mercredi 6 octobre 2021

Mission et haute modernité

Mission et haute modernité

Lectures de The Monstrosity of Christ,

de Slavoj Zizek et John Milbank

 

A monstruosidade de Cristo

Slavoj Zizek, John Milbank

São Paulo, Editora Três Estrelas, 2014

 

Jorge Pinheiro, PhD

 

 

Le livre de Slavoj Zizek et John Milbank, "The Monstrosity of Christ, Paradox or Dialectic", édité en 2009, rapporte un dialogue entre Zizek et Milbank sur la possibilité d'un matérialisme chrétien, sur la question de la divinité de Jésus, c'est-à-dire l'incarnation de Dieu et la lecture orthodoxe, on pourrais dire Milbank semble thomiste en défendant le scandale de l'incarnation dans l'Ontologie.

 

À propos de l'introduction

« Deux ou trois choses » …

 

En 1967, Jean-Luc Goddard a réalisé un film inspiré d'un article sur les ménagères d'un lotissement dans la banlieue de Paris, qui se prostituaient pour alimenter une consommation superflue. Le titre du film – « Deux ou trois choses que se sais d’elle » -- se réfère à Paris dans les années 60, un portrait de la société de consommation au milieu de la pauvreté des masses et de la tragédie de la guerre du Vietnam. Dans cette étude sur la Missiologie et la Haute modernité, dans une lecture de Slavoj Zizek et John Milbank, je veux parler de deux ou trois choses qui découlent de cette discussion.

 

Une telle approche, comme l'amour de Goddard pour ce Paris, part également du cœur: elle est personnelle et émotionnelle et est née chez un jeune juif marxiste militant qui, plus tard, à l'âge de 37 ans, a reconnu dans le rabbin de Nazareth le Mashiah, le Messie attendu. Et c'est précisément cet itinéraire de la vie et de la théologie qui me conduit à sympathiser avec le matérialisme chrétien pensé par Zizek.

 

Dans cette réflexion, je distinguerai trois choses, lorsque nous abordons la mission et la haute modernité, dans une lecture de la Monstruosité du Christ. Tout d’abord, dans la mission coloniale et euro-centrique on confond mission avec le verbe aller. Maintenant, dans la haute modernité de chaos et de crise, il devient nécessaire de penser la mission avec le verbe recevoir. Deuxièmement, dans la modernité, la logique de l'expansion coloniale et euro-centrique était la dialectique. Mais dans cette haute modernité, nous sommes appelés à penser l'analéctique. Et comme troisième chose quand je pense à cela, c'est que dans la modernité, le Christ était le Logos de l’apôtre Jean, mais dans cette haute modernité, le Christ doit être compris comme un ana-logos.

 

Maintenant, ces trois perceptions permettent des lectures critiques de livre : Monstruosité du Christ, dans une confrontation entre le paradoxe et la dialectique et soulèvent des préoccupations qui doivent être prises en compte lorsque en pense Mission et Haute Modernité.

 

En tant que juif qui n'a accepté le Messie qu’à la maturité, j'ai vécu la « monstruosité » de l'incarnation, comme tous les non-chrétiens qui pensent au christianisme, qu'ils soient musulmans ou juifs. Et cette monstruosité de l'incarnation, Dieu  humain, humain Dieu, ne se contente pas de défier Zizek, elle est présente dans le monde de la haute modernité et concerne aussi les exclus et les expropriés du tiers-monde.

 

Quand nous pensons à la Missiologie en Amérique latine, nous avons des éléments pour analyser le cri des exclus et expropriés à partir du concept de l'Autre. Et en faisant cela, en lisant le Même - que vit dans l'auto-fermeture, l'autosuffisance, l'ethnocentrisme et le refies de l'Autre, on n'accepte pas l'altérité.

 

L'ontologie, des Lumières, ou plutôt de Hegel et c'est l'un des problèmes de l'approche thomiste de Milbank, n'était pas basée sur la relation de personne à personne, mais sur la relation sujet-objet. Cette ontologie d'une personne a mené au discours solipsiste, où il n'y a pas de place pour l'Autre, puisqu'il s'agit du non-être et de la négativité. Le regard européen a été placé sur la supériorité par rapport à l'autre, externe, primitive et subalterne, ce qui a conduit à la colonisation et à l'expropriation de vies. Cette situation avait une justification missiologique: l'autre est vêtue de l'impersonnalité de l'ennemi, de l'étranger, de l'inférieur. Par conséquent, il n'y a pas de problème s'il est exterminé, car cet autre est hors de la totalité. Ce qui n'ajoute rien et qui ne rétrécit pas la totalité.

 

Ce mal est transmis de génération en génération. La pratique historique gagne le caractère de la loi. Par conséquent, même si elle est injuste, l'exploitation devient légale. La légalité ne peut pas être le fondement de la morale (Dussel, 1977: 85). Toutes les pratiques équitables doivent aller au-delà du pré-établissement, de l'ontologie de la totalité, au-delà de l'ordre juridique actuel. L'origine d'une morale équitable n'est pas dans le même, mais dans l'autre, c'est pour ça que la pratique qui en a résulté du même est une pratique aliénante, dominante et oppressive.

 

À la fin des années 60, à partir de la prise de conscience que la dialectique limitait la formulation d'une théologie du praxis, Enrique Dussel et Juan Carlos Scannone cherchaient une expansion qu'ils appelaient analéctique. L'expression, selon les chercheurs du travail de Dussel comme Euclides André Mance, a été inventée par B. Lakebrink (Mance, 1994) et traduit une relecture de l'analogie thomiste. Mais Juan Carlos Scannone a été le premier à utiliser le concept en opposant la totalité et l'altérité en disant que « ce processus, plus que dialectique, pour le distinguer de la dialectique hégélienne, je l'appelle analéctique » (Scannone 1974: 256).

 

Ainsi, Dussel et Scannone ont cherché une alternative à la dialectique hégélienne et marxiste classique. Ce qui était possible par l'affirmation de l'existence d'une portée anthropologique alternative au-delà de l'identité de la totalité, qui a ouvert la possibilité d'une fondation de la fondation, cessant d'être tel qu'il se distingue tel que fondé (Guldberg, 1983: 236). Plus tard, Dussel dira que leur méthode est partie de Levinas, mais dans le contexte de la réalité latino-américaine. Le principe a été formulé comme une lecture éthique de la libération latino-américaine, mais quand on a défini l'éthique comme philosophie première, l’analéctique devient, en Dussel, une compréhension correcte d'une philosophie latino-américaine de la libération.

