 ) et de s’installer progressivement dans le « train de ce monde » en y devenant une Puissance. Mais n’oublions pas de rappeler d’abord le sens du mot: « subversif ». Le dictionnaire ( petit Robert ) définit l’adjectif « subversif » en disant: « qui renverse ou qui détruit l’ordre établi; qui est susceptible de menacer les valeurs reçues ». C’est ainsi, dit-il qu’on parle « d’idées subversives ou d’activités subversives”, surtout dans le domaine politique.

À partir de là peut-on appliquer à l’Évangile de Jésus le qualificatif de « subversif » ? Bien sur que oui, dès qu’on comprend que l’arrivée du règne de Dieu va mettre le point final, sur la terre, au règne des pouvoirs humains qui s’y exercent. Certes l’évangile ne prêche pas une révolution violente ou l’établissement d’un « ordre établi » ! 

Jésus ne cherchait absolument pas à renverser et à détruire par la force les pouvoirs établis qui dirigeaient son peuple, soit le pouvoir de la caste des prêtres du Temple soit le pouvoir de la puissance étrangère des Romains. Certes par sa parole, et par les signes qui l’accompagnent, il combat sans faiblesse le péché des chefs religieux et politiques. Mais cette parole est radicalement non-violente, tout comme Jésus lui-même est totalement non-violent. Il n’est pas un révolutionnaire au sens classique du terme et, lors de son arrestation, il désarme Simon-Pierre qui a commencé à utiliser son épée. Mais il est même temps tout le contraire d’un mou, d’un passif, d’un religieux fuyant le monde et laissant se poursuivre sur la terre le règne de la force, de la puissance et de l’argent. 

Non, Jésus est le combattant suprême contre le mal, mais il laisse à son Père le soin de faire justice et de réprimer les méchants. Il se place au coeur de ce combat sans merci qui oppose d’un côté le seigneur Dieu et ses prophètes et de l’autre, le monde des hommes, leurs pouvoirs et le pouvoir laissé au « prince de ce monde », le diable ( Mathieu 4 8). Et les violents vont poursuivre jusqu’au crime leur tentative d’empêcher le règne de Dieu d’advenir, jusqu’à assassiner Jésus. Car ce qui déclenche la fureur des puissants, c’est précisément la présence et la parole de cet obscur galiléen qui se met à crier partout, « l’arrivée du grand jour de l’Éternel », l’arrivée du « Royaume » qui va mettre fin, sur la terre sainte, au règne des pouvoirs, des autorités et des dominations qui écrasent et asservissent les enfants de Dieu.

Nous comprenons donc pourquoi l’évangile de Jésus est si subversif. C’est parce que, ni plus ni moins, il annonce le jugement et la disparition des pouvoirs de ce monde, ceux qui règnent sur les non-juifs ( les « païens ») et ceux qui règnent sur le peuple juif. Et nous devons faire la question : est-ce qu’il existe des gens qui ne méritent pas le pardon de Dieu ? C’est en tout cas ce que pensait Jonas à propos des habitants de Ninive. Il n’était pas du tout content quand Dieu a fait preuve de bienveillance et leur a donné quelque chose qu’ils ne méritaient pas. Dieu peut pardonner à quelqu’un qui a fait quelque chose de vraiment mal. Il a entendu leurs prières et les a laissés intacts, eux et leur ville. 

Le pardon de Dieu est réellement pour tout le monde. C’est la royauté et le royaume de Dieu qui sont subversifs ! Surtout quand ils sont annoncés pour l’immédiat, pour le très court terme !


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* Georges Siguier : 14 rue St Jacques 81 200 Mazamet , pasteur église réformée. (à la retraite.)

vendredi 17 avril 2020

Protestantisme libéral

Le protestantisme libéral
par André Gounelle


Sommaire :


1) Comprendre ce que l'on croit
2) Etude critique de la Bible
3) Ecouter le message de Jésus
4) Ouverture aux autres religions
5) Un individualisme ouvert et positif
6) La relativité des doctrines
Conclusion

On m'a demandé de vous présenter le protestantisme libéral, courant auquel je me rattache. Je me garderai bien d'en faire un historique, ce serait long et peut-être fastidieux, mais je tiens cependant à souligner qu'il ne s'agit pas d'un courant nouveau, apparu depuis peu. Le protestantisme libéral a des racines au seizième siècle, et peut se réclamer, par exemple, de Sébastien Castellion et de Fausto Socin. Castellion, un libre croyant très attaché à la Bible, a vivement protesté contre l'exécution de l'hérétique Michel Servet à Genève en 1553, et a défendu contre Calvin le principe de tolérance. Socin, un italien non conformiste, a fondé une Eglise anti-trinitaire en Pologne, où il est mort en 1604. Le libéralisme s'est développé aux dix-huitième siècle dans l'atmosphère de la philosophie des Lumières qui lui convenait bien. Il a joué un rôle très important dans le protestantisme du dix-neuvième siècle, et a, en particulier, contribué à l'essor d'une étude historiquement rigoureuse de la Bible. Des hommes comme Charles Wagner lui ont donné de l'éclat et ont fait rayonner sa spiritualité bien au-delà des frontières du protestantisme. Au vingtième siècle, il a reculé, vivement combattu, entre autres, par la théologie de Karl Barth. Il a subi de profondes transformations sous l'influence de penseurs comme Albert Schweitzer, Rudolf Bultmann et Paul Tillich.

L'étiquette libéralisme, est vague, peu précise. Dans le langage courant, elle recouvre quantité de marchandises, pas toutes de bon aloi. On l'utilise en philosophie, en politique, en économie, dans le domaine de l'éducation et dans celui de la religion en général. On l'applique à des mouvements divers dont certains n'ont à mes yeux rien de libéral. Je m'en tiendrai au protestantisme libéral. Il est lui-même difficile à définir à cause de sa diversité. Chez les protestants libéraux, on trouve des positions parfois très différentes, qui vont du rationalisme au mysticisme, ou de l'ésotérisme à l'agnosticisme, du. symbolo-fidéisme à l'existentialisme, de l'intellectualisme au sentimentalisme. Ils ont, cependant, en commun, me semble-t-il, un «esprit» caractérisé par un certain nombre de préoccupations et d'attitudes. Je vais indiquer les six qui me paraissent les plus importantes et les plus caractéristiques.
1. Comprendre ce que l'on croit

En premier lieu, le protestantisme libéral se veut en quête d'une foi intelligente ou d'une intelligence croyante. Il refuse tout divorce entre la religion et la réflexion. On rencontre dans le christianisme quantité de courants, au demeurant tout à fait respectables, qui voient dans la foi une rupture avec les logiques humaines, un saut dans l'irrationnel, une acceptation d'un mystère indépassable. Ces courants opposent, comme le faisait Pascal, le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob, au Dieu des philosophes et des savants. Dans leur perspective, la révélation biblique n'a rien de commun avec la pensée philosophique, et la foi demande qu'on impose silence à la raison, qu'on s'abêtisse, comme dit encore Pascal dans un mot terrible, ou que l'intelligence se soumette.

Le protestantisme libéral se soucie, au contraire, de continuité, de cohérence, de corrélations et de correspondances. Il dialogue avec la culture. Sans nier qu'il y ait du mystère, sans confondre la foi et la raison, il cherche à les faire se rencontrer et collaborer. Comme l'écrit Tillich :“Contre Pascal, je dit: le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob et le Dieu des philosophes est le même Dieu”.

Albert Schweitzer illustre bien cette première préoccupation et orientation. Il souligne que la pensée est très menacée dans notre monde. La société moderne ne fait pas très grand cas de la réflexion ; elle lui préfère l'action et la technique. Elle cherche l'efficacité, la rentabilité ; elle se méfie de ceux qui s'interrogent, qui posent des questions, qui mettent en cause ses postulats. Ils troublent, dérangent, perturbent, et on les écarte autant que possible. De plus, la vie moderne consomme énormément de temps. Elle fait de nous des êtres agités et superficiels. Quantité de choses, aussi intéressantes les unes que les autres, nous sollicitent. Nous sommes sans cesse obligés de nous dépêcher, d'aller vite, de sauter d'une occupation à une autre, dans une sorte de perpétuel zapping». De plus, la pensée nous fatigue, souvent nous trouble, nous inquiète, et nous dérange. Pourtant, elle fait la grandeur et la dignité de l'être humain. Y renoncer revient à appauvrir, à mutiler notre humanité.

