vendredi 15 février 2013

Eschatologie et utopie


Gabriel Vahanian Université des Sciences Humaines, Strasbourg


Eglise Reformée de Mulhouse

Le monde, nous dit l'évangile de Jean, Dieu l'aime tellement qu'il lui fait don de son Fils Unique (Jn 3,16). Et sans doute est-il possible d'entendre cette affirmation de plusieurs manières. Il faudrait toutefois qu'aucune d'entre elles n'esquive l'essentiel en occultant le fait que c'est le monde qui fait l'objet de tant d'amour : c'est parce qu'il l'aime que Dieu lui fait don de son Fils Unique. Convoité par les principautés, le monde est le repaire des puissances qui font écran à la communication des hommes entre eux comme avec Dieu, voire avec la nature elle-même.

Il n'est pas comme il le devrait, et s'épuise en conséquence à organiser l'homme et tout ce qui le concerne en fonction de cosmogonies et autres théogonies, en fonction d'une hiérarchie des êtres et des choses grâce à laquelle l'homme n'est pour l'homme qu'un champ de bataille même et surtout s'il se résigne à sa propre aliénation. C'est néanmoins ce monde-là que Dieu aime à tel point qu'il lui fait don de son Fils Unique. Non pour s'en justifier, mais pour s'y mettre ou remettre en question, ainsi qu'il le fait déjà quand il crée ce monde, ou qu'il en fait quelque chose de tout neuf. 

L'utopie, disait Victor Hugo, c'est la religion de demain. Qu'il le sût ou non, par cette affirmation, il ne faisait que relancer l'intuition principale de la vision biblique du monde, de l'homme et de Dieu.

 
Aussi pourrait-on détailler les trois aspects cardinaux de la méthode à laquelle sont astreintes les considérations qui vont suivre en disant que, si la compréhension de la foi passe par sa propre démythologisation, cette démythologisation elle-même repose sur la désacralisation du monde, laquelle, à son tour, fait fond sur la subversion de l'être au profit de la parole en tant que catégorie essentielle à tout discours sur Dieu. Démythologisation, désacralisation, déconstruction sont ainsi les trois pivots de cette méthode qui prétend que, l'ordre du monde n'étant qu'un ordre des mots, vie et mort sont au pouvoir du langage (Prov 18, 21) : la parole seule est l'espace de la création, comme elle est celui de la rédemption ou bien encore celui du plérôme . Par elle dure tout ce qui est et qui, en elle, et du commencement à la fin, en son but comme en son début, n'est qu'une fois pour toutes. 


De la sorte, je reprends à mon compte la notion bultmannienne de la foi en tant qu'existence eschatique . J'ajoute que cet eschatisme de la foi est mis en relief par une configuration de la réalité humaine qui n'est rien de moins qu'utopique, dès lors que c'est un utopisme exclusivement valorisé par le langage, par la technique. Je constate, alors, que l'eschatisme de la foi et l'utopisme de la technique sont, tous deux, axés sur l'action dans le monde bien plutôt que sur la contemplation d'un autre monde ; sur la nécessité de changer le monde plutôt que changer de monde. 

La coïncidence de ces deux approches n'est, au reste, pas fortuite. Elle découle du fait que la technique est tributaire tant de la tradition philosophique que de la tradition biblique où s'est forgé l'Occident. De plus, elle nous permet de voir l'eschatisme biblique sous un jour nouveau si, toutefois, elle ne lui permet pas simplement de recouvrer sa pleine signification originaire. Autant dire que tout va dépendre de ce qu'on entend par eschatologie comme de la charge qu'on veut faire porter par ce qu'on appelle l'utopie.


L'autre monde et le monde nouveau : eschatisme et utopisme


Il ne faut pas s'en étonner, mais c'est au cours des temps modernes qu'aussi bien l'un que l'autre de ces deux termes tombent dans le domaine public du vocabulaire. Ils acquièrent leur sonorité respective en même temps qu'ils se dotent d'une résonance particulière. Il ne semble pas opportun d'en faire ici l'historique. Ni surtout d'en établir scientifiquement la convergence ou la divergence de leur emploi respectif. A l'évidence, les coutumes et autres contraintes langagières affecteront ces deux termes à des à des discours différents, et c'est normal. Elles n'empêcheront cependant pas que ces discours, aussi différents soient-ils, se fassent signe et se renvoient les uns aux autres : un mur peut nous empêcher de voir mais non d'entendre notre interlocuteur. 

Ainsi le quatrième livre de l'Institution chrétienne, et pour autant que celle-ci comporte une manière de critique à l'endroit d'une certaine conception des fins dernières, est à tout le moins une approche audacieuse de l'eschatologie et qui cherche en tout cas, à rendre au monde la valeur qu'il mérite au regard de la souveraineté de Dieu et son règne ; ou pour employer une autre expression de Calvin, au regard du vrai pays promis à tous ceux qui n'ont ici-bas pas de cité permanente. Et qui, ici-bas, ne consentent à tout mettre en question que pour autant qu'en permanence ils se remettent ens-mêmes en question, comme le suggère l'Utopie de Thomas More sur un ton d'ironie sociale bien plus que de réformation spirituelle. Qu'importe ! Avec More autant qu'avec Calvin, se dégage une seule et même idée : l'eschatologie n'a d'avenir que si elle est grosse d'une éthique socio-politique et même socio-économique. Et il ne m'est pas indifférent que le terme d'utopie soit apparu en même temps que la Réforme : l'ironie froide de l'understatement anglais et que déploie l'utopie n'est pas moins iconoclaste que l'esprit critique engendré par la Réforme. 