 

En 1976, les théologiens réunis à Dar-er-Salam ont déclaré que la méthode interdisciplinaire en théologie, et par extension la missiologie, doit tenir compte de l'interrelation entre les théologies et l'analyse politique, psychologique et sociale. Quand on affirme que la Création est fondamentalement bonne et que la présence de l'Esprit dans le monde et dans l'histoire est continue, il est important de garder à la pensée que le mal se manifeste dans l'aliénation de l'être humain dans les structures socio-économiques. Les inégalités sont diverses et ont de nombreuses formes de dégradation humaine, et nécessitent donc de comprendre l'Évangile et creuser « un nouveau puits pour les pauvres » (Dar-er-Salam, 1976, thèse 32). Ce sont précisément ces lectures qui nous amènent à formuler un terme de missiologie ce que nous appelons libération.

 

En Amérique Latine Dépendance et Libération, Dussel déclare que dans le passage diachronique, d'entendre le mot d'un autre avec une interprétation correcte, on peut voir que le moment éthique est essentiel à la méthode. Ce n'est qu'avec l'engagement existentiel, en libérant la praxis en danger, que l’on peut accéder à l'interprétation, à la conceptualisation et à la vérification de la révélation du monde de l'autre (Dussel 1973: 121). De cette façon, seule la pensée européenne a apparemment placé la théorie avant la praxis, puisque « je colonise », le « je conquis » précède l’ « ego cogito ». L'exploitation et l'oppression ont créé les conditions historiques à partir desquelles est née une missiologie de la justification et du paradoxe, une fausse conscience de la réalité. La praxis de la domination formait la subjectivité du conquérant : le moi moderne est impérial, libre et violent. La pensée euro-centrique et son extension américaine dissimulent la notion émancipatrice de la modernité en tant que sortie de l'état de minorité. Cela reflète la justification de la praxis de la violence par des cultures qui s'entendent comme développées. Cette supériorité a imposé un processus civilisationnel à sens unique.

 

Zizek 1

Les fragments subjectifs retournent à l'être

 

Zizek affirme : « Nous devons, d'un point de vue matérialiste radical, penser sans crainte aux conséquences du rejet de la ‘réalité objective’ : la réalité se dissout en fragments ‘subjectifs’, mais ces fragments sont en être anonyme, en perdant sa consistance subjective » (Zizek, Milbank, 2014 : 140), nous ramène à la question du paradoxe.

 

L'évitement de la réalité et d'une lecture matérialiste du Christ, de l'ontologie du paradoxe, nous amène à la phrase proposée par Tertullien de Carthage, écrivain chrétien du IIIe siècle, "credo quia absurdum!", je crois parce que c'est absurde.

 

Cette absurdité paradoxale frappe le concret et nous appelle à plonger dans l'immensité du divin humain. Et pour fermer les yeux et dire comme un juif nommé Shaul, qui s'appelait Paul le petit : « Les Juifs demandent un signe, et les Grecs ont de la sagesse. Mais nous prêchons le Christ crucifié, qui est un scandale pour les Juifs, et une folie pour les Grecs ».

 

L'absurdité, le scandale, le paradoxe ... tout comme le fondement de la foi, la même foi qui justifie Abraham au milieu de la folie d'un père qui doit sacrifier le « fils de la promesse ». Par conséquent, la foi cesse d'être l'émunah hébreu, qui définit la position militaire, et devient un paradoxe. Pas d'illusion ni de rêverie, mais la folie de la confiance dans le divin, puisque nous ne pouvons pas comprendre.

 

Comme Paul Tillich, héritier de Hegel et du jeune Marx, la praxis est la médiation entre l'ontologie et la réalisation de la réalité. Cette corrélation, qui pour Tillich deviendra une méthode, est la recherche de surmonter les dialectiques antérieures, qui ont traité de la connaissance de l'être et de ses manifestations en dehors de la praxis historique. Nous devons, dans cette discussion sur la Mission et la Haute modernité, faire ce passage en construisant une logique qui ne sera ni hégélienne ni marxiste au sens classique, mais cherchera à corréler l'ontologie, la logique et la méthodologie dans la dynamique de la praxis missiologique.

 

Cette corrélation avec l'extériorité caractérise la mobilité de la missiologie de la libération qui, par conséquent, sera une missiologie de la praxis. Il développe donc la voie de la corrélation entre l'extériorité et l'ontologie face à la dynamique de la praxis, traitant les formulations de méthode qui accompagnent la superposition des horizons ontologiques. De cette façon, il place l'affirmation de l'extériorité comme une source antérieure aux exigences de l'ontologie, ce qui conduit à une intersection commune : l'éthique.

 

La mission dans la haute modernité doit être construite à partir de deux approches, l'Autre comme révélation d'un mystère incompréhensible de la liberté et de l'Église comme une infrastructure qui dénonce le pouvoir d'exclure. Et ainsi, la foi est née de l'acte d'intelligence, c'est une façon de voir. Qui ou quoi dépasse-t-il vraiment ce que l'on voit, qui va au-delà de ce qu'on voit? Tout d'abord, l'espoir que l'Autre se révélera concrètement. Et c'est la possibilité de la production et de la reproduction de la vie qui dépasse la vue du visage. Ainsi, la missiologie de la libération signifie penser à un Autre, mais à un Autre qui se révèle dans l'histoire, qui se révèle par l'Autre, qui est le mystère incompréhensible de notre liberté. Croire à la révélation de l'Autre est de comprendre le sens de l'histoire.

 

Pour que la mission soit libérée, il faut découvrir la signification du présent historique. Et cela dévoile le sens du présent historique s'appelle la prophétie, la parole. Mais pour parler devant qui ? Dans la modernité, ce parler devant, nous a conduit à la lecture formelle d'aller. Nous devrions aller, parler devant. Bien sûr, la prophétie doit parler de la signification des événements présents à travers la vie chrétienne (Dussel, 1985 : 15), dans cette haute modernité du chaos et de la crise, le défi n’est pas aller, mais de recevoir. Nous vivons dans la localité mondiale, nous ne sommes pas appelés à aller, mais à recevoir, parce que les exclus et les expropriés sont parmi nous, avec nous. Ainsi, contre la logique qui n'accepte pas l'extériorité, la mission dans la haute modernité est de recevoir et de vivre la réalité de la foi sur le terrain de la vie (Golfe, articles).