La religion a besoin de la pensée pour ne pas s'égarer ou se rabougrir. La spiritualité trouve en elle non pas un adversaire, mais une alliée précieuse, voire indispensable. La raison bien conduite, la raison authentique, la raison raisonnable n'est pas, en effet, rationaliste. Elle reconnaît que quantité de choses lui échappent, qu'elle est incapable de percer le mystère de l'univers et de la vie. Elle accepte ses propres limites, et donc l'existence de dimensions qui la dépassent. Cependant, elle entretient un esprit de critique et d'ouverture. Elle empêche de croire, de dire ou de faire n'importe, quoi.

Actuellement, on voit apparaître des formes de piété émotives et exubérantes, que les sociologues qualifient de «chaudes». Elles cultivent l'affectivité, et elles craignent la pensée. On voit aussi se développer des groupes très dogmatiques, des courants intégristes qui enseignent à leurs adhérents ce qu'ils doivent faire, affirmer, et qui les dispensent donc de l'effort de chercher, de réfléchir, de juger, de se faire par eux-mêmes une opinion. Ils offrent le confort et la paresse des certitudes toutes faites. Ils épargnent des remises en question et des interrogations parfois pénibles. Pour le protestantisme libéral, le croyant est toujours quelqu'un en quête de la vérité, quelqu'un qui ne la possède pas, mais qui doit sans cesse la découvrir, et, une fois qu'il l'a découverte, l'explorer. La foi a, certes, besoin de ferveur, de conviction et de sentiments ; bien sûr, elle expérimente l'ineffable ou l'incompréhensible, et elle respecte le secret ou le mystère de Dieu. Mais n'oublions pas que la Bible nous demande d'aimer Dieu non seulement de tout notre coeur et de toutes nos forces, mais aussi de toute notre pensée. Loin d'affaiblir et de menacer la foi, là réflexion l'approfondit et,la consolide. Elle constitue la meilleure défense contre les extrémismes politiques et les intégrismes religieux qui nous guettent et nous menacent.
2. L'étude critique de la Bible.

Le protestantisme libéral présente une seconde caractéristique sur laquelle on a beaucoup mis l'accent jusqu'au milieu du vingtième siècle, qu'on a fait passer avant les autres. Il s'agit, de l'importance qu'il donne à l'étude historique de la Bible, et principalement à celle du Nouveau Testament. Beaucoup de chrétiens ont tendance à voir dans la Bible un texte révélé, sinon dicté littéralement, du moins directement inspiré par Dieu. Contre cette tendance, il faut rappeler que la Bible n'est pas la révélation de Dieu, mais le témoignage rendu par des hommes à cette révélation. Elle se compose d'un ensemble de livres qui nous disent comment des êtres humains ont reçu et compris ce que Dieu a fait et a dit.

On sait que Jésus n'a jamais rien écrit. Nous ne le connaissons que par ce que nous ont rapporté ses disciples. Leurs idées, leurs connaissances, leurs doctrines, se reflètent dans leurs récits, orientent, et parfois déforment leur témoignage. Il faut donc à travers les seuls documents dont nous disposons, les écrits du Nouveau Testament, découvrir ce qu'ont été la prédication et la personnalité de Jésus. Cette enquête doit se poursuivre selon les méthodes historiques les plus rigoureuses ; elle exige une étude attentive du texte ; elle demande une connaissance approfondie du contexte ; elle propose plus souvent des hypothèses vraisemblables que des certitudes. Menée avec science et intelligence depuis deux siècles, elle a abouti à des résultats que certains jugent dangereux, et que d'autres estiment positifs.

Pour donner un exemple, dans un petit livre, publié il y a une vingtaine d'années, A. Malet soutient que les récits de .Noël sont des romans à thèse. Ils ont été fabriqués pour établir la supériorité de Jésus sur Jean Baptiste, et pour présenter Jésus comme un, nouveau Moïse : son père est un Joseph qui a des songes, comme le Joseph qui dans l'Ancien Testament précède Moïse; sa naissance s'accom- pagne également d'un massacre d'enfants ; il va en Egypte et en revient ; les mages s'inclinent devant lui comme les magiciens d'Egypte devant Moïse. Bref, il faut voir dans le récit de la naissance de Jésus un démarquage d'histoires de l'Ancien Testament concernant Moïse. N'accusons cependant pas les évangélistes de fraude ou de malhonnê- teté. Il ont utilisé un procédé littéraire courant à leur époque et admis de tous.

Des études de ce genre ont amené des réactions très violentes de la part des chrétiens qui ont estimé qu'elles détruisaient l'autorité de l'Ecriture et qu'elles ébranlaient la foi. Au contraire, les libéraux considèrent que le premier choc passé, elles apportent un enrichissement et un approfondissement de notre lecture et de notre compréhension de la Bible. S'apercevoir que le récit'de Noël de Matthieu a pour but non pas de raconter des faits, mais de présenter Jésus comme un nouveau Moise, non seulement n'affaiblit pas sa valeur, mais permet de discerner son véritable message, sa véritable portée. Au delà de lectures habituelles, conformistes et paresseuses qui passent à côté de ce que le texte veut dire, la critique nous fait découvrir la Bible dans sa vérité, et lui donne beaucoup plus de sens et de valeur. Elle ne détruit pas le principe de l'autorité de l'Ecriture, mais oblige à le reprendre, à le repenser autrement.
3. Ecouter le message de Jésus.

J'en arrive à la troisième orientation caractéristique du protestantisme libéral. La tradition chrétienne et les Eglises ont accordé plus d'importance à la personne de Jésus qu'à son enseignement. L'enchaînement du second article du symbole dit des apôtres, qui parle du Christ, est à cet égard significatif :"il a été conçu du Saint Esprit, il est né de la Vierge Marie, il a souffert sous Ponce Pilate, il a été crucifié, il est mort, il est descendu aux enfers ; le troisième jour, il est ressuscité..." On mentionne d'un côté sa conception et sa naissance, de l'autre sa mort et sa résurrection, et on fait silence sur ce qui s'est passé entre-temps.

Pour beaucoup de protestants libéraux, au contraire, les évènements (qui souvent sont des enseignements sous forme de récit plus que des reportages ou des récits de type historique), passent au second plan. On ne peut pas se contenter, comme le symbole dit des apôtres, de déclarer que Jésus est né et qu'il est mort ; sa naissance et sa mort n'ont d'intérêt qu'à cause de ce qu'il a été. L'essentiel de l'évangile se trouve dans ce que Jésus a dit, dans la manière dont il présente l'action et la présence de Dieu, dans sa conception de l'existence humaine, dans ce que signifie pour lui la foi, dans ce qu'il demande à ses disciples de faire, dans la manière dont lui-même agit et se comporte. Le message compte plus que le messager. La théologie protestante classique estime que le Christ remplit trois fonctions ou offices ; un office royal (il règne et dirige le monde) ; un office sacrificiel (il s'offre en sacrifice pour le salut des humains), sur lequel le piétisme et l'orthodoxie protestantes ont mis l'accent ; un office prophétique (il prêche et enseigne). Certains courants du catholicisme et de l'orthodoxie orientale privilégient l'office royal. Le protestantisme orthodoxe met surtout l'accent sur la mort du Christ, sur le sang versé pour nos péchés, sur sa mort expiatoire. Au contraire, un des prem,iers textes du protestantisme libéral, le catéchisme socinien de Rakow, en 1605, insiste principalement sur la fonction prophétique de Jésus (c'est-à-dire sur sa fonction de prédicateur et d'enseignant), à qui il accorde plus d'importance qu'à la mort sur la Croix. Certains libéraux pensent que la crucifixion de Jésus s'explique par les circonstances historiques ; elle n'est pas une nécessité théologique pour le salut de l'être humain. Certes, plusieurs passages du Nouveau Testament parlent de la mort de Jésus comme d'un sacrifice de bonne odeur offert à Dieu (expression horrible) ; ils la présentent comme le prix à payer afin de nous racheter et de nous libérer. Mais il faut voir que ces textes utilisent des images qu'explique et qu'éclaire le contexte du premier siècle. Ce sont des paraboles qu'on a tort dé prendre à la lettre. Celle du prix payé convenait bien dans un monde où le marché des esclaves était une réalité quotidienne et banale, où l'on faisait commerce avec des vies humaines et où la liberté s'achetait. Celle de la victime tuée sur un autel avait de la pertinence à une époque où, partout et tout le temps, on sacrifiait à des divinités pour obtenir leur indulgence et leur faveur. Les auteurs humains du Nouveau Testament ont utilisé les figures et illustrations qui correspondaient aux coutumes et à la culture de leur temps. Par contre, elles conviennent mal aux nôtres, et elles nous cachent l'essentiel, à savoir que Jésus agit et nous sauve essentiellement par sa parole.