Quoi qu'il en soit, c'est durant l'époque moderne que l'usage de ces termes, eschatologie et utopie, évolue et devient de plus en plus fréquent. Mais, et cela ne surprendra plus personne, la chose qu'ils désignent, est aussi vieille que l'homme ou que le monde, et elle l'est tant au point de vue d'Athènes qu'au point de vue de Jérusalem. Je ne m'embarrasserai pas de détail, quitte apparemment à m'appuyer exclusivement sur la contribution hébraïque à la culture occidentale. Je constate que, du Jardin d'Eden à la nouvelle Jérusalem, ou bien des Hespérides aux portes de Thulé, comme d'Ur en Chaldée à la Terre promise, il n'a été pour l'homme question que de repousser les frontières de l'humain en vue d'une cité idéale, d'une humanité à la fois solidaire et spontanée. Balayant volontiers la préférence qu'un certain atavisme nous pousse encore à attribuer à ce qui est original ou ancien, voire antique, ce courant de la tradition occidentale est bien d'avantage marqué au sceau de l'utilitarisme et de la nouveauté; il porte la soif de l'inédit, de l'inouï. 

D'où cette idée selon laquelle, des primitivistes grecs aux lois sabbatiques, la quête de l'Etre va de pair avec la quête du bien-être. En d'autres termes, l'eschatisme de la foi n'apparaît plus comme étant foncièrement étrangère à l'action politique ou à l'activité économique; l'existence eschatique n'a pas pour but la seule contemplation du dessein de Dieu, elle s'accomplit également en collaborant à l'oeuvre de Dieu : en vertu du sacerdoce universel et la notion de vocation qui, le mettant en oeuvre, en indique l'ampleur et la dynamique , homo orans et homo laborans ne s'opposent plus ainsi qu'aux laïcs le clergé, mais sont les figures d'une conception unique de l'homme comme collaborans . Ce qui revient à dire que non seulement l'eschatisme de la foi n'est pas étrangère à l'utopisme de la réalité humaine, mais encore que cet utopisme est même la condition de cet eschatisme, puisqu'il n'est de victoire sur le monde que celle remportée par la foi. Reste que s'établit entre temps un lien entre d'une part l'eschatisme de la foi et, d'autre part, la technique et les techniques de l'humain et l'utopisme qui en est la caractéristique fondamentale.


La rançon du sotérisme : une eschatologie proleptique


On l'a sans doute remarqué. Je préfère ici parler d'eschatisme de la foi plutôt que d'eschatologie. Il y a plusieurs raisons à cela. En faire ici l'inventaire n'est pas opportun. Il suffit de les résumer en disant, comme on va le voir, qu'elles ressortissent au fait que l'eschatologie telle qu'en rend compte le discours traditionnel a, en quelque sorte été happée par la sotériologie, par l'au-delà. Elle a été piégée par des doctrines, et ce sont ces doctrines qui ont rendu l'âme avec les vagues successives de la révolution techno-scientifique. Mais il faut en tenir compte si l'on veut que l'eschatologie ne relève pas d'un ésotérisme théologique mais d'une théologie éthique.
 
Encore faut-il, ici, éclaircir ce qu'on veut entendre par l'eschatisme de la foi. Inévitablement, il se réfère à une conception de la foi qui, à travers Bultmann, cherche à se démarquer de la pensée de Schweitzer tout en lui restant tributaire. Dans la mesure où l'eschatologie de Schweitzer avoue qu'elle est faussement radicale, il s'en démarque. Il en est tributaire, ne serait-ce que parce qu'elle n'est pas radicalement fausse. Loin de là ! Aussi diffère-t-il d'avantage encore et de l'eschatologie "réalisée" mise en vogue par C. H. Dodd et de l'eschatologie "sublimée" dont le christianisme primitif porte la griffe, mais auquel se complaît également un certain christianisme tardif qui, au siècle dernier en résumait le tout par la paternité de Dieu et la fraternité des hommes.