 

La mission libératrice reconnaît la vie du point de vue analéctique : où l'Autre se présente comme une altérité, parce qu'elle éclate comme étrange, différente, exclue, qui est en dehors du système et appelle à la justice.

 

Et Dosse (2012) quand il parle de « Le socius et le prochain » de Ricoeur (1954) dit que « il envisage toutes les conséquences à tirer de l’inversion pratiquée par Jésus en considérant que le prochain est d’abord une rencontre avec autrui, une attitude, un comportement, une action, une praxis ».  

 

L'activité missiologique est une activité de confrontation qui concerne avec des personnes qui savent qui il faut interpeller, et ne pas se présenter comme spectateurs passifs.

 

L'analéctique est une contribution à la question méthodologique, qui part de l'extériorité, qui est réelle en raison de l'existence de la liberté humaine, capable de constituer d'autres histoires, d'autres cultures et d'autres mondes. La logique hégélienne et, par extension, la dialectique n'atteint pas l'horizon du monde, elle englobe l'Autre et l'annule dans son altérité. Mais, au-delà de l'identité divine et au-delà de la dialectique ontologique de Heidegger, il y a un moment anthropologique qui affirme une nouvelle façon de penser la missiologie.

 

L'analéctique est le fait que l'être humain, la communauté ou les gens sont toujours situés au-delà de l'horizon de la totalité. Le moment analéctique est le point de soutien pour les nouveaux développements. Cependant, le point de départ du discours méthodique est l'externalité de l'Autre. En alternative à la dialectique qui fonctionne avec contradiction, identité et différence, le principe n'est pas celui de l'identité, mais de la distinction. Le moment analéctique suit une séquence, la totalité est remis en question par l'interpellation provocante de l'Autre. Écouter sa parole est avoir une conscience éthique, accepter le mot d'interpellation de la personne qui parle ; pour l'interpréter correctement (Dussel, 1980 : 163-164). C'est se lancer dans la praxis des exclus et des expropriés.

 

Depuis le XVIe siècle, l'Amérique latine a été un continent ontologiquement opprimé par une « volonté de pouvoir » exercée dans le monde entier par l'Europe. La « volonté de pouvoir » est un pouvoir qui critique non seulement les valeurs établies, mais propose de nouvelles, propose des valeurs en totalité du côté dominant de la bipolarité. L'Amérique latine a donc l'idéal d'être européenne.

 

Dans l'analéctique, il devient nécessaire d'accepter éthiquement l'interprétation du cri et la médiation de la praxis. Cette praxis est constitutive, une condition de la possibilité de la compréhension : elle se traduit par l'adoption de l'extériorité, lieu de l'exercice de la conscience critique. Sans le moment analéctique, la méthode peut être considérée comme scientifique, mais elle est réduite au facteur naturel, logique ou mathématique.

 

Le moment analéctique est l'affirmation de l'extériorité : ce n'est pas seulement la négation de la négation du système par l'affirmation de la totalité. C'est le dépassement de la totalité à partir de la transcendantalité intérieure ou de l'extériorité de celui qui n'a jamais été à l'intérieur. Le moment analéctique est critique pour cela : c'est le dépassement de la méthode dialectique négative, mais il ne le nie pas, car la dialectique ne nie pas la science, l'assume simplement et la complète, lui donne sa juste valeur. Affirmer l'extériorité est de réaliser l'impossible pour le système, l'imprévisible pour la totalité, ce qui découle à partir de la liberté inconditionnelle et innovante (Dussel, 1980 : 164-165). Ce n'est que par de l'analéctique que l'on peut se compromettre avec l'autre, au point de risquer sa vie dans la lutte pour la libération de cet autre, en plus de permettre la justice du système. En conséquence, l'analéctique est pratique : c'est une économie, une érotique, une pédagogie et une politique qui visent à la réalisation de l'altérité humaine, une altérité qui n'est jamais solitaire, mais l'épiphanie des gens, des genres, des croyances, d'une génération, d’un temps et de l'espèce humaine (Novoa, 2001 : 151-152).

 

La question pédagogique n'est pas abordée par Heidegger parce qu'il pense que le « être dans le monde » ne provient que de l'homme. Mais il a oublié que celui qui donne un sens à mon monde est l'autre. C'est dans le processus pédagogique que mon monde est organisé. Quand je me trouve dans un autre, je me trouve à nouveau.

 

L'analéctique n'est donc pas une théorie pure comme la science et la dialectique, mais elle est pratique, car son essence constitutive est l'éthique. S'il n'y a pas de praxis, il n'y a pas d'analéctique, car la pratique - la relation personne / personne - est la condition pour comprendre l'autre et exercer la plénitude de la conscience critique devant le système. Le moment clé de la lecture analéctique est de savoir comment écouter, de savoir être disciple de l'autre, pour l'interpréter : c'est s'engager dans sa libération. Cela implique de vaincre la totalité ontologique divinisée, de descendre de l'oligarchie académique et culturelle, de s'exposer aux exclus et expropriés par le système.

 

Zizek 2

Le logos, le fondement de la raison ?

 

En citant le pape Benoît XVI de manière critique, Zizek dit : « Le pape a condamné la ‘ laïcité sans Dieu ’ dans laquelle le don divin de la raison a été mal représenté dans une doctrine absolutiste. La conclusion est claire : la raison et la foi doivent ‘ se réunir d'une autre manière ’, en décrivant leur point commun dans le Logos divin, et c'est pour ce grand Logos, pour cette ampleur de la raison, que nous invitons nos partenaires dans le dialogue entre les cultures ». (Zizek, Milbank, 2014 : 116).

 

Dans sa réflexion sur le dépassement des totalités ontologiques à partir de l'ouverture à l'altérité, Dussel affirme qu'un tel dépassement se produit avec la métaphysique, comprise au-delà de la totalité ou au-delà de la fondation. Et il le fait parce que la métaphysique n'est pas seulement ontologique, mais fonctionne à travers la découverte d'un plus au-delà du monde. Et comme en grec, " ana " signifie plus loin, et " logos " signifie mot, analogue prend le sens du mot qui éclate dans le monde au-delà de la fondation. La méthode ontologique-dialectique atteint la fondation du monde à partir d'un avenir, mais elle est devant l'Autre comme un visage de mystère et de liberté, d'une histoire distincte mais pas différente (Dussel, 1977 : 117-138). Par conséquent, lorsque le Logos éclate comme interpellant, il cesse d'être paradoxal, il est analogue.