De manière caractéristique, le libéral américain John Cobb ,a écrit sur Jésus un livre où il étudie longuement son oeuvre et sa prédication ou son enseignement, mais où il ne consacre que quelques lignes à sa mort. Selon lui, même si Jésus n'avait pas été crucifié, il aurait cependant été le Christ, le messie et le sauveur p ar l'exemple qu'il donne et par le message qu'il proclame.

Ce message, Jésus lui-même l'a formulé dans des catégories de pensée qui sont celles de son temps, et qui ne correspondent plus à notre époque. Il faut donc l'adapter, l'actualiser, le «démythologiser» selon l'expression de Bultmann, ce qui ne veut pas dire le transformer, mais le maintenir vivant, lui conserver sa pertinence, l'appliquer à notre existence. Schweitzer a tenté de la faire en parlant du «respect de la vie», qui n'est rien d'autre, pour lui, que le coeur de la mystique et de l'éthique de Jésus formulé en termes contemporains. Il rejoignait là 1'une.des grandes préoccupations de Charles Wagner qui, comme Schweitzer, a essayé de formuler le message de Jésus dans un langage quasi laïc, et de développer une morale et une spiritualité à la fois fidèles à l'évangile et ouvertes au monde contemporain.

J'ai employé les termes «éthique» et «morale». Il ne faut pas établir une équivalence entre libéralisme et laxisme du comportement. Ecouter Jésus signifie le suivre, lui obéir. Certains libéraux, comme Wilfred Monod, ont proposé d'accorder plus d'importance à l'orthopraxie (à la bonne conduite) qu'à l'orthodoxie (à la bonne doctrine). Certes, le libéral entend ne pas juger ni condamner les autres ; mais il se veut exigeant pour lui-même. Son écoute du Christ se traduit dans sa manière de vivre.
4. Ouverture aux autres religions

Je passe à une quatrième préoccupation ou orientation caractéristique du protestantisme libéral. Le christianisme classique a condamné sévèrement les religions non chrétiennes. Il n'y a vu qu'un amas de sottises et d'horreurs. Il affirme qu'il n'y a pas d'autre révélation que celle dont témoigne la Bible. Ce que l'on trouve ailleurs est faux, mensonger, peut-être diabolique, et on doit'le rejeter catégoriquement. Les croyants des autres religions sont, selon une expression longtemps employée, des infidèles. Beaucoup de libéraux, au contraire, pensent que Dieu agit et se manifeste partout dans le monde, et qu'on trouve chez les autres d'authentiques valeurs spirituelles. Quand le Dalaï Lama vient en Europe, allons-nous au nom du Christ et de l'évangile nous détourner de lui, refuser d'écouter ce qu'il veut nous dire, et voir en lui un impie ou un idolâtre ?

La Bible ne nous conduit pas du tout à un tel exclusivisme, bien au contraire. Dans le livre de la Genèse, on raconte qu'Abraham demande à Melchisedek, un prêtre païen, de le bénir. L'Ancien Testament contient de nombreux textes qui s'inspirent des religions égyptiennes, babyloniennes ou iraniennes ; les prophètes et les sages d'Israël n'ont jamais considéré qu'il n'y avait rien de bon chez les autres, et qu'il ne fallait pas écouter ce qu'ils disent. Dans le Nouveau Testament, des mages qui rendaient un culte aux astres, viennent à Bethléem. Jésus admire la foi d'un officier romain, probablement polythéiste. Paul déclare à Lystre que nulle part Dieu ne s'est laissé sans témoignage. A Athènes, il cite des poètes et des philosophes païens.

Dans cette ligne, s'appuyant sur ces exemples, de grands théologiens libéraux comme Troeitsch, Schweitzer, Tillich, Hick, Cobb, se sont préoccupés du dialogue interreligieux, et une association d'inspiration libérale, 1'l.A.R.F., travaille depuis le début de notre siècle à le promouvoir et à le développer. Ce dialogue pose de nombreux problèmes ; il

S’agit d'une tâche difficile qu'il faut entreprendre dans la clarté et l'ouverture. Le protestantisme libéral n'entend certes pas tout mélanger. Il ne veut pas abandonner ou abâtardir le message évangélique, qui reste pour lui la référence privilégiée et la norme de la foi chrétienne. Mais, il se refuse à mépriser et à écarter les spiritualités non chrétiennes. Il estime que si les chrétiens ont des choses à apporter aux autres, ils en ont aussi à recevoir d'eux.
5. Un individualisme ouvert et positif.

Mon cinquième point porte sur l'individualisme que l'on reproche souvent au libéralisme. On l'a accusé de manquer du sens de l'Eglise, ou de la communauté. Pourtant les libéraux ont toujours travaillé dans et pour l'Eglise ; ils ont, en particulier, activement contribué au lancement entre les deux guerres du mouvement oecuménique. Ils se sont aussi beaucoup souciés de questions sociales. Ils ne préconisent pas un individualisme fermé et négatif, où l'on ne pense qu'à soi et où on néglige les autres. Ils plaident pour une autre forme d'individualisme, celle-ci ouverte et positi-ve, que définissent trois éléments :

- D'abord, la responsabilité personnelle. Chacun a le droit et le devoir de prendre position pour son compte. Il n'a pas à se fondre dans un ensemble, ni à laisser d'autres parier ou se prononcer à sa place. Mes décisions, mes actions, mes paroles sont toujours miennes et m'engagent person-nellement. Je n'ai pas à me retrancher derrière les consignes reçues, les opinions dominantes, les déclara-tions des autorités, Il m'incombe de prendre parti. Le libéral rie peut pas dire comme en 1526 l'évêque Guillaume Petit :"Je crois sainte mère l’église et plus ne m'enquiers". Il a à s'enquérir.

- Ensuite, le refus de condamner et de rejeter ceux qui ne pensent pas comme nous, même si on a le sentiment qu'ils se trompent. On peut et on doit certes discuter avec eux, essayer de leur expliquer et de les convaincre. On n'a pas le droit de leur imposer silence, de les obliger à se soumettre ou de les traiter avec mépris. Il faut accepter la différence et la divergence par respect de l'autre. Là où l'erreur n’est pas libre, disait le suisse Alexandre Vinet, la vérité ne l'est pas non plus. C'est pourquoi d'ailleurs les groupes libéraux sont en général pluralistes ; on y admet des opini.ons et des positions très diverses.

Enfin, le sentiment que les institutions, civiles ou ecclésiastiques, n’ont qu'une valeur relative. Cela ne veut pas dire qu'on ne. leur accorde pas d'importance, mais qu'on tient a ce qu'elles soient au service des personnes et non les personnes à leur service. En particulier, l'Eglise n'a pas a dicter à ses membres leurs croyances et leurs attitudes elle n'a pas à leur imposer une dogmatique ou une morale. Elle a pour rôle de les aider à se forger des convictions et des positions personnelles.
6. La relativité des doctrines

Je m'attarde un peu plus sur le sixième point, parce qu'il me semble fondamental. Pour le protestantisme libéral, il n’existe pas de dogmes, c'est à dire des définitions intangibles qui exprimeraient une fois pour toutes et de manière pleinement satisfaisante la vérité. Il y a seulement des doctrines, autrement dit des essais approximatifs et révisables, qui tentent de formuler dans- un temps et dans un lieu donnés la manière dont on reçoit et perçoit la vérité. Le dogme est objet de foi, la doctrine expression de la foi. Pour expliquer cette distinction entre l'objet et l'expression de la foi, je prends un exemple, celui de la trinité.

Cette doctrine à été définie par des conciles des quatrième et cinquième siècles. Elle affirme que Dieu est une essence ou une substance (en grec «ousia») en trois personnes (en grec «prosopon» ou «upostasis») consubstantielles (en grec «omousios»). On ne trouve évidemment pas ces concepts, ces termes, dans le Nouveau Testament; ils sont aussi étrangers au vocabulaire et à la pensée modernes. Ils appartiennent à la philosophie grecque de l'antiquité tardive. La doctrine trinitaire naît d'un effort pour exprimer dans le langage de la culture helléniste le message évangélique. Cet effort me paraît tout à fait légitime, et je crois que les Conciles ont eu raison de l'entreprendre, même si le résul-tat ne me paraît pas tout à fait convaincant et si, à mon sens, d'autres formulations, celles proposées par Arius par exemple, auraient sans doute aussi bien convenu.

