dimanche 21 janvier 2018

L’amour et l’Église

L’amour et l’Eglise
Pasteur Jorge Pinheiro



Introduction


Le monde occidental vit une crise d’identité. Elle n’est pas seulement une crise de l’économie et de la politique, mais une crise spirituelle qui a tué l’espoir et installé la peur dans les âmes. Le drame occidental peu être diagnostiqué comme l’abandon des racines chrétiennes qui ont fondé l’Occident. Aujourd’hui, plus que hier, l’Église a le défi de vivre de l’amour chrétien, l’unique chemin qui peut changer le monde et installer réellement la liberté et la paix !

L’amour est fort comme la mort, la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ; ses ardeurs sont ardeurs de feu, une flamme de l’Eternel. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, et les fleuves ne le submergeront pas ; quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour, il ne s’attirerait que le mépris. Le Cantique des cantiques 8. 6-7.


Pourquoi «fort comme la mort»?


C’est bizarre comme expression, n’est-ce pas? Cette phrase évoque la force de l’amour. La mort ne lâche pas, ne change pas d’avis, ne fait pas demi-tour. Nous aurions dit tout simplement que l’amour est pour la vie. Salomon est poète et nous parle de la nature définitive de la mort. L’amour est fort comme la mort. L’amour ne lâche pas, ne change pas d’avis, ne fait pas demi-tour. Il tient comme un bouledogue.

Dans l’Eglise, à partir de l’amour de Dieu pour le monde, nous avons décidé de conjuguer le verbe “aimer” à tous les temps. Mais est-ce que c’est réaliste ? Est-ce que cela va durer ? Comment pourrions-nous aimer tout au long de la vie ? La question est importante; l’enjeu est considérable: de plus en plus devant le défi de Christ, l’Eglise se relâche. Comment éviter le jour où on met dans la même phrase le verbe “aimer” à l’imparfait et au présent avec négation: «Je t’aimais, mais je ne t’aime plus.»

Tout dépend de notre définition de l’amour. Nombreux sont ceux qui considèrent que l’amour est une question de chance. L’amour n’est pas une question de chance, l’amour est une grâce de Dieu. L’amour n'est pas une chose, n'est pas une question de chance, mais de la grâce de Dieu. L’amour n’est pas une chose, c’est une attitude. On ne tombe pas en panne d’amour, on arrête d’aimer. L’amour ne meurt pas, c’est nous que le tuons. L’amour est une attitude, il est fait de promesses tenues, des petites actions quotidiennes qui disent: «Je t’aime.»

Dieu qui est amour a envoyé son Fils unique. La Parole a été faite chair et il a aimé jusqu’au bout. Toute l’Eglise a fait de vœux de fidélité. Mais je ne peux pas insister suffisamment sur l’importance des promesses que nous avons fait devant Dieu et aussi devant l’assemblée chrétienne.

Lorsqu’ils prennent la décision de vivre à côté de Jésus, personne ne demande aux chrétiens s’ils l’aiment. Nous ne serions pas là si nous ne l’aimions pas. Mais il est nécessaire de conjuguer le verbe “aimer” au futur: «Aimeras-tu les gens qui vivent dans le monde, dans les bons moments de prospérité de l’économie et de la politique comme dans les mauvais de la dépression et de crise ? L’amour est une alliance avec Dieu et avec le monde, et c’est ce pacte qui sauve l’amour de la superficialité.

L’Eglise se souvient des promesses. Que notre amour soit notre parole. J’aimerais que l’Eglise puisse dire : «Mon amour est fort comme la mort !»


Pourquoi la jalousie ?


«La jalousie est dure comme le sépulcre, et ses flammes son des flammes de feu, les flammes de l’Eternel !»

Pourquoi parler de la jalousie pendant un sermon sur l’amour? Parce qu’il en faut dans l’identité occidental ! La jalousie peut être quelque chose de bon, selon l’usage qu’on fait. Salomon a utilisé ce mot pour mettre l’accent sur l’exclusivité du mariage. Nous retrouvons cette jalousie en l’Eternel qui dit à son peuple: «Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi !» Ce même Dieu insiste sur l’exclusivité de l’amour conjugal. Il a en horreur l’infidélité conjugale tout comme l’adultère spirituelle. Il est un Dieu jaloux!

Nous, l’Eglise de Christ, pour que notre amour soit aussi fort que la mort, nous avons besoin de la jalousie. Nous devons être jaloux, de la même façon que le Seigneur Jésus Christ est jaloux de nous et s’est sacrifié pour nous. Cette jalousie nous enseignera à être jaloux de notre identité chrétienne, le fondement de la vraie liberté e de la paix.

Vivre au monde sera un défi ouvert à bien des égards - hospitalité, amitié, partage de l’amour, famille et fraternité. Notre foyer est une bénédiction pour beaucoup de personne – vivre au monde est un ministère, un service, mais notre identité n’appartient qu’a nous et sa clé est à l’intérieur de la porte. Nous ne la donnerons à personne. Dans l’identité chrétienne nous nous donnons entièrement à Dieu, corps et âme. L’identité chrétienne est un symbole de ceci explique la jalousie de l’amour comme un feu qui consomme.

Ce livre de Salomon nous parle sans fausse pudeur des plaisirs de la chair au sein de mariage et l’apôtre Paul ose comparer l’union sexuelle de l’homme et la femme avec l’image de l’union du Christ et de son Eglise. Soyons jaloux du nom de Christ; soyons jaloux de notre identité. L’Eglise doit veiller sur son cœur. L’amour que nous confessons aujourd’hui a besoin de cette protection.