 

La dialectique est un à travers. Dans le Logos, un premier moment surgit du mot interpellant, au-delà du monde - c'est le point de soutien de la méthode dialectique, qui passe de l'ancien ordre au nouvel ordre. Ce mouvement d'un ordre à l'autre est dialectique, mais c'est l'Autre exclu et exproprié qui est en fait le point de départ. L'analéctique est le Logos qui va au-delà. La lecture analéctique provient de cet Autre et avance dialectiquement, il y a une discontinuité qui résulte de la liberté de l'Autre. Cette méthode prend en compte le mot de l'Autre comme autre, met en dialectique toutes les médiations nécessaires pour répondre à ce mot, s'engage par la foi-positionnement dans le mot historique et toutes ces étapes, en attendant le jour où il peut vivre avec l'Autre et penser sa parole (Dussel, 1977 : 127-128).

 

Les antécédents de l'analéctique ont été posés par les post-hégéliens et Levinas, non par les philosophes modernes, ni par Heidegger, car ils comprennent tout dans la conception de l'être. Mais les vrais critiques de la pensée euro-centrique sont les mouvements de libération du tiers-monde, parce qu'ils écoutent l'autre, les non-européens qui ont été exclus et expropriés. Pour cela, ce qui est au-delà, la dialectique n'est pas suffisant. L’analéctique est nécessaire, parce qu’elle est capable non pas voir mais d'entendre le mot critique de l'autre, capable d'éveiller la conscience éthique et d'accepter ce mot, par respect et foi-positionnement de l'Autre, dont l'interpellation n'est pas interprété correctement parce que sa fondation transcende notre horizon (Novoa, 2001 : 151-152). Nous partons de la critique de Levinas, mais dans Levinas l'Autre est un autre résumé, passif. Levinas est restée au milieu de la route, car il a une pédagogie, mais il manque d'une politique : il n'a jamais imaginé que l'Autre puisse être musulman. Sa méthode est épuisée au début. Par conséquent, il faut aller au-delà de Levinas et, bien sûr, au-delà de Hegel et Heidegger, au-delà de cela parce qu'ils sont ontologues et au-delà de Levinas par lui pour rester dans une métaphysique de la passivité et de l'altérité équivoque (Dussel, 1977 : 130).

 

Zizek 3

Les théologiens sont les vrais athées

 

« Il n'y a pas de preuve - et il ne peut y en avoir - que Dieu existe. Plutôt, que d'être motivé par la preuve, le croyant est motivé par le désir que Dieu existe. Ceci, cependant, est la meilleure preuve que Dieu n'existe pas, car nous ne pouvons que souhaiter qu'existe ce qui n'existe pas. Le théisme est la meilleure preuve de la non-existence de Dieu. Ceci, encore une fois, est ce que Lacan affirme effectivement : les théologiens sont les seuls athéistes vrais ». (Zizek, Milbank, 2014 : 384).

 

Après « La question juive », Marx fait la critique économique du christianisme. Cette critique s'adresse aux églises, car pour Marx elles sont l'expression de la misère. Mais il critique aussi la religion quand il analyse le « fétichisme marchand », car la lecture religieuse du monde réel ne disparaîtra que lorsque les conditions de vie actuelles disparaîtront. Mais pourquoi ? En quoi consiste cette lecture du monde réel ? Parce que le regard religieux voit l'existence séparée des rapports construits par les êtres humains. Mais cette existence indépendante des relations sociales, cette existence non-réelle, est un reflet d'un autre réel. Cette division entre l'apparence qui cache l'existence et dissimule la réalité est le phénomène du fétichisme. Le fétichisme de la marchandise, un mode de fétichisme étrange, consiste en ceci : il cache le caractère social du travail et se manifeste comme s'il s'agissait d'un caractère matériel des produits du travail lui-même. C'est-à-dire, par rapport à la marchandise, il en va de même dans le monde de la religion, la réalité est séparée, aliénée, des relations de travail, de l’essentiel concret et de son produit, créant une réalité apparente, comme si la valeur de la marchandise appartenait par droit à sa propre structure indépendante.

 

Une missiologie de la libération est une éthique de la vie. Il y a ici un passage de raison stratégique, en tant que domaine stratégique des forces sans sujet, vers la raison libératrice, située au niveau de la microphysique du pouvoir. Et je comprends cette question à partir des barricades de mai 68. Est-ce que la raison libératrice, donnée comme une synthèse de l'action critique-déconstructive, d'abord, puis d'adopter l'action constructive de règles, de sous-systèmes et de systèmes complets ? Est-ce que la raison libératrice a de l'élément qui n'est pas une raison instrumentale, mais une raison de médiation au niveau pratique ? Si la raison libératrice vise une fin réussie, il faut comprendre que, comme raison critique, cette fin est une médiation de la vie humaine elle-même, en particulier lorsque les exclus et les expropriés participent à cette action.

 

C'est à partir des exclus et des expropriés en tant que participants que la raison critique stratégique accomplit l'action transformatrice. Mais qui est ce sujet des transformations et comment la mission est-elle articulée avec ce sujet historique ? Maintenant, la mission est la conscience éclairée du christianisme. Agir mission peut provenir d'une église étrange pour les exclus et expropriés, mais elle s'accroche au cri de la vie non pas par des sentiments forcément religieux, mais pour aller au de lá. Pour cette raison, la mission est toujours exposée aux oscillations opportunistes, parce que elle ne perd pas le lien idéologique avec le terrain maternel et son messianisme.

 

Mais la mission libératrice n'est pas seulement une raison stratégique qui cherche à atteindre les fins que la tactique et les circonstances imposent. En fait, vous n'avez pas les mains libres. En ce qui concerne la mission libératrice, en ce qui concerne les exclus et les expropriés, le succès dépendra des conditions de possibilité, c'est-à-dire qu'il sera impossible de séparer la théorie et la pratique. Par conséquent, la missiologie de la libération doit pouvoir intégrer les principes énoncés dans le choix des fins, des moyens et des méthodes, qui conduisent à une praxis critique et positionnent l'Autre comme analogue.

 

Le système mondial dans cette Haute modernité de chaos et de crise, en rendant impossibles la production et la reproduction de la vie, va approfondir son chaos et sa crise en semant la famine, la maladie, la terreur et la mort. Les victimes sont ces milliards d'êtres humains dont la dignité et la vie sont détruites en permanence. La haute modernité et sa mondialisation ont conduit à un meurtre de masse et à un suicide collectif. Ce sont les chevaux de l'Apocalypse. C'est dans ce fétichisme du capital qui se présente comme un système performatif formel, où l'argent produit de l'argent.