A partir de là, commence une dérive. Parce qu'adoptée par des Conciles, parce que promulguée par les autorité civiles et ecclésiastiques, parce que sacralisée et canonisée par les siècles, la doctrine trinitaire, d'expression de la foi chrétienne, est devenue objet de foi. On a considéré que les formules qu'elle emploie sont obligatoires en tous temps et en tous lieux, qu'elles s'imposent à tous les fidèles, qu'il faut obligatoirement y croire ou y adhérer pour être chrétien, qu'elles définissent très exactement l'être de Dieu. Pour désigner le Dieu de l'Evangile, le Dieu de Jésus -Christ, on parle du Dieu trinitaire, comme le font abondamment les textes oecuméniques actuels (beaucoup plus que les textes d'il y a cinquante ans). Et là les protestants libéraux ne sont plus d'accord, pour deux raisons :

- D'abord,parce que l'on confond ce que nous disons de Dieu, notre langage sur Dieu, notre manière de le représenter, avec la réalité même, avec l'être même de Dieu. Il y a là une prétention inacceptable. Il existe toujours une différence et une distance entre ce que Dieu est, et ce que nous en disons. Nous ne pouvons pas le définir, l'enfermer dans nos formules. Il dépasse toute intelligence. Dans le dogmatisme qui prétend posséder la vérité sur Dieu, se cache une idolâtrie : on se fait une image de Dieu et on l'adore.

- Ensuite, pour le libéralisme, notre témoignage, notre tâche aujourd'hui, ne consistent pas à répéter des formules d'une autre époque, qui sont devenues désuètes et'incompréhensibles, mais à traduire le message évangélique dans le langage culturel d'aujourd'hui, en tenant compte de nos .connaissances historiques, scientifiques, psychanalytiques, etc., de nos manières de vivre et de penser. Ce qu'ont fait les conciles à leur époque, il nous faut le faire à la nôtre, en sachant que nous n'aboutirons jamais à des formules définitives, que toute expression de la foi, même si elle se réfè-re à un absolu, est, relative.

On pourrait comparer les doctrines à des cartes de géogra-phie. On en a besoin pour se situer et s'orienter , mais aucune n'est totalement juste, parce qu'elles figurent toutes une sphère, le globe terrestre, sur une surface plane. A la fois, elles expriment et déforment la réalité qu'elles veulent représenter. De plus, une carte répond à un besoin, pas à d'autres : la même carte ne peut pas servir à préparer un voyage en auto, à étudier l'économie d'un pays et à déterminer le site d'atterrissage d'un vaisseau spatial. Quand on utilise une carte pour autre chose que ce pour quoi elle est faite, ou dans une situation que celle qu'on avait prévue en l'établissant, elle risque d'égarer. Il en va de même des doctrines. Ce qu'elles disent est vrai, mais seulement jusqu'à un certain point et dans un cadre limité. Quand ont l'oublie, on tombe dans l'idolâtrie de la doctrine. Il faut avoir conscience de leur relativité, sans tomber dans le scepticisme ou le relativisme total ; elles visent, sans jamais totalement y parvenir, à exprimer une vérité absolue.

Même s'ils se soucient plus de l'actualisation du message évangélique que de la tradition doctrinale et ecclésiastique, il ne faut pas dire que les protestants libéraux rejettent ou condamnent cette dernière. Ils cherchent à l'interpréter, à la comprendre et à la transposer, ils la soumettent à une réflexion critique qui derrière le langage employé se préoccupe de son sens profond. Pour eux, la doctrine essaie de dire, aussi bien que possible, dans le contexte où l'on se trouve, ce que l'on croit, en sachant que toute formulation de la foi est approximative, relative et révisable, et qu'il y a toujours plusieurs formulations possibles.
Conclusion

Après avoir indiqué ces six caractéristiques essentielles du protestantisme libéral, il me faut maintenant conclure. Quand on esaie d'évaluer le protestantisme libéral, quand on se demande. quelle place il occupe et quel rôle il peut jouer dans le monde d'aujourd'hui, lorsqu'on s'interroge sur sa -pertinence face aux problèmes et défis de notre temps, on s'aperçoit que les opinions sur ces points sont très par-tagées, et que l'on donne à ces questions deux réponses très différentes, voire opposées.

1 . Pour les uns, le protestantisme libéral, s'il a mené naguère des combats nécessaires, n'a plus aujourd'hui grand sens, parce qu'il enfonce des portes largement ouvertes. La grande majorité des chrétiens ne partagent-ils pas les préoccupations et orientations que je viens de défi-nir, alors qu'ils ne se considèrent nullement comme libé-raux ?

Cette première réponse ne manque pas de pertinence et de justesse. On rencontre beaucoup de libéraux qui s'igno-rent, voire qui refusent cette étiquette. Dans les Eglises, les idées libérales ont largement fait leur chemin, se sont en grande partie imposées. Dans aucune Faculté de théologie par exemple, on ne conteste actuellement la nécessité d'une critique historique de la Bible. Toutes les grandes Eglises s'interrogent sur les possibles révisions de leurs doctrines, et s'intéressent au dialogue entre religions. Un orthodoxe du siècle dernier qui reviendrait parmi nous esti-merait probablement que le libéralisme a triomphé dans le protestantisme et s'est largement répandu dans le catholi-cisme.

Toutefois, deux remarques viennent nuancer ce constat, et conduisent à affirmer que le libéralisme a encore un rôle à jouer, une mission à remplir. .

- D'abord, le libéralisme ne cherche pas à constituer un parti ecclésiastique ou un groupe particulier, mais à diffuser des idées, à entretenir des débats, à maintenir une attitude d'ouverture. Cette tâche-là n'est jamais achevée ; elle doit être reprise à chaque époque. Si certaines des idées du protestantisme libéral se sont répandues, au point qu'on considère qu'elles ne lui appartiennent plus, tant mieux. Il n'en demeure pas moins qu'elles sont toujours menacées, et qu'il faut travailler à les maintenir. A quoi il faut ajouter qu'au delà des idées, les attitudes libérales, pourtant plus importantes, restent peu fréquentes. On n'est pas libéral une fois pour toutes ; on le devient à chaque instant par un effort et une victoire sur soi-même.

- Ensuite, dans le monde chrétien, les positions libérales demeurent minoritaires. On le constate à la conférence des Eglises d'Europe, et au Conseil Oecuménique des Eglises (où on est plutôt mai reçu si on critique par exemple, le dogm e trinitaire, si on y voit une expression discutable et relative, et non le fondement de la foi chrétienne).

2. La seconde réponse se situe à l'opposé de la première, en ce sens que pour elle le libéralisme n'a pas gagné, mais perdu la partie. Nous voyons aujourd'hui en effet proliférer de multiples sectes qui ont beaucoup de succès, qui attirent quantité de gens, alors que les grandes Eglises semblent plutôt perdre du terrain et voient leur influence décliner ; ne faut-il pas attribuer leur recul aux idées et attitudes libérales qui les imprègnent ? Et dans l'ensemble du monde religieux, on assiste à un développement impressionnant des courants fondamentalistes et à la montée de divers intégrismes.

Comment expliquer cela ? Je crois que cela tient en grande partie à la dureté et à l'insécurité du monde moderne. Beaucoup de nos contemporains sont déstabilisés et désorientés par des évolutions trop rapides, par les menaces de toutes sortes qui pèsent sur nous, la menace du chômage. celle de maladies inquiétantes comme le Sida, celle de la violence dans nos ville et dans le monde, celle d'une destruction écologique de notre planète. Les médias nous donnent une conscience aigüe de cette situation, et nous la vivons mal. Alors, nous éprouvons le besoin d'une religion qui nous rassure, qui nous tranquillise, qui nous donne des certitudes fortes. C'est ce que font les mouvements intégristes et les sectes. Ils dispensent de réfléchir, de choisir, par leurs slogans, par leurs rites, par les communautés solidement structurées qu'ils forment, ils soulagent l'angoisse sourde qui habite nos contemporains. Il faut bien reconnaître qu'en tout cas, dans un premier temps, le libéralisme l'avive en demandant aux gens de réfléchir de choisir de s'engager individuellement, de prendre leur responsabilité sans s'en décharger sur le groupe. Et sous cet angle-là. le libéralisme se situe effectivement à contre-courant. Mais de ne pas être à la mode, de ne pas aller dans le sens de la pente, lui donne de la pertinence. On a trop vu dans le libéralisme une adaptation du christianisme au monde contemporain, en en oubliant qu'il réagit aussi contre les tendances de notre temps ; que certes, il leur porte attention et s'ouvre à elles, mais qu'également il les critique. Précisément, à cause de cela, il peut agir comme un contre-poison, en empêchant de céder trop vite à des facilités, à des paresses, à des tentations qui ne sont pas dépourvues de danger. Le combat libéral me semble donc ne rien avoir perdu de sa nécessité et de son actualité. Ce combat ne me paraît pas plus difficile qu'autrefois et naguère. Il s'agit de lutter contre soi-même, contre ses propres tendances autori- taires, de se battre pour maintenir l'ouverture et la recherche en dépit du confort des idées toutes faites. Je parle de combat ; je tiens cependant à signaler que le pro- testantisme libéral ne cherche nullement à susciter des .luttes et à entretenir des polémiques. Il veut maintenir une réflexion, participer à ses débats qu'il souhaite fraternels, même avec ses adversaires, dont il peut comprendre les craintes et écouter les critiques. Il entend partager avec tous des compétences, des recherches, des questionne- ments. Il ne se considère pas comme un but, mais comme un moyen, un instrument au service des hommes de bonne volonté, libres penseurs ou. libres croyants. Il ne prétend pas les enrégimenter sous sa bannière, mais dialoguer avec eux, les aider dans la mesure de ses possibilités, et aussi recevoir et apprendre.d'eux.



