jeudi 7 juin 2012

Les évangéliques en France

Implanté en France 

dès les débuts de la Réforme mais touché par une histoire tragique, le protestantisme arrive aujourd'hui en 3e position des religions pratiquées en France après le catholicisme et l'islam mais avant le judaïsme. Les protestants français se répartissent traditionnellement entre les Églises luthériennes, les Églises réformées et des Églises évangéliques (dont les pentecôtistes, les baptistes et les mennonites). Il existe aussi quelques paroisses anglicanes à l'intention des Anglo-saxons résidant en France et des Églises de rite étranger, fonction de la population présente en France.

Les protestants représentent traditionnellement environ 2 % de la population française, même si un sondage les estimait à 1,5 % en 1995. Un sondage plus récent (2009) révise toutefois cette estimation traditionnelle à 3 %, ce que le sociologue Jean-Paul Willaime attribue à la croissance des mouvements évangéliques1. 25 % des protestants français sont évangéliques, 26 % sont membres des Églises réformées et 19% sont luthériens. 40 % des protestants ont moins de 30 ans. Ils sont en majorité progressistes en matière sociale (97 % défendent l’utilisation d’un préservatif) et hétérogènes en politique. 78 % sont pour la laïcité. 25 % des pasteurs français sont des femmes.

Le protestantisme est inégalement réparti dans les régions, en fonction de l'Histoire. Il est principalement implanté en Alsace et dans le pays de Montbéliard (notamment à cause du fait que pendant les guerres de religions, l’Alsace n'était pas française et que lors de sa conquête, Louis XIV n'a pas osé y instituer immédiatement sa politique de persécutions religieuses) et dans le Languedoc(notamment, mais pas seulement, dans les Cévennes). Dans d’autres régions (Bretagne, Centre), le protestantisme est très disséminé alors que dans la reste de la France, il est surtout présent dans les grandes villes et dans quelques implantations historiques (Charentes, Saintonge, Béarn...).

Le principal précurseur du protestantisme en France est sans doute Jacques Lefèvre d'Étaples (1450?-1537), théologien et humaniste français, traducteur de la Bible et exégète à l'esprit critique. Nommé en 1520 vicaire de Guillaume Briçonnet, évêque de Meaux, Lefèvre crée le « cénacle de Meaux » dont le but était d'améliorer la formation des prêtres en s'attachant à la prédication et à la vulgarisation des Écritures, en regroupant autour de lui Guillaume Farel (futur prédicateur protestant), Guillaume Briçonnet, Gérard Roussel, Louis Berquin, François Vatable ou encore Marguerite d'Angoulême.

Après les premiers succès du luthéranisme, qui coexiste pacifiquement avec le catholicisme pendant une trentaine d'années malgré l'excommunication de Luther en 1521, une deuxième vague de prédicateurs protestants se répand en France sous l'influence de Jean Calvin, parmi lesquels Guillaume Farel ou Guy de Brès.

En mai 1559 a lieu la première assemblée nationale (ou synode) de l'Église réformée de France. Le 1er mars 1562 à Wassy, des protestants surpris pendant un culte sont massacrés par le duc de Guise, ce qui marque le début des guerres de Religion. Le baron des Adrets, noble protestant méridional, fait à son tour tuer des catholiques.

Huit guerres de religion (1562-98) sont dénombrées au XVIe siècle, la France connaissant une fracture religieuse : la majorité du pays reste fidèle au catholicisme, tandis qu'une importante minorité rejoint la Réforme. Le principe de la coexistence de deux confessions dans le Royaume se révèle inapplicable. La guerre ne peut être évitée, signe de l'échec de la tolérance civile. Huit guerres vont se succéder sur une durée de 36 ans, entrecoupées de périodes de paix fragiles.

Le 18 août 1572, le mariage d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois est célébré à Paris. Peu après, le 23-24 août 1572, leMassacre de la Saint-Barthélemy a lieu à Paris. Un Conseil royal se réunit, au cours duquel il est décidé d'éliminer les principaux chefs huguenots. L'amiral de Coligny et d'autres gentilshommes protestants sont assassinés tant au Louvre qu'en ville. Cette exécution d'un nombre limité de chefs huguenots est suivie d'une tuerie sauvage qui va durer jusqu'au 29 août et fait dans Paris 4 000 victimes. Le massacre s'étend alors à la province où l'on dénombre 10 000 tués. Le massacre marque le début de la quatrième guerre de religion.

Le 25 juillet 1593, Henri IV se convertit au catholicisme, ce qui lui permet d'accéder enfin au trône de France auquel il prétendait depuis 1589. C’est à propos de cette cérémonie qu’il aurait prononcé la célèbre phrase : « Paris vaut bien une messe ». Henri IV signe l’Édit de Nantes, le 30 avril 1598, qui reconnaît la liberté de culte aux protestants. La promulgation de cet édit met fin aux guerres de religion qui ont ravagé la France au XVIe siècle, et constitue une amnistie mettant un terme à la guerre civile. Le royaume de France est alors le seul État où deux religions coexistent officiellement. L'assassinat d’Henri IV, ayant eu lieu le 14 mai 1610, par François Ravaillac, un catholique fanatique en désaccord avec les réformes religieuses du roi.

Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe l'Edit de Fontainebleau révoquant l’Édit de Nantes. Le protestantisme est interdit dans le royaume de France. S’en suit alors une période de persécutions qui conduit une partie des protestants à l'émigration (le Refuge) et l'autre partie à une sorte de résistance passive. C'est la période de l'Église sous la Croix, où des cultes clandestins se tiennent parfois au Désert (allusion à l'errance du peuple d'Israël dans le Sinaï), c'est-à-dire souvent en pleine nature (grottes, clairières, vallons isolés). La révolte des Camisards (1702-1704) constitue un épisode curieux qui mêle prophétisme et violence, dans une véritable guérilla de toute une population poussée à bout par la répression et qui mobilise d'excellents régiments et d'excellents généraux dont le roi de France aurait bien besoin ailleurs (on est en pleine Guerre de succession d'Espagne).

Le 7 novembre 1787, Louis XVI rend aux protestants une existence légale par l’édit de Tolérance qui leur donne un état-civil. Le 26 août 1789, l'adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) qui promulgue la liberté de culte. Le 8 avril 1802,Napoléon Bonaparte, par la loi du 18 germinal an X rétablit officiellement et organise définitivement le droit au culte protestant.

La Fédération protestante de France (FPF) a été créée le 25 octobre 1905 comme une union d’Églises destinée à « défendre les intérêts protestants » dans le contexte de la séparation des Églises et de l’État. Elle fédère aujourd’hui 17 Églises et unions d’Églises. Les annuaires protestants recensent 690 paroisses luthériennes et réformées (luthéro-réformées) ainsi que 2 100 communautés évangéliques actives en France.

Par ailleurs, nombreux sont les protestants issus des Églises établies qui sont très attachés à l'histoire parfois douloureuse de leur Église et aux éléments d'histoire familiale associés ; c'est à cela que l'on [Qui ?] doit la fondation de la Société de l'histoire du protestantisme français (SHPF), société savante fondée en 1852 afin de faciliter les recherches historiques sur le protestantisme. C'est une des plus anciennes sociétés savantes de France, qui publie depuis sa fondation le Bulletin de la SHPF (trimestriel), auquel s'est ajouté depuis les années 1980, les Cahiers du centre de généalogie protestante. Dans la même veine, il existe un Comité protestant des amitiés françaises à l'étranger qui entretient les liens avec les communautés protestantes issues de l'émigration huguenote dans les pays dits du Refuge.

Fonte

Wikipedia
Protestantisme en France