 

C'est donc pour la mission libératrice d'élever une éthique en tant que ressource face à une humanité en danger d'extinction (Dussel 2000 : 574). À cette missiologie que nous appelons la libération, c'est la coresponsabilité de la solidarité qui part du critère de la vie par rapport à la mort, de marcher avec dignité sur le chemin de la frontière, entre les abîmes de la cynique irresponsabilité éthique devant les exclus et les expropriés et la paranoïa fondamentaliste.

 

Nous sommes ici devant le sujet historique qui pointe vers l'espoir eschatologique, qui s'ouvrira en allant au-delà de la haute modernité, où l'être humain exclu et exproprié non seulement du système, mais du droit à la production et à la reproduction de la vie, mèttra à l’ordre de jour la question de la révolution comme promesse eschatologique. Et la missiologie de la libération doit comprendre que cette action et cette posture ne nient pas l'analogue de Christ, mais qu'elle doit cesser d'être simplement une herméneutique théorique et se développer comme une présence qui sous-tend une transformation pratique, car cela ne se produit qu'au sens strict d'une éthique de la libération, non-fondamentaliste ni salvationniste.

 

C'est pourquoi la missiologie de la libération doit s'efforcer de présenter un principe universel : le devoir de production et de reproduction de la vie de chaque être humain. Ce principe est objectif et subjectivement nié par le système mondial et par la mondialisation.

 

En ce qui concerne les considérations finales

« Deux ou trois choses » …

 

Et je retourne à Goddard de « Deux ou trois choses que je sais d'elle », quand il cite le Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein: « Les limites de mon monde sont les limites de mon langage ». Mais alors, nous voyons Juliette traverser Paris et dire : « Mais le monde, c'est moi ».

 

Le langage et la personnalité, la mission libératrice va au fil du rasoir : d'un côté est le déni de la présence et de la réception de l'Autre et, d'autre part, le fondamentalisme pro-intégration. Par conséquent, la stratégie et la tactique doivent être basées sur des critères clairs et un principe général - le devoir de production et de reproduction de la vie - qui permettent de se conformer aux médiations existantes. C'est dans ce sens que recevoir, et tout ce qu'implique, rompt la discussion très moderne entre le paradoxe et la dialectique. Il n'y a pas de paradoxe parce que le Christ est analogue et la méthode est analéctique. Les objectifs stratégiques doivent être définis dans ces principes généraux, de sorte que, avec une faisabilité éthique critique, la mission peut nier les causes du déni de la victime. Il s'agit d'une lutte déconstrutive, qui requiert des moyens proportionnels à ceux contre lesquels la lutte se dispute.

 

Mais si, d'une part, la mission traduit une action déconstructive dans cette haute modernité du chaos et de la crise, d'autre part elle favorise les transformations constructives projetées dans l'espérance eschatologique. Et Dieu existe dans cet espérance et cette possibilité de production et de reproduction de la vie, et le Christ n'est plus une monstruosité ou un paradoxe, mais analogue. Et c'est dans ce sens que Dieu existe et le Christ est analogue, car ils sont projetés dans l'éternel maintenant, planifié, réalisé en progression, mais jamais totalement.

 

 

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SCANNONE, Juan Carlos, El Itinerario Filosofico Hacia el Dios Vivo, Stromata, 30(3): 231-256 jul/set 1974, p. 256.

RICOEUR, Paul, Le socius et le prochain (1954), Histoire el Verité, Seuil, 1955.

                              Autrement, lecture d’Autrement que’être d’Emmanuel Levinas, PUF, 1997.

___________, Soi-même comme un autre, Seuil, 1990.

ZIZEK, Slavoj, O sofrimento de Deus, inversões do Apocalipse, Editora Autêntica, 2015.

__________, John Milbank, A monstruosidade de Cristo, paradoxo ou dialética, São Paulo, Editora Três Estrelas, 2014.




 

 

 

 

 

L'amour et l'église

" L’amour est fort comme la mort, la jalousie est inflexible comme le séjour des morts ; ses ardeurs sont ardeurs de feu, une flamme de l’Eternel. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour, et les fleuves ne le submergeront pas ; quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l’amour, il ne s’attirerait que le mépris ". Le Cantique des cantiques 8. 6-7. 

1. Pourquoi «fort comme la mort»? 

C’est bizarre comme expression, n’est-ce pas? Cette phrase évoque la force de l’amour. La mort ne lâche pas, ne change pas d’avis, ne fait pas demi-tour. Nous aurions dit tout simplement que l’amour est pour la vie. Salomon est poète et nous parle de la nature définitive de la mort. L’amour est fort comme la mort. L’amour ne lâche pas, ne change pas d’avis, ne fait pas demi-tour. Il tient comme un bouledogue. 

L’Eglise se souvient des promesses. Que notre amour soit notre parole. J’aimerais que l’Eglise puisse dire : «Mon amour est fort comme la mort !» 

2. Pourquoi la jalousie ? 

«La jalousie est dure comme le sépulcre, et ses flammes son des flammes de feu, les flammes de l’Eternel !» 

Pourquoi parler de la jalousie pendant un sermon sur l’amour? Parce qu’il en faut dans l’identité occidental ! La jalousie peut être quelque chose de bon, selon l’usage qu’on fait. Salomon a utilisé ce mot pour mettre l’accent sur l’exclusivité du mariage. Nous retrouvons cette jalousie en l’Eternel qui dit à son peuple: «Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi !» Ce même Dieu insiste sur l’exclusivité de l’amour conjugal. Il a en horreur l’infidélité conjugale tout comme l’adultère spirituelle. Il est un Dieu jaloux! 

Nous n’avons pas besoin d’attendre le dimanche pour renouveler nos vœux d’amour. Faire l’amour, c’est renouveler l’alliance que nous avons conclue tout le jour. C’est dire: «Je me donne entièrement au monde pour changer le monde, je suis à tout le monde et le monde c’est moi en Christ. » Inspirons-nous de la passion de ce livre, le Cantique des cantiques. Il nous aidera à vivre la riche identité de l’amour fort comme la mort, jaloux comme le feu de l’Eternel et cette expérience reflétera l’amour de Christ pour l’Eglise. 