André Gounelle
(causerie donnée à l'Eglise du Musée le 6 février 1994 à Bruxelles)
CAHIER EVANGILE ET LIBERTE N' 134 Octobre 1994







Ser protestante

Para os protestantes, apenas a fé salva

Nascida no século 16, a reforma protestante pretende purificar o cristianismo do supérfluo.  Somente a fé e as Escrituras Sagradas contam.  Os intermediários (papas, santos, objetos etc.) desaparecem.  Além das convicções comuns a todos os cristãos, expressas nos credos da Igreja primitiva, os protestantes reunidos na Federação Protestante da França se reconhecem nas seis declarações a seguir.

 Glória a Deus

Nada é sagrado, divino ou absoluto fora de Deus, dizem os protestantes.

Portanto, estão vigilantes em relação a qualquer partido, valor, ideologia ou empreendimento humano que afirme assumir um caráter absoluto, intangível ou universal.

Porque Deus é um Deus de liberdade, que exige uma resposta livre por parte do ser humano, os protestantes são a favor de um sistema social que respeite a pluralidade e a liberdade de consciência.

 Graça sozinha

Os protestantes argumentam que o valor de uma pessoa não depende de suas qualidades, mérito ou status social, mas do amor gratuito de Deus que dá a todo ser humano um preço inestimável.

O ser humano, portanto, não precisa merecer sua salvação, tentando agradar a Deus.  Deus lhe dá graça, incondicionalmente.  Esse amor gratuito a Deus torna o ser humano, por sua vez, capaz de amar seus semelhantes gratuitamente.

 A linha inferior é fé

A fé nasce do encontro pessoal com Deus.  Essa reunião pode surgir repentinamente na vida de um indivíduo.  Mais frequentemente, é o resultado de uma longa jornada cheia de dúvidas e perguntas.

Mas a fé é oferecida por Deus incondicionalmente.  Todo ser humano é chamado a recebê-lo em liberdade.  É a resposta humana à declaração de amor feita a todos por Deus, na palavra bíblica, em Jesus Cristo.

 A bíblia sozinha

Os cristãos protestantes reconhecem apenas a única autoridade da Bíblia.  Somente ela pode nutrir sua fé;  é a referência suprema em questões teológicas, éticas e institucionais.

Através dos testemunhos humanos que nos transmite, a Bíblia é a Palavra de Deus.  Os textos bíblicos traçam princípios gerais dos quais cada protestante, no que diz respeito a ele, e cada igreja, coletivamente, desenham o espaço de sua fidelidade..

 Reforma constante

As igrejas se reúnem na mesma fé e esperam todos aqueles homens, mulheres e crianças que confessam explicitamente o Deus de Jesus Cristo como aquele que dá sentido às suas vidas.

Instituições eclesiásticas são realidades humanas.  "Eles podem estar errados", disse Lutero.  Em referência ao Evangelho, as igrejas devem continuamente dar uma olhada crítica e questionadora em seu próprio funcionamento.  Todos devem assumir sua parte de responsabilidade e testemunhar a fidelidade à palavra divina.

 O sacerdócio universal

 Entre os princípios mais inovadores da Reforma, o sacerdócio universal dos crentes estabelece um lugar idêntico, dentro da Igreja, para cada pessoa batizada.

Pastores e leigos compartilham o governo da Igreja.  Pastores não têm status separado na Igreja.  Eles exercem uma função específica lá, à qual os estudos teológicos da universidade os levaram.

Em espírito de unidade, asseguram em particular o serviço da pregação e dos sacramentos, a animação da comunidade em que exercem seu ministério, o acompanhamento, a escuta e a formação teológica de seus membros.

mercredi 15 avril 2020

Eterno, eternamente 3

Em sua carta aos Romanos (5.12), o querido rabino Shaul, o apóstolo Paulo dos cristãos, explicita esse processo de construção do humano ao afirmar que a hamartia entrou na vida humana por um primeiro e com a hamartia, a consciência da morte. Ora, hamartia era uma expressão militar dos gregos que se referia ao ato do arqueiro errar o alvo, quer no treinamento, quer na batalha. Paulo utiliza a expressão no sentido de que vivemos sempre sob a possibilidade de errar os alvos existenciais. Por isso, a compreensão de hamartia está sempre ligada à ausência, separação, alienação, já que implica em distanciamento do objetivo existencial. 


Errar o alvo, ou seja, hamartia ou peccatu, reforça este estado da existência, que chamamos alienação, e nos leva à origem da consciência humana. E Paulo fala, então, da consciência matricial da morte. Para o apóstolo, o estado de ausência, separação e alienação na existência produz esta consciência matricial, a consciência da morte. 


A partir da consciência da morte temos a consciência do divino, a consciência da diversidade, já que não somos bichos e, por extensão, não somos apenas natureza, a consciência de que podemos escolher, e a consciência de que coisas e ações podem ser boas ou não. Dessa maneira, hamartia implica em consequências: necessidades diante da lei, daquilo que é ou está frente à existência, e possibilidades diante da liberdade, daquilo que não existe, mas pode ser criado.


Devemos ser, todos nós humanos, aqueles que esperam pelo mundo do Espírito. O amor é a chave para a vida, mas a morte a passagem esperada. Amar uns aos outros é reconhecer a centelha divina dentro do outro, e ajudá-lo a entender e a exaltar o sentido pleno da vida. Mas a passagem esperada, para que seja em paz precisa do amor vivido.


Nesse sentido, o amor permite reconhecer a dignidade do humano. Semeia as sementes da revolta contra a injustiça e a opressão, inclusive religiosa. Reconhece o fato de que o sofrimento é um desequilíbrio do mundo. Mas, temos consciência, de que o amor não pode ser rebaixado, enquanto concepção que degrada a dignidade do ser humano. Ou seja, amar uns aos outros, não é fé, não é destino, é ato de encontrar o entusiasmo da partilha com todos e todas.


É isso aí. O judaísmo permanece presente na construção do pensamento ocidental, leigo e religioso.



JP, Kadish, vida, morte e reino, trecho do capítulo 28. 



lundi 13 avril 2020

Eterno, eternamente 2

Eterno, eternamente

Parte 2

Jorge Pinheiro, PhD


A comunidade religiosa, enquanto associação de grupo, não deve ser obstáculo para o caminho espiritual, ao contrário, compreendido o conceito de comunidade, de estar junto para repartir o pão, tal comunhão não deve desenvolver ambição, orgulho ou reflexo xenófobo, mas abertura para o mundo. Seu significado não é excluir a fraternidade, mas estendê-la da comunidade em direção a todos os humanos. O objetivo é difícil, mas não há esperança se não perseveramos em direção ao sucesso.

 

Aprender a liberdade é o primeiro momento dessa construção, comemorada na Páscoa, enquanto caminhar em esperança. Caminhamos em direção ao outro e para cima. Esta tradição foi transmitida aos judeus pela Torá, e está presente nos 613 mandamentos, em que se baseiam a coesão da comunidade judaica. 


O caminhar associado a revolução permanente do espírito deve levar a uma espiritualidade sem dogmas. É um caminhar baseado na fraternidade universal. Donde, tradição e progresso pode fazer sentido na existência do humano, enquanto elo da cadeia da vida. 