Renouvelons souvent nos promesses en faisant l’amour. Bien que ceci soit important, je ne parle pas seulement, bien entendu, de l’identité de notre union avec Christ. Nous pouvons exprimer notre identité d’autres manières qui donneront davantage de sens à nos expressions de l’amour, comme nous dit l’apôtre Paul :

« Il pardonne tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout ». Première lettre aux Corinthiens 13. 7.

Nous n’avons pas besoin d’attendre le dimanche pour renouveler nos vœux d’amour. Faire l’amour, c’est renouveler l’alliance que nous avons conclue tout le jour. C’est dire: «Je me donne entièrement au monde pour changer le monde, je suis à tout le monde et le monde c’est moi en Christ. » Inspirons-nous de la passion de ce livre, le Cantique des cantiques. Il nous aidera à vivre la riche identité de l’amour fort comme la mort, jaloux comme le feu de l’Eternel et cette expérience reflétera l’amour de Christ pour l’Eglise.

Pourquoi des grandes eaux ?


Ensuite le texte nous parle des épreuves des grandes eaux. Notre amour sera éprouvé. Nous le savons bien. Nous ne savons pas quelles sont les épreuves qui nous attendent. Nous savons déjà que nous sommes pécheurs. Le fait que nous soyons tous chrétiens ne nous épargnera pas les épreuves dues à nos imperfections.

Sœurs et frères, prenons conscience de nos imperfections et de nos faiblesses. Il est trop facile de vouloir changer l’autre. Occupons-nous de nos propres défauts et de nos propres limites, de notre besoin personnel de sanctification. Cela n’exclut pas du tout l’exercice de la critique chrétienne au sein du monde – nous sommes par là pour cela aussi bien que pour les autres choses, mais le but de la critique ne doit pas être égoïste. Ne ditons jamais: «Je ne vois pas en quoi j’ai besoin de changer!»

Ne faisons pas la tête quand l’Eglise nos dira des choses que nous ne préfèrerions pas entendre; et ne soyons pas de mauvaise humeur quand l’Eglise suggère un changement de comportement ou d’attitude. Nous avons tous besoin de changer, de grandir, de murir. Nous nous ‘y engageons pour amour du Christ et pour celui ou celle que nous aimons. Si nous n’avons pas compris que l’identité chrétienne est un lieu de sanctification, de changement, nous n’avons pas lu Ephésiens 5. Ditons souvent: «Il faut que je devienne ce dont il ou elle a besoin. Il m’aime tel que je suis, je le sais, mais je veux grandir, murir pour lui». En tant que chrétiens nous le disons au Seigneur Jésus Christ. Disons-le à notre amour.

Pour les autres épreuves, que ce la crise de l’économie ou de la politique, la déception face à désespoir du monde, il faut que nous soyons vraiment un, et forts dans notre union. C’est dans l’épreuve que nous découvrons la différence entre être amoureux et aimer.

Nous sommes chrétiens pour les meilleurs moments comme pour les pires. Ne soyons pas naïfs, mais ne craignions pas les difficultés de l’avenir. Puisons notre force dans le Seigneur Jésus Christ qui a tant souffert pour nous apporter la vie éternelle. Il sait ce que c’est, les grandes eaux. Ce n’est pas la peine de nous inquiéter aujourd’hui des épreuves dont nous ne connaissons pas encore les contours. Construisons notre digue, notre barrage, entretenons en Christ dans la prière, dans la foi et sa grâce nous suffira quand viendra la difficulté. Faisons-nous confiance pour l’avenir. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour et les fleuves ne le submergeront pas.


Le défi de l’identité chrétienne


Il y a des gens qui ne comprennent pas ce qu’est l’amour. On le voit chez les parents qui donnent tout sauf leur amour à leurs enfants. La même chose peut arriver au cours de la vie chrétienne. L’Eglise peut travailler énormément pour avoir un plus bel temple, des installions encore plus exotique, etc. et puis elle se rend compte qu’il n’a pas investi dans l’amour. Investir dans la vie spirituelle est bien meilleur et plus durable qu’investir dans les choses matérielles, même si celui-ci ne doivent pas être laissés de côté.

L’amour n’a pas de prix. Il n’est pas une conquête financière, mais le don de soi-même. Ceci  ne veut pas dire que nous ne devons pas offrir des choses pour préparer l’avenir ou tout simplement pour faire plaisir, pour montrer notre amour. Mais les choses doivent être l’emballage d’un don beaucoup plus précieux, le don de soi-même.

Notre modèle est Dieu lui-même. Il nous donne des choses tous les jours, mais il se donne lui aussi également - il nous a envoyé son Fils bien-aimé.

L’Eglise ne se identifie pas parce qu’elle a un beaux temple, mais parce qu’elle s’offre sa vie : «Je t’appartiens!»

Ne tombons pas dans le piège qui consiste à exiger des choses avant de donner notre amour. Ne tombons pas dans le piège de penser pouvoir acheter l’amour en offrant des cadeaux. Celui qui fait ceci risque d’être méprisé, parce que valeurs de l’autre personne n’a pas de prix. Le Seigneur nous a fait cadeaux infiniment précieux – sœurs e frères dans l’Eglise et tous les gens du monde.

Ma chérie Église évangélique baptiste de Montpellier aimons notre Dieu d’un amour fort comme la mort, jaloux notre identité chrétienne comme le feu de l’Eternel, cher comme aucune autre chose. Aimons les gens et le monde de ce même amour, fort, résistant et cher. Que le Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit nous bénisse et prenne soin de nous, pour que notre amour soit pour la vie. Et qu’il se serve de nous pour bénir le monde. Ceci est l’identité de l’amour chrétien qui peut changer le monde et installer réellement la liberté et la paix.


Amen.