3. Pourquoi des grandes eaux ? 

Ensuite le texte nous parle des épreuves des grandes eaux. Notre amour sera éprouvé. Nous le savons bien. Nous ne savons pas quelles sont les épreuves qui nous attendent. Nous savons déjà que nous sommes pécheurs. Le fait que nous soyons tous chrétiens ne nous épargnera pas les épreuves dues à nos imperfections. 

Construisons notre digue, notre barrage, entretenons en Christ dans la prière, dans la foi et sa grâce nous suffira quand viendra la difficulté. Faisons-nous confiance pour l’avenir. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour et les fleuves ne le submergeront pas. 

4. Le défi de l’identité chrétienne 

Il y a des gens qui ne comprennent pas ce qu’est l’amour. On le voit chez les parents qui donnent tout sauf leur amour à leurs enfants. La même chose peut arriver au cours de la vie chrétienne. L’Eglise peut travailler énormément pour avoir un plus bel temple, des installions encore plus exotique, etc. et puis elle se rend compte qu’il n’a pas investi dans l’amour. Investir dans la vie spirituelle est bien meilleur et plus durable qu’investir dans les choses matérielles, même si celui-ci ne doivent pas être laissés de côté. 

Le Seigneur nous a fait cadeaux infiniment précieux – sœurs e frères dans l’Eglise et tous les gens du monde. 

5. Pour penser et pour vivre ! 

Ma chérie Église aimons notre Dieu d’un amour fort comme la mort, jaloux notre identité chrétienne comme le feu de l’Eternel, cher comme aucune autre chose. Aimons les gens et le monde de ce même amour, fort, résistant et cher. Que le Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit nous bénisse et prenne soin de nous, pour que notre amour soit pour la vie. Et qu’il se serve de nous pour bénir le monde. Ceci est l’identité de l’amour chrétien qui peut changer le monde et installer réellement la liberté et la paix. 

Amen.



La liberté chrétienne

La liberté chrétienne et ses défis 
Jorge Pinheiro 

Qu'est-ce que la liberté ? Est-elle importante ? Comment vivre la liberté ? 

J'avais un ami, Anton Ronai, aujourd'hui décédé, qui a été emmené au camp de concentration d'Auschwitz. Et il m'a dit, « je savais que j'allais être tué. Je n'ai pensé qu'à m'enfuir. Je voulais être libre ". 

Lui et d'autres prisonniers ont organisé une évasion, creusant un tunnel sous le camp de concentration. Et une nuit, ils se sont enfuis. Il se souvient avoir couru pendant des heures cette nuit-là. Il a parcouru environ 900 kilomètres à pied, de jour comme de nuit, jusqu'à la frontière suisse. 


La liberté s'oppose à la notion d'enfermement ou de séquestration. Une personne qui vient de sortir de prison est dite libre. Le sens original du mot liberté est d'ailleurs assez proche : l'homme libre est celui qui n'a pas le statut d’esclave. 

Dans l'évangile de Jean, Jésus parle aux Juifs de la liberté. Les Juifs croyaient qu'ils étaient libres parce qu'ils étaient les descendants d'Abraham. Mais Jésus leur a présenté un nouveau critère de liberté. 

1. En Christ nous sommes libres 

Jean 8. 32-36 

« Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui: Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Ils lui répondirent: Nous sommes la postérité d'Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne; comment dis-tu : Vous deviendrez libres? En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché. Or, l'esclave ne demeure pas toujours dans la maison; le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres ". 

Premièrement, ceux qui avaient cru devaient rester dans la parole. Jésus a clairement indiqué que pour être libre il ne suffit pas de simplement croire et il est nécessaire de rester dans la parole. Mais qu'est-ce que c’est ? C'est rester ferme. C'est une vie sincère. Rester, c'est être inébranlable, c'est vivre Jésus au quotidien. 

Mais pour être libre, vous devez aussi connaître la vérité. Et qu'est-ce que savoir ? Cela signifie rester avant tout. C'est à partir de là que nous marchons vers la liberté. Et la liberté devient la vie lointaine de l'esclavage de l'aliénation. La liberté pour Jésus est de vivre libre de l'aliénation, des matérialités de ce monde qui lient et entravent le mouvement de l'esprit dans nos vies. 

Nous devons découvrir le sens de ces deux mots utilisés par Jésus, rester et savoir. Restez dans la parole, l'accomplissez, afin de connaître la vérité. Dès lors, nous serons libérés de l'aliénation qui asservit et conduit à la ruine, à l'esclavage et à la mort. 

Qu’est-ce que la liberté ? 

C’est rester dans la parole, l’accomplir, afin de connaître la vérité. 

2. Il n’y a aucune condamnation 

Dons la société moderne, on peut définir la liberté comme la possibilité qu’a une personne de penser, de s’exprimer et d’agir selon ses valeurs, ses croyances, ses besoins et ses désirs. La liberté permet, par exemple, à une personne de faire des choix. Ces choix peuvent être très simples, comme sélectionner une chanson que l’on a envie d’écouter. Il arrive aussi que ces choix soient plus complexes parce qu’ils impliquent des obligations. 

Mais le Nouveau Testament est plus profonde et l'apôtre Paul nous explique en détache ce que signifie la liberté du chrétien. Voyons nous Romain 8.1-5 

« Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ. En effet, la loi de l'esprit de vie en Jésus Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort. Car-chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit. Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'esprit s'affectionnent aux choses de l’esprit « . 

Dans la lettre de l'apôtre Paul aux romains, nous avons deux blocs de textes : un plus grand, qui est tout le chapitre huit et dont le thème est la vie sous la loi de l'esprit; et un bloc plus petit (de 1 à 5) qui traite spécifiquement de la vie émancipée par cette loi de l'esprit. 

Ces deux blocs nous donnent la ligne de pensée de l'apôtre Paul: la vie émancipée; la vie pleine d'espoir et la vie exaltée. De cette manière, Paul retrace le cours de la vie, dans lequel la grâce triomphe de l'effort humain et le juste expérimente la libération de l'aliénation. 

En analysant notre justification par le Dieu éternel, il montre que la libération de l'être humain repose fondamentalement sur la foi, qui est le positionnement, venant de la grâce de Jésus. Cette miséricorde du Dieu éternel ne dépend pas de la loi, car les êtres humains, dans leur nature pécheresse, ne peuvent pas répondre efficacement aux exigences de la loi, qui exprime la sainteté du Dieu éternel. Ainsi, la grâce vient du Christ, qui, dans son amour et son sacrifice, pardonne les péchés des humains. La liberté de la vie chrétienne ne dépend pas de la personne elle-même, ni de ce qu'elle peut faire, mais de ce que le Dieu éternel a déjà fait pour lui. 