Nesse caminhar descobrimos, conforme nos foi revelado, que o Eterno é  impensável, incognoscível, impenetrável, mas presente no universo em todos os seus planos. O Eterno não pode ser nomeado. A única designação autêntica é precisamente a rejeição de qualquer definição é ein Sof, aquele que não tem fim, Eterno. O espírito absoluto é essência por si só. O Eterno é o único, única manifestação visível do invisível. Mas a harmonia universal resulta da complementaridade dos opostos. A vida é um ponto na eternidade. 


dimanche 12 avril 2020

Eterno, eternamente

Eterno, eternamente / primeira parte

Jorge Pinheiro, PhD



A eternidade é o estado do eterno diferente do tempo duração com alterações e sucessão de momentos. 
A eternidade é duração sem sucessões, nela não há alienação. A eternidade especializa a existência. 


Para os relatos das origens nos textos antigos da tradição judaica, o humano, construído à imagem e semelhança do eterno é síntese e projeção das forças da criação. E ao ter livre-arbítrio, um atributo da eternidade, tal imagem e semelhança se apresenta enquanto arquétipo conceitual e faz dele humano primordial.

hadam kadmon é uma expressão que traduz a idéia de humano primordial. Faz parte da compreensão de que aquele hadam era matrix, e nele estavam presentes os moveres originais da criação. Assim, hadam kadmon é diferente do hadam ha-rishon, o primeiro. Em hadam kadmon estava a consciência, a-vida, presente a partir daí na espécie. Estes moveres originais de hadam kadmon são os atributos ostensivos que a eternidade deu ao humano, ser coroa da criação, ter vontade específica e atuar no plano da criação a fim de construir seu destino.


A leitura dos textos antigos da tradição judaica não tem como função ou meta a compreensão científica do mundo físico, mas a construção da consciência. Dessa maneira, a revelação do Eterno ao ser humano, através dos textos antigos da tradição judaica, não é de como funciona o mundo e sua realidade, mas como devemos, enquanto pessoas e comunidades, colocar-nos sob missão do Eterno.


Os códigos culturais e de linguagem hoje são diferentes daqueles das épocas onde os relatos das origens surgiram. Assim, a melhor aproximação é  analisarmos os relatos das origens nos textos antigos da tradição judaica em comparação com os relatos e tradições presentes nas culturas antigas das épocas referidas.


Existe uma leitura humana de seus relatos arquetípicos, onde se considera as metáforas das suas tradições religiosas como fatos. E como os relatos arquetípicos fundamentam a cultura e a linguagem, passamos a ter então culturas e linguagens que demonizam e segregam pessoas, grupos de pessoas, segundo a origem nacional, raça-etnia, religião e sexo, entre outros características. 


Uma dessas grandes metáforas é a de hawa, que conhecemos como Eva. E a metáfora hawa traduz os encontros e desencontros de hebreus e povos palestinos nos séculos que antecederam à era comum. E mais tarde, os primeiros cristãos deram sequência a este movimento quando viveram, eles também, encontros e desencontros com as religiões de mistério do mundo greco-romana, com seus cultos à mãe-terra. 


O primeiro cristianismo, que surgiu como facção do judaísmo, por questões de inserção e sobrevivência absorveu elementos da cultura e linguagem do mundo helênico. Estes cultos greco-romanos se inseriam em contextos religiosos e sociais muito antigos e, entre outros elementos, exprimiam a veneração da cor vermelha associada ao sangue menstrual. Na mitologia grega, a mãe dos deuses, Reia, Cibele para os romanos, traduzia a veneração ao próprio conceito de reia, que significa terra ou fluxo. Assim, dentro desta compreensão arquetípica, o humano fora formado a partir do barro vermelho.


A identidade da religião com a mãe-terra, a fertilidade, a origem da vida, aparece enquanto santidade da terra. Assim, ao formar o humano, nas leituras sincréticas cristãs a eternidade parte do vermelho da terra e sopra a vida no corpo formado. A eternidade não é corpo, não está presente na forma, mas a mãe-terra está dentro e, também, na totalidade do mundo existente. O corpo de cada um, de cada uma, então, seria feito do corpo dela. Nessas leituras arquetípicas dá-se o reconhecimento da identidade universal de todos humanos.


No capítulo um do livro das origens, macho e fêmea são criados à imagem do eterno. Algumas interpretações rabínicas consideram esta primeira criação um andrógino, porque a eternidade criou o humano à sua imagem, macho e fêmea. Na maioria das traduções ocidentais lemos que "o eterno criou o homem à sua imagem, à imagem do eterno o criou; ele criou homem e mulher (Gênesis 1:27). De fato, no texto hebraico a passagem está no plural: o eterno criou da-terra à sua imagem, no sentido genérico de humano. Em seguida, o texto diz macho e fêmea foram criados. Não temos aí os pronomes próprios hadam/Adão e hawa/Eva, mas macho e fêmea.


Só no texto seguinte, no segundo capítulo do livro das origens, outro relato da criação, é que hawa, que tem vida, aparece. E a metáfora se fez relato factual, histórico, que ganhou força no judaísmo e, posteriormente, entre cristãos e muçulmanos. Assim, a metáfora arquetípica, lida a partir de hermenêuticas patriarcais, no correr dos últimos dois mil anos transformou-se em fato fundante das culturas monoteístas. E hawa passou a ser um pedaço de hadam. 


“Então o haShem Adonai fez cair um sono pesado sobre hadam, e este adormeceu; e tomou uma das suas costelas, e cerrou a carne em seu lugar. E da costela que o haShem Adonai tomou do homem, formou uma mulher, e trouxe-a a hadam. E disse hadam: Esta é agora osso dos meus ossos, e carne da minha carne; esta será chamada mulher, porquanto do homem foi tomada. Portanto deixará o homem o seu pai e a sua mãe, e apegar-se-á à sua mulher, e serão ambos uma só carne”. (Gênesis 2: 21-24). 


Os estudos da psiquê, desenvolvidos a partir do século vinte, trabalham com a idéia de que a humanidade, em certa medida, guarda em seu psiquismo os arquétipos das origens enquanto espécie. E as metáforas das origens e de seus desdobramentos calam fundo nas emoções e percepções humanas de forma aparentemente instintiva. E todos entendemos o recado, o ser humano paga um preço ao optar por construir sua liberdade. Nesse sentido, hadam e hawa representam a condição humana, são arquétipos de nossa força e fraqueza enquanto humanos, seduzidos sempre por fatores aparentemente externos, como o desejo da conquista do mundo, do poder e do sexo, que nos seduzem de forma paradoxal, tanto para a expansão de limites, o que seria um bem, como para a limitação de nossas possibilidades, o que seria um mal.


Théodore Monod disse que não somos meio termo, mas complemento. Não somos cinza, mas preto e branco. Na verdade, os escritos judaicos da Era Comum nos dizem que o Eterno construiu o ser humano e, em seguida, retirou-se para que este humano pudesse ocupar com liberdade o seu lugar. Dessa forma, o ser humano é autônomo por natureza, tem livre-arbítrio e, portanto, responsabilidade. 


Os escritos judaicos, entregues no caminhar da diáspora, entendem que o Eterno aposta na perfectibilidade do ser humano. A criação, vista dessa forma, não está completa, o ser humano continua a criação. Por isso, a construção da espiritualidade é a chave para o futuro humano. É o que leva à criação perfeita. Textos, como os da Cabala, quando falam do acesso ao mundo da ruach, perguntam: Você se tornou o que você é? 


O ser humano é criador de si mesmo. Sua vida é uma viagem com a finalidade do tornar-se. Ele deve saltar do conhece a ti mesmo para tornar-se quem ele é e descobrir para que serve. É a viagem que leva à perfeição, e a liberdade é uma viagem dentro de si mesmo, que deve ser realizada através do corte da pedra, símbolo do ser humano, do material em direção ao espiritual. 


O caminho religioso não pode estar separado da reforma radical e permanente do espírito humano, já que o sentido do renascimento promissor e a revolução permanente do espírito são desafios universais. Ambos negam todo dogmatismo totalitário que confronta o pensamento livre. 