 
Schweitzer n'étant pas le meilleur de ses propres disciples, la dette à son égard n'a pu que s'accroître. Il répugne à l'eschatologie traditionnelle, mais il argumente la sienne de telle sorte qu'elle tourne court, au profit d'une éthique certes, mais qui s'enlise dans la gestion d'un héritage, voire d'un message et sa communication. Il situe le problème au niveau du langage de la foi, et ne voit pas que c'est la foi qui est au pouvoir du langage. Ses prises de positions font alors penser à celles qu'on rencontre dans les disputes entre libéraux et fondamentalistes - ils se rassemblent trop pour s'affronter ailleurs qu'en famille. Schweitzer avait pourtant mis le doigt sur la plaie. En faisant la distinction entre une eschatologie sotériologique et une sotériologie eschatologique, il souligne à qui veut l'entendre que le débat est entre l'eschatologie et la sotériologie. Ce qui a préservé le christianisme est qu'au long de son histoire il a néanmoins su conserver l'essentiel de la vision eschatologique du monde qui lui est propre. Schweitzer ne manque pas de le souligner. Il y insiste, lorsqu'en particulier il parle soit du manichéisme, soit des religions non-chrétiennes contemporaines. On en est frappé. Schweitzer n'est pourtant pas insensible à la mystique orientale. On en reste frappé lorsque Tillich à son tour, des années plus tard et sa carrière universitaire déjà achevée, aborde enfin la rude confrontation à la quelle est soumis le christianisme par les autres religions mondiales. La spécificité du christianisme, il la voit dans le souci qui y prévaut de viser à l'équilibre entre deux ordres de grandeurs : la verticale et l'horizontale, la verticale qu'il faut affirmer sans nuire à l'horizontale. Ainsi, pour Tillich aussi bien que pour Schweitzer, il reste au christianisme une différence à faire valoir. Et, pour l'un comme pour l'autre, cette différence s'explique par le fait que, dans la tradition chrétienne, l'eschatologie l'emporte sur la sotériologie, le règne de Dieu sur le salut.

 
Par comparaison avec les eschatologies traditionnelles que je viens d'énumérer (sublimée, réalisée, radicale) l'eschatisme de la foi, que j'avance ici, répond au besoin d'une eschatologie proleptique.- expression utilisée également par le Révérend. H. V. Martin de Madras, dans un article d'Expository Times, publié sous le titre de "Proleptic Eschatology" (volume 5, l939-40). Par proleptique, j'entends la dynamique de l'anticipation qu'à ce dernier terme lorsqu'il s'agit de prospective; et ce qu'en conséquence je veux éviter est la double tendance qui, d'un côté, consiste à déséculariser l'eschaton - en dépit de la formule in saecula saeculorum, qui enjoint tout le contraire - et qui, de l'autre, en vient à objectiver l'eschaton. Désécularisé, l'eschaton est alors réalisable exclusivement dans un autre monde; objectivé, il est galvaudé au profit d'un progressisme moralisateur ; et, dans un cas comme dans l'autre, on a affaire au sotérisme qui fait écran à la justice de Dieu et son règne. 


On a affaire à une eschatologie qui, bridée par le sotérisme, de façon directe ou indirecte, relègue le règne de Dieu à l'activation du progrès social et d'un certain type d'humanitarisme se déroulant au fur et à mesure qu'avance l'histoire. Ainsi, même Johannes Weiss, tout pionnier qu'il fût en la matière, finit par ne voir dans de Dieu rien d'autre que l'action surnaturelle de Dieu; laquelle vient en quelque sorte se greffer sur la nature. Il y voit comme une sorte de greffe qui prend plus ou moins. Ou parfois ne provoque que des phénomènes de rejet. Certes, il ne convient pas de mésestimer la notion de progrès. Schweitzer et Tillich nous mettent plus que suffisamment en garde contre ceux qui dénigrent le progrès. C'est une notion qui n'est pas tout à fait étrangère à l'eschatologie, voire - au prix d'une insolence - à l'eschatologie proprement dite. Raison de plus, en conséquence, pour n'en être pas séduit au point d'ignorer son principal tort, celui de ramener en dernière instance l'eschatologie à la sotériologie et qu'ainsi elle soit résorbée par l'histoire.

 
Schweitzer en sonnera le glas - de l'histoire. Pour lui, l'eschatologique seul est historique: il n'est pas englouti par l'histoire. Il échappe à l'histoire. Mais s'il échappe à l'histoire, c'est aussi peut-être parce que l'histoire n'est pas plus propice à l'eschatologique qu'elle ne l'est à la satisfaction de notre connaissance du Jésus historique. La parousie n'a pas eu lieu, en tout cas pas selon le schéma apocalyptique de l'eschatologie rapportée par les évangélistes. Dilemme ou déception? Y a-t-il une autre issue? Schweitzer, par trop fidèle à son projet d'eschatologie radicale, ne peut recourir à l'idée d'une "procrastination" de la parousie. Il la relativisera. Et peut-être est-ce à son corps défendant, par défaut d'un outillage conceptuel qui lui permette - comme à Bultmann - de sortit de l'impasse. Dans un sermon du 19 novembre 1905 sur le thème de "Jésus marchant sur les eaux", il dit "Si vous me permettez d'expliquer à ma façon cette présence vivante, je vous dirai : "Le corps éternel de Jésus, ce sont ses paroles, car c'est à ce propos qu'il a dit : le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront point"" . Il est vrai que déjà à l'époque de Schweitzer l'au-delà n'est plus ce qu'il était. Les fins dernières, non plus. On ne peut certes pas encore parler de révolution technicienne. Mais le cadre dans lequel s'échafaude une vision du monde avait suffisamment changé pour que Schweitzer, si soucieux de ne pas déséculariser l'eschatologie, se garde de la relativiser en la spiritualisant, sinon en la rationalisant. 