L'amour du Dieu unique a été révélé en Jésus, le Messie, à travers ses enseignements, ses œuvres et sa mort sur la croix. Lorsque nous grandissons dans la grâce et dans la connaissance de Jésus, le Seigneur, nous revêtons son caractère et lui ressemblons. Le caractère de Jésus se révèle en nous à travers les vertus qui donnent le ton de notre communion avec les frères et sœurs de la communauté de foi. 

Dans la Déclaration des droits de la personne (art. 4), « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ce qui implique la possibilité de « faire tout ce qui n'est point interdit, comme ne pas faire ce qui n'est point obligatoire » (art. 5). Dans cette compréhension à partir de droit, nous avons la « liberté de dire ou de faire ce qui n'est pas contraire à l'ordre public ou à la morale publique ». 

Mais pour nous, les chrétiens, la liberté est liée à la communion avec les gens, dans la communauté de foi et se fait par la miséricorde. C’est une relation affective et prudente avec les frères et les personnes blessées et abattues. Quand Jésus a vu la foule, il a été très désolé pour ces gens parce qu'ils étaient affligés et abandonnés, comme des brebis sans berger. 

C'est pourquoi nous sommes appelés à la bonté, prêts à faire le bien sans regarder qui. Nous sommes appelés à l'humilité, dans une attitude serviable. Nous sommes appelés à la douceur, dans une relation sans contrainte pour changer les gens. Nous sommes appelés à souffrir longtemps, avec la volonté d'être tolérants face à la faiblesse des gens. Nous sommes appelés au pardon, car nous sommes pardonnés par le Dieu éternel lorsque nous pardonnons. Et nous sommes appelés à la paix, résultat de la pratique de l'amour, du pardon et de la gentillesse. 

C'est ainsi que la communauté de foi montre au monde que la réconciliation et la paix peuvent être réalisées en Jésus. Les décisions prises avec amour et justice construisent une paix qui dépasse la compréhension humaine, même dans les situations de conflit. 

Nous sommes appelés à vivre l'expérience chrétienne comme communauté de foi. Nous pouvons jouir, comme nous sommes égaux, des bénédictions de cette communauté dans les célébrations de notre église. Nous sommes appelés à vivre dans le corps de Jésus pour rejoindre Béziers, la France et le monde. 

Par conséquent, il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus. La loi de l'esprit de vie en Jésus, vous a libéré du péché et de la mort. C'est impossible pour l'effort humain, car il est affaibli par l'éloignement du Dieu éternel. Mais ce Dieu unique a envoyé son fils dans une humanité semblable à la nôtre, condamné l'aliénation, le détachement et les mauvaises cibles. Pour que sa justice s'accomplisse en nous qui vivons selon l'esprit. En effet, ceux qui vivent selon l'esprit désirent les choses qui sont de l’esprit. 

La liberté, est-elle importante ? 

Oui, elle est très importante. Puisque, il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus. La loi de l'esprit de vie en Jésus nous a libéré du péché et de la mort. 

3. Les frontières de la liberté 

La portée du texte apostolique nous fait passer de la réflexion à l'action sur les trois thèmes qui s'entrecroisent dans cette ouverture des frontières : l'égalité, la liberté et l'unité dans le Christ. 

Ainsi, Paul nous oblige à repenser les questions d'éthnicité, d'esclavage et de genre, en extrapolant les murs de l'église et en présentant à tous les chrétiens une proposition d'ouverture des frontières, où règnent l’égalité et la parité des droits et des chances. Et libérer, de manière à ce que chacun puisse avoir sa volonté, en pleine jouissance des droits d'un être humain autonome devant sa conscience et Dieu, à son image, dont les droits à l'existence et à la vie sont garantis. 

Si la révélation est une conversation entre Dieu et les êtres humains, dans le Christ, c'est de ce dialogue que nous avons les éléments fondamentaux pour savoir ce que Dieu veut que nous soyons : égaux et libres, unis dans l'amour du Christ. En ce sens, peu importe à quel point l'être humain est tombé, peu importe à quel point l'être humain est abandonné et socialement discriminé, il a toujours la liberté de conscience nécessaire pour accepter le dialogue proposé par le Créateur. 

Nous croyons que la mission du peuple de Dieu est l'évangélisation du monde, visant à la réconciliation des êtres humains avec Dieu, quelle que soit leur situation financière ou sociale, qu'ils soient hommes ou femmes. Les disciples de Jésus et les Églises étaient appelés à proclamer par l'exemple de l'amour et de l'unité dans le Christ et par la prédication de l'Évangile de la paix et ainsi faire de nouveaux disciples du Christ dans toutes les nations. C'est aux églises de les baptiser, en leur apprenant à observer ce que Jésus a commandé. L'évangélisation et les missions se produisent lorsque nous vivons dans l'église dans l'égalité et la liberté et témoignons de la foi à travers nos propres vies. 

L'apôtre Paul ( Galates 3.26-28 ) présent la loi de vie du Saint-Esprit et dit que ce qui est juste et bon déborde en nous. Ce débordement de ce qui est juste, de ce qui est bon, n'est possible que par l'union au Christ par la foi et a sa traduction dans le commandement de l'amour. C'est parce que nous ne vivons pas selon la matérialité de la vie, mais nous marchons dans l'esprit, c'est-à-dire que nous avons un mental contrôlé par l'Esprit. 

L’apôtre nous présente le fonctionnement du Saint-Esprit, compris comme celui qui communique la vie, celui qui donne la liberté et intercède auprès du Dieu éternel. 

Il y a une grande différence entre les efforts humains et la nature humaine. Entre ce qui est esprit et ce qui est matériel. Le corps, avec ses membres, intéresse Paul en tant qu'instrument de vie morale. Soumis à la tyrannie de la matérialité, de l'aliénation et de la destruction, Paul demande: « qui me délivrera ? « Et il rend « grâce à Dieu, pour Jésus, notre seigneur « . C'est à partir de ce paroxysme, qu'il affirme que pour cette raison, aujourd'hui, rien du tout ne peut condamner ceux qui sont en Christ. 