Duas noções fundamentais, a do ser e a do devir, estão intimamente ligadas às ideias de caminho religioso e revolução permanente do espírito. Só o eterno é único. Na tradição judaica, quando falamos "ser" estamos a falar do eterno. Mas os humanos caminham no sentido de se tornarem ser. Precisam caminhar sua viagem, simbólica, do material e religioso em direção ao espiritual, a fim de integrar, interiorizar a simplicidade sublime do Ser Eterno. É nesse sentido que o caminhar deve gerar harmonia, paz que leva à coexistência de progresso e tradição. 




samedi 11 avril 2020

À Zlabya, descendente


atente para isso, a descendência é responsável pelo ontem, pelo hoje e pelo amanhã. é na construção da vida, escolhida ou imposta, mas aceita, e na sequência dela, que a descendência se faz comunidade humana. as realidades da terra e do céu são vaidade e correr atrás do vento quando é descartado o papel humano de cada dia. por isso, deve fazer a crítica do clerical e chamar as pessoas à liberdade do espírito, para que pense a vida, que é construída para além das aparências das coisas da terra e do céu. 


as palavras mudam de sentido, e podem dizer coisas diferentes, quando as usamos sobre uma perspectiva diferente. palavras. você já pensou na importância delas? é, sem dúvida, um dos limites da vida. os descendentes devem acreditar que o universo foi feito pela palavra eterna. acreditar que a palavra tem poder, por isso deve ter uma palavra só, cheia de sentido, ou seja, quando você disser sim, que seja sim mesmo, e quando disser não, que seja não. mas a sabedoria nos diz que a vida se faz também por outras palavras. dessa maneira, o ato de criação e o fazer humanos não são iguais porque as palavras são diferentes. 


ah! embora as palavras sejam diferentes, os temas da vida são sempre os mesmos temas: o amor e o desamor, a distância e a saudade, o tino e o desatino. a diferença, porém, é que se faz, sempre, por outras palavras. e tudo muda...


sou grato à eternidade, mas sem pieguices. diga você também muito obrigado porque as contingências da vida não fumegaram o pavio. lá na frente, eu serei o garoto que andava pela ruas sem saber que a vida vai além do meio fio, que há fronteiras. e lá ao longe, mas para mim perto, estará o mar. o veleiro. a liberdade, aprendida com moran, será negociar com os ventos e a maré. diante das mareações, a marinharia me fará, junto do tio, um menino livre. 


por isso, a zlabya, apresento a leitura humana da convicção e do posicionamento, onde se aprende a degustar prazeres. não se faz às correrias, com sofreguidão. é um ato delicado, um caminhar por palavras, dançando com elas pelo universo em construção.

 

nesse sentido, eu e você, todos somos poemas da eternidade. somos projetos de uma artesã, daí que a poesia e a razão andam juntas. por isso, a paixão aproxima porque é sempre poesia e razão nos diferentes momentos. quero que você, descendência, curta com prazer em cada ser humano as palavras, as outras palavras, que nos trazem diferentes construções e universos.


é, agradeço à eternidade porque fazer leitura virou destino. o menino lá da frente atravessou o tempo, os jeans, as camisetas, os cabelos arrepiados e caiu aqui, do outro lado da vida. tempo de poesia e razão, o garoto de depois olha a plenitude, mas o homem de antes entende que o dó, o ré, e o mi solitários não são importantes, mas sim as notas do meu amigo murá, compositor, e os parabéns e sorrisos que a eternidade montou para você.


e volto às palavras, afirmativas, compostas, decoradas, sussurradas, que se bebem, que reboam, secas, vulgares... a identidade não pode ser definida facilmente, mas isso não significa que essa identidade não exista. aliás, a maioria das identidades não podem ser definidas facilmente. daí que tais identidades são também comunidades imaginadas, unidas por leituras historicamente sem exatidão precisa. os uns não são diferentes dos outros, qualquer etnia e sua identidade não é facilmente definível, pois tais conceitos dependem dos descendentes.


assim, zlabya, lembre-se: a aparente simplicidade engana. eis uma lição de mestre, traduzir o humano com simplicidade, sabendo que o simples dá trabalho e, ao contrário do que se pensa, nunca é primeiro, mas processo. e esse é o recado. fazer leitura é descobrir o prazer da palavra curta, na construção muitas vezes trabalhosa que produz aquilo que é poesia. ou seja, fazer leitura é descontrair e na imaginação construir novo, percorrendo se for possível o caminho de todos, de cada humano. e é assim que, sem estardalhaço, a leitura ocupa lugar nos corações, cheia de imagens e significados.


digo à eternidade: obrigado pelo agradável, bom e doce que expressará em letras a liberdade do marujo. e se o ontem é um dia importante, é bom lembrar que o remédio para a enfermidade da segregação de gênero e raça é a construção social da cidadania e da justiça. a via para a liberdade estará numa trilha aberta aos diferentes, comprometida com os direitos humanos, mesmo quando sua identidade pessoal relacione diferenças e contradições.


o sondar daquele menino lá na frente ajuda. o olhar deslumbrado porque a vida será a praça, os jardins e os repuxos brancos no entardecer, as pessoas que comporão o cenário como se tivessem sido colocadas lá pelo arquiteto. e o mar... uai! a humanidade coroa a glória. aceite o prescrito com convicção.


yoffe ben shemtov



André Gounelle, Extra Calvinisticum

EXTRA CALVINISTICUM

 

L’EXPRESSION

Le terme extra calvinisticum apparaît au dix-septième siècle (vers 1620-1623) dans les controverses sacramentelles et christologiques entre luthériens et calvinistes. Calvinisticum se rapporte plus à la scolastique réformée qu’à Calvin lui-même qui esquisse mais ne développe guère la thèse ainsi dénommée (une thèse qui, au demeurant, a de nombreux précédents dans l’histoire de la théologie). Intra lutheranum qualifie, par opposition, la thèse des luthériens.

Réformés et luthériens affirment, avec la tradition théologique dominante dans le christianisme, que le Fils de Dieu (ou Logos), deuxième personne de la Trinité, a revêtu ou pris la nature humaine en Jésus de Nazareth. Ils ne comprennent cependant pas de la même manière comment s’articulent en la personne de Jésus humanité et divinité.

INTRA LUTHERANUM

Luther opère ce que l'on pourrait appeler une concentration christologique; il faudrait même dire une concentration "jésulogique" en ce sens qu'il ramène tout à Jésus. Pour lui, nous ne connaissons et nous ne rencontrons Dieu que dans l'homme Jésus, et nulle part ailleurs. Nous ne pouvons entrer en relation avec Dieu autrement que par l'homme Jésus, à travers lui, par son intermédiaire. Certes, Dieu agit en dehors de l'évangile et ailleurs qu'en Jésus. Mais de cette action autre, nous ne savons rien, nous ne pouvons rien dire. Elle est pour nous comme si elle n’existait pas, car nous ne la percevons d'aucune manière. Elle se fait dans un incognito que nous ne percerons jamais; elle nous échappe nécessairement. 

Dieu et Jésus sont, pour nous, intimement, inextricablement mêlés ; on ne peut pas les distinguer. J’illustre par une comparaison un peu triviale ; ce matin sur la table du petit-déjeuner, il y avait un pot de café et un pot de lait. Quand j’ai versé le café et le lait dans ma tasse, j’ai obtenu du café au lait. Une fois que j’ai fait cette opération, je ne pouvais plus revenir en arrière et disjoindre ou isoler dans ma tasse le café et le lait. Ils étaient au départ chacun de leur côté, sans relation l’un avec l’autre ; maintenant, ils vont ensemble, je ne peux pas boire l’un sans boire l’autre. De même, une fois que Dieu s’est manifesté en Jésus, on ne peut plus les dissocier. Désormais, Dieu ne se rend présent et n’agit qu’en Jésus. On n’a de relation avec Dieu qu’à travers Jésus et quand on est en relation avec Jésus on rencontre du même coup Dieu. Ce qui conduit à pratiquement les identifier. Ainsi les luthériens chantent des cantiques de Noël qui parlent des « langes » de Dieu et déclarent qu’à Golgotha, Dieu est crucifié et meurt. 

On appelle cette thèse "la communication des idiomes" ; les idiomes, autrement dit, les particularités de chaque nature (l’humaine et la divine), deviennent communes et indivises en Jésus, Deus homo. Chaque nature communique à l’autre ses caractéristiques de telle sorte qu’en la personne de Jésus, elles sont désormais intimement unies et indissociables. On ne peut plus les distinguer. Ainsi Luther écrit : « quand tu affirmes que Dieu est ici, tu dois aussitôt ajouter que Jésus-Christ homme est présent lui aussi … Tu ne peux pas parler de Dieu sans parler de son humanité. La divinité et l’humanité sont inséparables en lui. » (De la Cène du Christ, 1528). On ne peut pas envisager Deus nudus (Dieu nu, existant en dehors de l’homme qu’il a revêtu) : Dieu, en tout cas pour nous, est partout et toujours conjoint avec l’homme Jésus. Le Fils de Dieu est totus intra, il n’est numquam et nusquam extra carnem (il n’est jamais ni nulle part hors de cette chair). Aucune disjonction n’est possible entre l’homme de Nazareth et le Fils Éternel de Dieu, deuxième personne de la Trinité.