Il fallait la démythologiser.


Sans édulcorer la foi pour autant, comme y était enclin le libéralisme qui rationalise le monde de la Bible plus qu'il ne le démythologise. C'est le mérite de Rudolf Bultmann d'avoir reconnu la différence en soulignant, d'une part, que le processus de démythologisation est une nécessité même de la foi et qu'il est mis en jeu par l'Écriture; et, d'autre part, qu'il entraîne s'il n'est pas drainé par un refus catégorique de toute idole, y compris celle qu'on se fait de Dieu quand on le confond avec le sacré : la désacralisation du monde fait ainsi partie intégrante de la vocation d'Israèl à cet iconoclasme, social aussi bien que religieux, qui caractérise singulièrement son option pour l'homme - un homme sans racines, sauf en Dieu. Je sais qu'à ce propos Bultmann parle plus volontiers d'Entweltlichung . Mais cela ne saurait être une objection si l'on rappelle que, dans la perspective mythologique mise à plat par Bultmann, le monde est précisément sous l'emprise du sacré; et que, en outre, dans l'optique biblique, l'antithèse, du sacré n'est en aucun cas le profane, mais la sainteté au regard de laquelle, écrit Martin Buber, n'est profane ( si le terme convient encore ) que ce qui est appelé à être sanctifié, à participer à la gloire de Dieu . 


A la différence de Schweitzer qui, tout en affirmant que l'eschatologique seul est historique, n'en tire, semble-t-il, en définitive aucune leçon pour l'histoire, s'il ne fait pas de celle-ci la simple antithèse d'une eschatologie frustrée, Bultmann va plus loin. Pour lui, c'est de par son avenir qu'un événement est historique. Il n'y a pas , d'un côté, le temps et, de l'autre, l'éternité. Le destin de l'homme ne se joue pas sur une scène comme déployée entre deux mondes, le monde d'ici bas et celui d'en haut. Ni même entre un déjà et un pas encore. Il se joue une fois pour toutes. 


C'est que l'eschatologie de Schweitzer est , à la limite, croyable. Elle n'est déjà plus crédible. Et ne l'est pas dans la mesure où, précisément, elle nous oblige faire la différence entre le fond et la forme ; où elle est acculée soit à la sublimation, soit à l'objectivation. Ces deux écueils sont justement ceux que Bultmann veut éviter quand, cherchant à rendre l'eschatologie crédible afin qu'elle soit croyable, il affirme qu'il n'y a d'histoire sauf en tant qu'elle est proleptique. En sorte qu'en dernière analyse, on peut dire de Bultmann qu'il s'insurge moins contre le mythe que contre toute espèce de relativisme, voire contre le nihilisme eschatologique où, selon René Hulin, s'enlise notre époque , suffoquant sous l'emprise d'une vision du monde plus démythologisée que désacralisée, mais moins désacralisée que sécularisée, c'est-à-dire une vision du monde tronquée. Où le bébé a été évacué avec l'eau du bain. 


Prenons un exemple. Ce n'est pas parce que des mains de Dieu, l'apocalypse est aujourd'hui tombée entre les mains de l'homme, qu'elle a été démythologisée. On n'a rien gagné non plus et l'on n'a fait que passer d'une théodicée contestable à une anthropodicée impossible. En revanche, s'il n'est d'événement historique qu'à raison d'un avenir, c'est que l'eschatologie consiste à défataliser l'histoire, de même que la création consiste à désacraliser la nature. N'est pas réalisable seulement ce qui est inévitable. Non plus que n'est moral seulement ce qui est possible mais précisément, l'impossible. Dans la parabole du Jugement Dernier, qu'on t'ait vu, dit-on au Fils de l'homme afin de se justifier et qu'on ne t'ait pas donné à manger quand tu avais faim, où à boire quand tu avais soif , c'est impossible, aussi ne l'a-t-on pas fait. Ceux qui parlent ainsi cherchent une solution, de préférence, finale, alors que le Fils de l'homme pose le problème de savoir à quel prix - si de surcroît la création débute avec le Jardin d'Eden - l'apocalypse peut déboucher sur la nouvelle Jérusalem. Et l'homme ancien revêtir l'homme nouveau. Ou prendre corps la parole qui fait grâce. ( Mt 25, 31-46).

 
D'une façon ou de l'autre, la solution finale a toujours fasciné l'homme et donc été à sa portée. L'eschatologie situe l'homme hors du champ d'une telle solution, là où précisément celle-ci ne saurait avoir lieu, dans un monde que Dieu aime au point d'en faire l'utopie de son règne. 