En termes d'enseignement, Paul a montré que la loi de Moïse était bonne et sainte, et a conduit les gens à connaître la volonté de Dieu. Mais il ne leur a pas donné la force de le faire. Il leur a fait prendre conscience de leur éloignement de Dieu et de leur besoin d'aide. Cette aide, entièrement gratuite, est venue par Jésus. Et l'humanité, blessée par l'aliénation, est recréée en Jésus, et peut maintenant vivre dans la liberté et la justice, selon la volonté du Dieu unique. 

Aujourd'hui encore, l’épître au Romains présentent des enseignements fondamentaux pour la communauté de Jésus: nous apprenons le péché, la gratuité de la liberté et le fait d'être ressuscité dans le Christ. Mais il parle aussi de justification par la foi et d'être adopté comme enfants. C'est à partir de cette compréhension que nous devons vivre. Nous comprendrons alors mieux ce que Paul appelle la loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ et son importance dans le cheminement du chrétien. 

Mon ami Anton Ronai a vaincu la mort, s'est échappé du camp de concentration et a conquis la liberté. 

Une petite conclusion : (1) Dans la loi de l'Esprit de vie nous sommes appelés à la liberté. (2) En Christ nous sommes libres. (3) Notre liberté a des frontières, qui sont l’amour et l'égalité avec les autres. 

Une petite conclusion : Voici le défi, ensemble dans l'église, de présenter cette liberté au monde. 

Comment vivre la liberté ? 

La liberté nous emmène au-delà des frontières. La liberté nous conduit à vivre l'amour et l'égalité dans notre communauté de foi, dans notre ville, dans notre pays et dans le monde. 

Rappelons nous : 

C'est Jésus lui-même qui nous a donné la directive : « Je suis la vigne et vous êtes les sarments. Celui qui est uni à moi et moi à lui, cela porte beaucoup de fruits, car sans moi vous ne pouvez rien faire ». Jean 15.5. 

Jésus est la vigne, mais les fruits de la liberté dans l’Esprit jaillissent des communautés qui lui sont liées. Puissions-nous tous, unis à lui, produire des fruits d'une justice et d'une dignité reconnues. C'est ce que Jésus attend de nous. 

Que le Dieu éternel vous bénisse et demeure dans la parole, connaisse la vérité et soit libre dans l'Esprit! 

C’est ma prière.

mardi 5 octobre 2021

Michaël Delafosse

  


Naira Pinheiro à dit : Jorge l'a rencontré aujourd'hui, et hier nous l'avons vu et entendu aussi, car il était à l'événement célébrant le 100e anniversaire de la Faculté de théologie protestante de Montpellier.  J'ai enregistré la partie de son discours où il parle de laïcité.


Les premières secondes, il rit d'une blague qu'il a faite, mais commence bientôt à parler "sérieux" comme il l'a dit ... mais il n'a raté aucune campagne ... mais juste, par les socialistes contre la droite et c'était la blague, qu'il n'y a pas beaucoup de candidats socialistes aujourd'hui ... J'ai trouvé son discours très bon.

Michaël Delafosse, né le 13 avril 1977 à Montpellier, est un homme politique français. Membre du Parti socialiste (PS), conseiller départemental de l'Hérault de 2015 à 2020, il est élu maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole en 2020.

Fils d'un psychiatre et d'une mère au foyer1, il est marié et père de deux enfants. Titulaire d'un DEA en géographie urbaine décerné par l'université Paul-Valéry Montpellier 3 et du CAPES d'histoire-géographie2, il enseigne cette discipline au collège Fontcarrade à Montpellier 3.

Michaël Delafosse est membre du Parti socialiste depuis l'âge de 16 ans4. Lycéen, il s'investit dans le syndicalisme et fonde l'Union nationale lycéenne(UNL). Étudiant, il poursuit ce parcours en devenant vice-président national de l'Unef-ID à 21 ans5. Il préside La Mutuelle des étudiants (LMDE) entre 2003 et 2006. Élu conseiller municipal de Montpellier en 2008 sous le mandat d'Hélène Mandroux, il occupe successivement les fonctions d’adjoint au maire délégué à la culture puis à l’urbanisme.

Aux élections municipales de 2014 à Montpellier, battu aux primaires, il figure sur la liste PS de Jean-Pierre Moure qui arrive en seconde position après le candidat divers gauche, Philippe Saurel. Il est élu au conseil municipal de Montpellier dans l'opposition.

Il est élu conseiller départemental de l’Hérault dans le canton de Montpellier-2, en binôme avec Gabrielle Henry, lors des élections départementales de 2015. Il se présente alors comme le principal adversaire de Philippe Saurel à gauche.



Discours de Michaël Delafosse sur la place Jean-Jaurès le 31 juillet 2020.

En 2020, il présente la liste « La gauche qui nous rassemble » aux élections municipales. Le premier tour oppose 14 listes dont trois listes écologistes. La liste de Michaël Delafosse arrive en deuxième position derrière celle du maire sortant. Pour le second tour, il s'allie avec la liste officielle d'Europe Écologie Les Verts menée par Coralie Mantion en présentant la liste « Montpellier unie solidaire écologiste laïque innovante ». Il propose notamment dans son programme la gratuité des transports publics pour les habitants de la métropole, et l'ajournement du projet d'un grand centre commercial Ode à la mer à Pérols. Il remporte l'élection avec 47,2 % des suffrages, contre 34,6 % pour Philippe Saurel et 18,1 % pour la liste de Mohed Altrad. Élu maire de Montpellier par le conseil municipal le 4 juillet 2020, il démissionne de son mandat départemental au profit de son suppléant. Le 15 juillet suivant, il est élu président de Montpellier Méditerranée Métropole

En tant que maire de Montpellier, il fait de la sécurité sa priorité, notamment en coordination avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Il recrute également Olivier Nys, ancien directeur général des services de Gérard Collomb à la métropole de Lyon, pour « simplifier » l'administration de la métropole et la ville de Montpellier. Ce choix suscite des critiques en raison du profil et de la tâche attribuée à Olivier Nys.

Il soutient Anne Hidalgo en vue de l'élection présidentielle de 2022. Critique envers la direction du Parti socialiste menée par Olivier Faure, il est proche de Bernard Cazeneuve et de Carole Delga, présidente du conseil régional d'Occitanie. Il déclare auprès du Figaro en juillet 2021 que le Premier ministre Jean Castex « sera perçu un jour comme l'un des meilleurs premiers ministres de la Ve République tant il est à l'écoute des préoccupations des élus locaux ».

Source: Wikipedia