Dieu n’a pas d’action ni même d’existence indépendante ou différente de celles de Jésus. Luther affirme donc : "il ne sert à rien aux juifs et aux turcs de croire à Dieu qui a créé le ciel et la terre". "Celui qui ne croit pas au Christ ne croit pas en Dieu". Ailleurs, il écrit : "Dieu est insaisissable; c'est seulement dans la chair du Christ qu'on peut le saisir". Dans son livre Luther témoin de Jésus-Christ, Marc Lienhard commente : "il n'y a plus depuis l'incarnation de relation valable avec Dieu qui ne soit pas aussi une relation avec l'homme Jésus". Dieu ne se connaît et ne se rencontre qu'en Jésus. Les religions qui ne confessent pas Jésus et ne dépendent pas de lui n'ont, par conséquent, aucune valeur, même si elles se réclament, comme le judaïsme et l'Islam, du Dieu qui a crée les cieux et la terre et qui s'est manifesté à Noé, Abraham et Moïse.

EXTRA CALVINISTICUM

Pour sa part, Calvin distingue, plus que ne le fait Luther, l'homme Jésus d'avec la seconde personne de la Trinité ou le Fils éternel de Dieu ou encore le logos. Il n'identifie pas purement et simplement la divinité et l'humanité du Christ. Il s'agit de deux natures distinctes et il faut soigneusement éviter toute confusion entre elles. Certes, elles se joignent, se rejoignent et se conjoignent dans la personne de Jésus. Toutefois, elles ne s'amalgament pas, ni ne se compénètrent, ni ne fusionnent. 

Pour Luther, nous venons de le dire, les deux natures se mélangent, comme le café et le lait dans le café au lait. Selon Calvin, elles s'accolent l'une à l'autre, tout en restant distinctes. On peut les comparer aux deux wagons d’un T.G.V. ; ils sont tellement articulés l’un à l’autre qu’on ne peut pas les décrocher, à la différence des wagons classiques ; on est pourtant dans la voiture 6 ou dans la voiture 7, pas dans les deux à la fois, et ce qui se passe dans la 6 (par exemple le bruit que font les voyageurs ou la fumée des cigarettes) ne touche pas forcément la 7. Dans cette perspective, on refuse d’identifier Dieu avec le Christ, c’est-à-dire avec l‘homme dans lequel il se manifeste et par lequel il agit. Marie fait téter, lange et berce un bébé humain. À Golgotha est crucifié un homme, mais pas Dieu lui-même. Significativement, Calvin ne prie jamais Jésus, mais Dieu au nom de Jésus. L’adoration s’adresse seulement à Dieu, ce qu’exprime très bien le poète anglais, proche des puritains, John Milton, qui écrit : « l’objet ultime de la foi n’est pas le Christ médiateur, mais Dieu le Père ».

La deuxième personne de la Trinité est, certes, pleinement présente dans la personne humaine de Jésus de Nazareth. Toutefois, elle ne s'enferme pas, ne s'enclot pas, ne se cloître pas ni ne se confine dans cette personne, comme a tendance à le penser Luther. Le Logos agit et se fait connaître, il se manifeste également en dehors de la personne humaine de Jésus (etiam extra hanc carnem). La création, la révélation générale sont l'œuvre du Logos, une œuvre qui se fait en dehors de Jésus, même si le Logos s'incarne totalement en Jésus de Nazareth. Jésus est totaliter Christus, sed non totus Christus (ou totum Christi); il est totalement Christ, sans être tout le Christ (ou le tout du Christ). L’union des deux natures n’est pas une « fusion », écrit Calvin ; la divinité n’a pas « quitté le ciel pour s’enclore en la chair comme en une loge. » (Institution de la Religion Chrétienne, édition de 1560, IV, 17, 38). De même, le Catéchisme de Heidelberg (1563, question 48) déclare: « Puisque la divinité est infinie et partout présente, il s’ensuit nécessairement qu’elle est bien hors de l’humanité qu’elle a assumée, et pourtant elle n’en est pas moins aussi dans celle-ci et elle lui reste personnellement unie. » L’extra calvinisticum se rattache au principe finitum non capax infiniti, souvent attribué à Zwingli. Ce principe ne refuse pas la présence de l’infini dans le fini (ce qui rendrait l’incarnation impensable et impossible), mais il affirme que cette présence déborde toujours les limites du fini qui la porte ou la rend sensible. Dieu est à la fois au-dedans et au-delà (ensarkos et asarkos, en et hors la chair) de la personne qui l’incarne. 

L’extra calvinisticum est un etiam extra (un « également au dehors »). Le Fils se connaît et se rencontre essentiellement dans l’homme Jésus ; il se connaît et se rencontre parfois, accessoirement et secondairement, ailleurs. Comme l’écrit Willis : « Quand Calvin dit que les hommes connaissent Dieu seulement à travers le Christ, il entend par là principalement mais non exclusivement à travers l’homme Jésus. Calvin ne dit pas qu’il n’y a pas de connaissance de Dieu extra hanc carnem ; il dit que nous n’avons pas de connaissance de Dieu extra Christum. Christus peut se référer dans un sens secondaire au Fils Éternel de Dieu extra carnem aussi bien qu’en un sens premier au Dieu manifesté dans la chair. » 

Le Christ déborde l'homme qu'il a été. Il y a donc une certaine présence de Dieu, voire du Christ, même là où Jésus n'est pas nommé ou manifesté. Pour Calvin, le Logos se trouve donc présent et agit en dehors du christianisme, là même où on ne connaît pas l’homme de Nazareth et où on ne se réfère pas explicitement à lui.

J’illustre la différence entre intra lutheranum et extra calvinisticum par ce schéma suivant :

   intra lutheranum et extra calvinisticum  

ENJEUX

Cette différence christologique, toute subtile et spéculative qu'elle apparaisse au premier abord, a des conséquences importantes, en particulier pour l’appréciation des religions non chrétiennes. Luther pense que pour nous (pas en soi), Dieu ne déborde pas Jésus-Christ, et que Jésus-Christ ne déborde par le christianisme. Pour Calvin, Dieu tout en s'incarnant pleinement dans la personne de Jésus la débordent et déborde donc le christianisme. L’extra calvinisticum permet de donner aux religions une valeur positive en y discernant des manifestations du Christ en dehors de Jésus sans tomber dans le relativisme, puisque la manifestation totale et parfaite du Christ a lieu en Jésus

Pour les uns, l’extra calvinisticum, en compromettant l’union des deux natures et l’unité de la personne de Jésus-Christ, met gravement en danger le principe même de l’incarnation. Pour les autres, l’intra lutheranum, favorise l’assimilation superstitieuse et idolâtre entre Dieu et ce qui le manifeste. 

BIBLIOGRAPHIE

  • BARTH Karl, Dogmatique, Labor et fides, v. 3, p. 156-158 ; v. 17, p. 189-190
  • BOSC Jean, L’office royal du Seigneur Jésus-Christ, Labor et fides, 1957, p. 72. 
  • BRAATEN Carl, La théologie luthérienne. Ses grands principes. Cerf, 1996, p. 120.
  • GISEL Pierre, Le Christ de Calvin, Desclée, Paris, 1990, p. 90-103. 
  • MULLER Richard A., Christ and the Decree, The Labyrinth Press, 1986, p. 19-20.
  • RORDORF Bernard, « Etiam extra ecclesiam. L’action de l’Esprit Saint selon Calvin », Études théologiques et religieuses, 2009/3, p.348-357 ?
  • STAUFFER, Richard, Dieu, la création et la Providence dans la prédication de Calvin, Peter Lang, 1978, p. 112.
  • VIAL Marc, Jean Calvin. Introduction à sa pensée théologique, Labor et fides, 2008, p. 102.
  • WENDEL François, Calvin, Sources et évolution de sa pensée religieuse, P.U.F., 1950, p. 167-168.
  • WILLIS E. David, Calvin’s Catholic Christology. The Function of the so-called Extra Calvinisticum in Calvin’s Theology, Leiden, Brill, 1966.

André Gounelle
(extrait de cours)



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