Bultmann ne veut pas diluer l'eschatologie; il veut la rendre crédible. Et cela n'est possible qu'en tenant compte du fait qu'avec une apocalypse à portée de l'homme l'eschatologie n'est pas démythologisée pour autant. Elle ne peut l'être qu'en assumant les structures d'une religiosité qui, d'une rationalité mythologique, a basculé dans l'orbite d'une rationalité technologique. C'est Bultmann qui, dans Jésus-Christ et la mythologie, écrit : "L'eschatologie biblique renaîtra peut-être. Elle ne réapparaîtra pas, cependant, sous sa forme mythologique primitive, mais elle surgira de la vision effrayante engendrée par la technologie moderne, en particulier par la science atomique dont le mésusage peut entraîner la destruction de notre terre."


La technique et le paradigme utopique du religieux


Quoique j'aie parlé jusqu'ici comme si la technique prenait la relève du mythe, il convient de faire remarquer qu'elle est aussi vieille que le mythe. L'homme, dit R. Boguslaw, invente l'outil en même temps qu'il invente le mythe. Remarque somme toute anodine, mais dont l'importance consiste à souligner l'éventuelle interchangeabilité des deux sphères bien différentes auxquelles est assigné l'homme du fait du mythe ou de l'outil. 


Pour ma deuxième remarque, je rejoins d'abord Claude Lévi-Strauss qui, soulignant qu'il n'y a pas d'activité solitaire dans le mythe, en signale le caractère social : l'homme n'est pas seul, il est solidaire. Quitte à prendre, ajouterai-je, ses distances avec la nature, à rompre avec elle s'il veut en corriger l'évolution. Comme d'ailleurs à rompre avec soi même, avec l'homme, s'il veut en promouvoir l'humanisation. A la différence des lis des champs et des oiseaux du ciel, il doit gagner son pain à la sueur de son front et, donc, pas seulement pour lui même : il doit aussi nourrir, abriter, vêtir. L'outil qui va le servir à cet effet est déjà l'instrument d'une technique : au lieu de changer de monde, il change le monde. Et je ne sache pas qu'on ait jamais voulu changer le monde pour moins qu'une utopie, et surtout si de surcroît, la technique doit s'en mêler. Fût-ce au travers des rites.


Ce qui m'amène à ma troisième remarque, pour laquelle je renvoie à William Barrett qui considère toute culture comme étant la somme de ses rites, et ajoute : anthropologiquement parlant, et de façon large, tous les rites peuvent être pris pour des techniques. En effet, nous dit-il, pour pêcher le saumon, les Yurok construisent un barrage, mais l'exécution d'un tel projet est poursuivi comme s'il s'agissait d'exécuter un rite. Pareillement, quelques décennies plus tôt, Malinowski avait décrit comment les rites des primitifs, au détour d'une cérémonie rituelle, avaient procédé à la construction d'une pirogue. L'homme, semble dire Malinowski, est là, dans le monde, pour "faire avec" . Pour en faire un théâtre d'utopie. Où l'utopie est d'autant moins étrangère à l'homme que, selon Gilles Lapouge, elle n'est pas propice au sacré. Où la technique est d'autant moins étrangère à l'homme que l'homme (je pèse mes mots) en est l'instrument. William Barrett l'exprime admirablement : "If we try to flee from our human condition into the computer, we only meet ourselves there." Nous n'y rencontrons que nous mêmes, mais nous-mêmes, pour le meilleur et pour le pire, libérés d'une tutelle, celle du sacré, et tout à la fois soulagés et redoutant de l'être. L'homme est en effet irremplaçable, mais il n'est pas indispensable pour autant, puisque la technique, si elle ne consiste pas à éliminer l'homme, consiste cependant à remplacer l'homme par l'homme. L'homme seul peut en être l'instrument. Il en est la raison, logos autant que ratio. Et si sur la scène de ce monde la technique consiste à "faire avec", c'est en vue du meilleur des mondes possible. 


Sans doute, de telles affirmations n'ébranlent-elles aucunement l'argument de ceux pour qui, de Merleau-Ponty à Barrett en passant par Hubert Dreyfus, la technique a été engendrée par la tradition philosophique de l'Occident, au contraire . Elles rendent encore plus plausible et même encore plus déterminante sa dépendance à l'égard de la tradition religieuse de ce même Occident. Une tradition religieuse parmi d'autres, certes. Mais justement, ce qui en fait une tradition parmi d'autres tient au paradigme auquel, à la différence des autres, elle souscrit tant en ce qui concerne sa source grecque que sa source hébraïque. 


Je considère en effet que, pris dans l'ensemble de ses manifestations, le phénomène religieux relève en dernière analyse ou bien d'un paradigme sacral ou bien d'un paradigme utopique. On nous avait appris, naguère, que la tradition biblique faisait basculer l'homme de la nature dans l'histoire. Mais il faut aujourd'hui à la fois viser mieux et aller plus loin. Dans ce but, on peut ici se contenter de distinguer ces deux paradigmes en disant que le premier est axé sur la Terre-mère, le sacrifice et, à la limite, une conception dualiste du salut tandis que le second est braqué sur la Terre promise, l'iconoclasme et, à la limite, une conception sabbatique du monde qui en défatalise l'histoire et fait de l'homme une espérance de l'homme. Il est vrai que, nonobstant cette dichotomie toute théorique, jamais ces deux paradigmes ne sont mis en œuvre à l'état pur. Le paradigme sacral n'est pas entièrement réfractaire à une certaine forme d'utopisme, non plus que le paradigme utopique n'est totalement indemne de toute rémanence sacrale. 


