mardi 21 avril 2020

Petite lettre à ma petite fille

À ce qu’il me semble, quand nous allons réfléchir sur le chemin humain, il y a trois question qui brûlent l’esprit : Pourquoi dois-je exister ? Qui suis-je ? Ai-je une destinée ?


Dans la tradition judéo-chrétienne, l’être humain il ne vient pas par hasard, il a l’universalité, il a liberté de construire son propre chemin. Et les textes anciennes de la tradition judéo-chrétienne disent que l’être humain est bon ou mauvais, mais agit dans polarité. Fait intéressant, aucun de ces textes ne parle pas de lui comme essentiellement corrompu. Il est clair, nous sommes guidés par notre imagination, que soit bon ou mauvais.


Sans aucun doute, la vie est le don le plus précieux, le modèle du choix. Je vous assure, le bon choix est alors ceci : choisir la vie, ce chemin est entre croissance et décroissance. 


Il faut bien se rendre à l’évidence, l’être humain, en tant que personne et communauté, est le créateur de lui-même. Sa vie est un voyage dans le but de devenir. Il devrait rebondir de « connais toi toi-même » à « devenir qu’il est » et « de trouver qu’il sert ».


Il est le voyage de l’existence humaine et la liberté est un voyage en soi, une communion que embrasse le cosmos, et doit être réalisé en taillant la pierre, symbole de l’être humain, où le matériel devient le spirituel.


Des petits bisous,


Le papi Jorge.



Un message subversif ?

Que ce monde passe et que ton règne vienne !
[ De l'étude de Georges Siguier, Un L'évangile de Jésus est un message subversif * ]


“À tous les oiseaux de proie volant très haut dans les airs l’ange, debout dans le soleil, cria: venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu ! Venez manger la chair des rois, la chair des chefs, la chair des puissants, la chair des chevaux et des cavaliers, la chair de tous les hommes, esclaves et libres, grands et petits.” (Apocalypse 19. 17 et 18) cf (Ézéchiel 39. 17 à 20)


L’évangile de Jésus

Quand nous employons le mot « évangile » nous traduisons un mot grec qui signifie: « bonne nouvelle », « joyeux message » ou « heureuse information ». Et quand nous parlons de l’évangile de Jésus, nous parlons du message qu’annonçait Jésus en son temps, c'est-à-dire au cours de ces brèves années qui vont de son baptême au Jourdain à sa mise à mort sur la croix. Il est donc question ici de la bonne nouvelle que proclamait le prophète de Galilée, du joyeux message qu’annonçaient aux foules d’Israël « l’homme venu de Nazareth ».

Ce message, cet évangile de Jésus est l’annonce que Jésus faisait au sujet de Dieu et de son règne; voici cette annonce: « Le règne de Dieu est tout proche ! ». Il faut distinguer ce que Jésus disait là de ce que, après sa résurrection, l’église naissante proclamait au sujet de Jésus. Cette proclamation par l’église primitive, et dont tout le Nouveau Testament témoigne, est également un évangile à publier, mais c’est l’évangile au sujet de Jésus: la grande nouvelle de sa résurrection, de son ascension « à la droite de Dieu » comme Seigneur et Sauveur, de son règne qui vient, et de son retour. 

Ce message chrétien, prêché au monde, concerne donc Jésus mais il ne doit pas être confondu avec le message que ce Jésus lui-même communiquait à ses contemporains, en reprenant d’ailleurs le message de Jean-Baptiste venait tout juste de proclamer à Israël: « Après que Jean eut été arrêté, Jésus vint en Galilée. Il proclamait l’évangile de Dieu en disant: « le moment voulu par Dieu est arrivé: le règne de Dieu est là ! revenez à Dieu et croyez à la bonne nouvelle. » ( Marc 1 14 et 15). 

Tel est, si je puis dire, le « credo primitif » de notre Maître, son message fondamental et primordial, son évangile originel et fondateur, sa parole proclamée à Israël. Telle est l’annonce messianique du Messie de Dieu, selon les témoignages unanimes des évangiles du Nouveau Testament. Voilà l’évangile de Jésus. Il y a dans la Bible un exemple retouant. Et Jonas un fidèle de Dieu a dit : « Je le savais bien, tu es plein de tendresse et de pitié, patient, plein d'amour, et tu regrettes tes menaces ». (Jonas 4: 2 b).

Le grand défi, une découverte à partager

Comment te sens-tu quand quelqu’un te dit de faire quelque chose que tu n’as vraiment pas envie de faire ? Est-ce que tu te mets en colère ? Te-tu sens ennuyé, irrité ou grincheux .Est-ce qu’il t’arrive de refuser que faire ce qu’on t’a demandé ? Ou le fais-tu avec une mauvaise volonté évidente ? D’après toi, que ferait Dieu s’il demandait à quelqu’un de faire quelque chose pour lui et que cette personne essayait de se défiler .

Mais, pour quoi l’évangile est un message subversif ?

Ce que je voudrais exposer ici, brièvement, c’est le caractère subversif de cet évangile annoncé par Jésus.En même temps, j’évoquerai la façon dont l’Église chrétienne, dès le second siècle, a peu à peu édulcoré, changé et perverti cet évangile, subversif de Jésus. Comment ? Il lui a suffi d’abandonner l’attente enthousiaste du retour proche de Jésus et de l’avènement du royaume de Dieu. Il lui a suffi « d’abandonner son amour du début. » ( Apocalypse 2. 4 ) et de s’installer progressivement dans le « train de ce monde » en y devenant une Puissance. Mais n’oublions pas de rappeler d’abord le sens du mot: « subversif ». Le dictionnaire ( petit Robert ) définit l’adjectif « subversif » en disant: « qui renverse ou qui détruit l’ordre établi; qui est susceptible de menacer les valeurs reçues ». C’est ainsi, dit-il qu’on parle « d’idées subversives ou d’activités subversives”, surtout dans le domaine politique.

À partir de là peut-on appliquer à l’Évangile de Jésus le qualificatif de « subversif » ? Bien sur que oui, dès qu’on comprend que l’arrivée du règne de Dieu va mettre le point final, sur la terre, au règne des pouvoirs humains qui s’y exercent. Certes l’évangile ne prêche pas une révolution violente ou l’établissement d’un « ordre établi » ! 

Jésus ne cherchait absolument pas à renverser et à détruire par la force les pouvoirs établis qui dirigeaient son peuple, soit le pouvoir de la caste des prêtres du Temple soit le pouvoir de la puissance étrangère des Romains. Certes par sa parole, et par les signes qui l’accompagnent, il combat sans faiblesse le péché des chefs religieux et politiques. Mais cette parole est radicalement non-violente, tout comme Jésus lui-même est totalement non-violent. Il n’est pas un révolutionnaire au sens classique du terme et, lors de son arrestation, il désarme Simon-Pierre qui a commencé à utiliser son épée. Mais il est même temps tout le contraire d’un mou, d’un passif, d’un religieux fuyant le monde et laissant se poursuivre sur la terre le règne de la force, de la puissance et de l’argent. 

Non, Jésus est le combattant suprême contre le mal, mais il laisse à son Père le soin de faire justice et de réprimer les méchants. Il se place au coeur de ce combat sans merci qui oppose d’un côté le seigneur Dieu et ses prophètes et de l’autre, le monde des hommes, leurs pouvoirs et le pouvoir laissé au « prince de ce monde », le diable ( Mathieu 4 8). Et les violents vont poursuivre jusqu’au crime leur tentative d’empêcher le règne de Dieu d’advenir, jusqu’à assassiner Jésus. Car ce qui déclenche la fureur des puissants, c’est précisément la présence et la parole de cet obscur galiléen qui se met à crier partout, « l’arrivée du grand jour de l’Éternel », l’arrivée du « Royaume » qui va mettre fin, sur la terre sainte, au règne des pouvoirs, des autorités et des dominations qui écrasent et asservissent les enfants de Dieu.

Nous comprenons donc pourquoi l’évangile de Jésus est si subversif. C’est parce que, ni plus ni moins, il annonce le jugement et la disparition des pouvoirs de ce monde, ceux qui règnent sur les non-juifs ( les « païens ») et ceux qui règnent sur le peuple juif. Et nous devons faire la question : est-ce qu’il existe des gens qui ne méritent pas le pardon de Dieu ? C’est en tout cas ce que pensait Jonas à propos des habitants de Ninive. Il n’était pas du tout content quand Dieu a fait preuve de bienveillance et leur a donné quelque chose qu’ils ne méritaient pas. Dieu peut pardonner à quelqu’un qui a fait quelque chose de vraiment mal. Il a entendu leurs prières et les a laissés intacts, eux et leur ville. 

Le pardon de Dieu est réellement pour tout le monde. C’est la royauté et le royaume de Dieu qui sont subversifs ! Surtout quand ils sont annoncés pour l’immédiat, pour le très court terme !


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* Georges Siguier : 14 rue St Jacques 81 200 Mazamet , pasteur église réformée. (à la retraite.)