Reste qu'au paradigme sacral obéissent les religions dites naturelles, dans la mesure où la nature y est perçue comme matrice de l'homme ou comme étant interchangeable avec Dieu (Deus sive natura). Lui obéissent également certains types de mystique, en particulier celles qui nous proviennent d'Orient et sont centrées sur le silence des Dieux et la désaffection de la parole (voire du langage) qui s'ensuit. Et de toute façon l'éthique n'est surtout pas la caractéristique essentielle de ces religions, capturées qu'elles sont par l'observance des rites dont elles ont la charge : moral, on ne l'est que par procuration - ce qui n'est pas toujours faux. 


Pour la tradition biblique, c'est du paradigme utopique que répond la religion. L'homme ne se définit pas par rapport à la nature mais parce que, et de façon unique, il se rapporte à Dieu. Un Dieu qui "nous parle". Autrement dit, tant d'une part à l'ordre des êtres et des choses que, d'autre part, au dualisme du profane et du sacré, la Bible substitue l'ordre des mots. A l'opposition du réel et de l'idéal, de l'être et du paraître, elle substitue la symbolique du langage et c'est, au demeurant, une symbolique selon laquelle rien n'est aussi symbolique que le littéral, comme d'appeler un chat un chat. Ce n'est pas la langue - ou la technique - qui est un instrument de l'homme, mais c'est l'homme, puisqu'il se rapporte à Dieu, qui est au pouvoir du langage. Simul justus ac peccator, l'homme est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est. Étranger et voyageur, il n'a point ici-bas de cité permanente. Ni de montagne où Dieu doive être adoré plutôt qu'ailleurs. Et, dans la tradition biblique, c'est cela qu'attestent des notions comme création, ou comme rédemption, ou encore comme plérôme. 


Pour ce qui est de la notion de création, je n'en retiendrai ici que deux aspects. D'une part, elle comporte une critique des religions sacrales issues de la nature. Pour s'en rendre compte, il suffit de comparer les récits de la Genèse et d'Enuma Elish. Il n'y a nulle part dans la Genèse ni temple ni enceinte sacrée, et moins encore dans le périmètre du Jardin d'Eden. Vrai, c'est aussi une chose qui s'oublie. Mais l'auteur de l'Apocalypse s'en souviendra: il n'y a pas non plus de temple dans la nouvelle Jérusalem. Ni d'Église. Et pourtant elle n'est pas moins indéfectible qu'Israèl aussi nombreux que les étoiles du ciel ou le sable de la mer. Mais son indéfectibilité a partie liée avec le monde, au même titre que celle d'Israèl avec la Terre promise - autrement dit, elle dure une fois pour toutes. 


D'autre part, la notion de création prévient également la tendance qui consiste à privilégier l'histoire au détriment de la nature. Tendance presque inévitable, vu les circonstances de l'Exode et son ultime signification, mais qui, et sans nous surprendre vraiment, est battue en brèche au nom même de l'élection d'Israèl : le Dieu qui sauve est aussi le Dieu qui crée, et tout homme que Dieu crée est tout l'homme. 


Né en Égypte, Israèl est un peuple sans racines. Lui fait écho l'Église qui affirme que, étant tous des étrangers, en Christ, nous faisons corps les uns avec les autres, car il n'y a plus Juif ni Grec, homme ni femme, maître ni esclave. Nous libérant de l'homme ancien, la rédemption nous affranchit de l'histoire : le Dieu qui est plus proche de moi que je ne le suis de moi-même est cependant un Dieu qui est à égale distance de tous. Il est l'Autre radical. Qui se reconnaît à tout homme qu'est tout l'homme. 


Il est le Dieu qui est tout en tous. Comblé par l'homme qui à son tour est comblé. Dans la perspective du plérôme, la question n'est plus de savoir si c'est l'homme ou si c'est Dieu qui est la mesure de toutes choses. Dieu n'est pas davantage juif qu'il n'était grec. La seule mesure de toutes choses et donc aussi de Dieu autant que de l'homme, c'est maintenant le Christ. Par lui prend parole tout homme qui, faisant corps avec ses semblables, en est pourtant l'autre, de même que Dieu, faisant corps avec l'homme, en est l'autre radical. Abolie, la dialectique du conflit de l'homme avec Dieu comme des hommes entre eux fait place au dialogue, à la traversée de l'homme par la parole. Et, comme l'a si bien senti l'Épître à Diognète, cette parole est celle au regard de laquelle toute terre est pour nous comme une partie et toute patrie une terre étrangère.


Conclusion


Il peut sembler que je n'aie pas dit grand chose du salut ni de l'utopie au sens qu'on lui donne dans la série d'utopies dites littéraires, sociales, ou scientifiques. Mais j'ai cru qu'il ne convenait plus de mettre la charrue devant les bœufs. Il fallait, avant tout, en quelque sorte rapatrier l'objectif du salut tout en rendant celui-ci au langage tout court, et d'en empêcher toute construction en sas de secours. Pour peu que cela me soit accordé, on pourra même, alors, m'accorder qu'il n'a été question que de salut s'il a été question de la foi en tant qu'existence eschatique. Maintenant, j'admets que pour ce qui est de l'utopie, je n'ai voulu qu'en prendre la signification à la racine: non une vue de l'esprit, mais une construction de l'esprit, dont le modèle ne se trouve ni dans la nature ni dans l'histoire mais s'impose uniquement à travers le langage, cette technique des techniques de l'humain. N'est donc utopique que ce qui est réalisable. Même au risque que toutes les utopies, Berdiaeff l'avait déjà souligné, soient désormais réalisables. Mais un risque bien calculé puisque, dans ces conditions, l'utopie va consister, précisément, à se garder de l'inévitable : elle ne se confondra jamais avec la barbarie de la solution finale. Loin de robotiser l'homme, elle le responsabilise, et le confronte au choix devenu classique depuis que l'homme, devenu homme, est au pouvoir du langage : ou la mort, ou la vie. 


Aussi, d'Abraham à l'apôtre Paul, du Jardin d'Eden à la nouvelle Jérusalem, ou d'Israèl à l'Église comme de la création au plérôme en passant par l'incarnation, sommes-nous confrontés à une seule et même vision du monde, celle d'un monde que Dieu aime au point d'en haïr, d'en mépriser les montagnes sacrées, et d'y loger à l'enseigne du langage qui, seul, peut en faire le meilleur des mondes possible, et pour Dieu même une utopie. Où le riche n'a rien de trop, et le pauvre ne manque de rien. Où les épées sont changées en socs de charrue. Où, ensemble, habitent et le loup et l'agneau. Et où, mieux vaut le répéter, en Christ, il n'y a plus ni Juif, ni Grec, ni homme ni femme, ni maître ni esclave; car le droit à la Terre y remplace le droit du sol ou celui du sang. Où le sabbat est à la fois symbole du Dieu qui règne et fête de la création qui repart à zéro, de novo. Et où, pour cela, il n'y a pas de solution finale, sauf celle du pardon, de la parole qui fait grâce. Où tout est grâce. 


C'est que le règne de Dieu draine comme une double subversion : de la nature, par la création ; de l'histoire, par le destin ou rédemption. Aux clivages de l'ici-bas et de l'au-delà, du déjà et du pas encore, il substitue la dialectique de l'eschaton (ce qui est ultime) et du novum (l'impossible comme seul possible) : ce qui est l'est une fois pour toutes. Sans précédent, comme ex nihilo l'est la création, ou comme l'est Adam qui rompt avec la nature et avec l'histoire, avec l'homme naturel autant qu'avec l'homme ancien, puisqu'il n'a de rapport qu'à Dieu. Sans précédent; comme encore l'est l'homme pascal, cet homme dont la réalité se situe moins au niveau de la nature ou de l'histoire que dans le champ du langage, de la parole. Là où eschatologie et christologie font un. Et raison de plus, alors, pour veiller à ce que cette dernière ne soit engloutie par une conception dualiste du salut, qui consiste à fuir le monde tout en hypostasiant la nature ou l'histoire au motif soit que l'une est matrice du religieux, soit que l'autre est motrice de la foi. 


A l'inverse des traditions orientales qui relèvent en gros du paradigme sacral, j'ai prétendu que, puisée à la source grecque autant qu'à la source hébraïque, la tradition chrétienne fait appel au paradigme utopique du religieux. A l'inverse des religions orientales, pour lesquelles le but de la vie religieuse consiste à changer de monde, l'Occident est marqué par la démarche diamétralement opposée qui consiste à changer le monde. Et voilà qui fait l'enjeu de l'utopie autant que de l'eschatologie : l'éthique l'emporte sur la mystique comme, sur le sacré, l'emporte l'utopie. Voilà qui explique aussi la raison pour laquelle, et pas plus que le judaïsme, le christianisme n'a jamais tout à fait consenti à n'être qu'une religion de salut, même si, drainé par les besoins d'une doctrine, un certain sotérisme s'est au cours des siècles imposé parfois au détriment du règne de Dieu, ou le surnaturel au dépens de l'espérance d'un nouveau ciel et d'une terre nouvelle.

Gabriel Vahanian Université des Sciences Humaines, Strasbourg

Fonte:
http://www.eglise-reformee-mulhouse.org/vahanian/eschato.html

mardi 12 février 2013

A renúncia de Bento XVI, o Vaticano e o Brasil

A renúncia de Bento XVI, o Vaticano e o Brasil
Jorge Pinheiro, prof. Pós-Doutor em Ciências da Religião

O cardeal Joseph Ratzinger esteve no Brasil duas vezes, em 1985, após ter punido o teólogo Leonardo Boff e, em 1990, para ministrar um curso na diocese do Rio de Janeiro. Mas a visita de maio, em 2007, foi a primeira como papa Bento XVI. Oficialmente, ele veio para canonizar Frei Galvão e para abrir a 5ª Conferência Episcopal Latino-Americana, Celam, em Aparecida (SP).

Mas, ao contrário do que as aparências sugerem, há duas razões que balizaram a visita: uma de caráter interno, que Leonardo Boff chama de "a guerra na igreja", e outra de caráter externo, que é a guerra externa, ou seja, a perda significativa de fiéis nos últimos anos.

Aliás, sobre a guerra externa, segundo o Datafolha Pesquisa de Opinião (05/05/2007), a partir de dados consolidados de oito pesquisas nacionais, realizadas em 2006 e em 2007, em um total de 44.642 entrevistas, os católicos são 64%, os evangélicos pentecostais, 17%, e os não pentecostais, 5%. Os espíritas kardecistas ou espiritualistas são 3% e, umbandistas, 1%. Os adeptos do candomblé e de outras religiões afrobrasileiras não chegam a 1%, e outras religiões atingem 3%. Aqueles que dizem não ter religião ou ser ateus, 7%. É importante notar que quando o Datafolha fez essa pergunta aos brasileiros pela primeira vez, em agosto de 1994, 75% dos brasileiros se diziam católicos, 10% evangélicos pentecostais e 4% evangélicos não pentecostais. Sem dúvida, a questão da perda de fiéis no Brasil é visível e preocupante para a Igreja Católica.

Porém, a guerra interna é talvez mais importante ainda, porque a partir das posições em choque podem surgir diretrizes e, quem sabe, soluções para o catolicismo brasileiro.

Assim, o que está em jogo é se a Igreja Católica na América Latina continuará lutando para se apoiar nos postulados do Concílio Vaticano II, reformista e progressista, ou se, conforme desejava Bento XVI e a hierarquia vaticana, apoiará os valores tridentinos.

A reforma católica

O catolicismo romano não pode ser visto como um sistema teológico monolítico. Por isso, vamos analisar suas duas principais tendências teológicas e ver como, a partir do Concílio Vaticano II (1962-1965), a tendência minoritária cobra alento e passa a nortear o pensamento católico rumo à alta modernidade.

A tradição principal do catolicismo romano ressalta a transcendência de Deus e da Igreja como instituição divinamente convocada, é a Igreja vertical. Essa tradição teológica, autoritária e centralizadora, foi duramente combatida pela Reforma, mas predominou desde o Concílio de Trento (1545-1563) até o Concílio Vaticano II.

A outra tradição teológica – conhecida como princípio do desenvolvimento doutrinário – que sempre existiu, embora tenha sido minoritária durante séculos, ressalta a imanência de Deus e da Igreja como comunidade, é a Igreja horizontal.

A característica do catolicismo romano sempre foi sua eclesiologia, que realçou o papel da Igreja como mediadora da salvação. A vida sobrenatural era assim apresentada aos fiéis através de sacramentos, que são ministrados pela hierarquia.

O documento mais importante do Concílio Vaticano II, aConstituição Dogmática da Igreja, revolucionou a eclesiologia católica romana. A ênfase tradicional na Igreja como meio de salvação foi substituída por uma compreensão da Igreja como mistério, “uma realidade imbuída da presença oculta de Deus” (Paulo VI).

A concepção hierárquica foi substituída pelo conceito da Igreja como povo inteiro de Deus, e a rígida visão universal suplementada pela aceitação de sua plenitude em cada congregação local.

E, no Decreto sobre o Ecumenismo, o Concílio Vaticano II afirmou que, por ocasião da Reforma, os dois lados estavam errados, passando a procurar a restauração da unidade cristã. Dessa maneira, reconheceu que a Igreja é maior do que a Igreja católica romana.

Vejamos agora como o Concílio do Vaticano II viu e reinterpretou as bases teológicas do catolicismo romano:

Papa

É a “fonte e alicerce perpétuo e visível de unidade dos bispos e da multidão dos fiéis”. O Concílio também fortaleceu o colegiado dos bispos, modificando o governo monárquico da Igreja: “Juntamente com sua cabeça, o pontífice romano, e nunca sem sua cabeça, a ordem episcopal é revestida de supremo e pleno poder sobre a Igreja universal”.

Os sacramentos

O Vaticano II em nada mudou o princípio sacramental do catolicismo romano. O sistema sacramental foi elaborado durante a Idade Média, pelos escolásticos. Para o Concílio de Trento, os sacramentos são causas da graça e, por isso, podem ser recebidos independentemente do mérito do fiel. Segundo a teologia sacramental católica, os sacramentos conferem graça porque são expressões cristológicas do sacrifício de Jesus no calvário. Hoje em dia, os teólogos católicos preferem ligar os sacramentos à eclesiologia: não nos encontramos com Jesus, diretamente, mas com sua Igreja. Os sacramentos são sete. O batismo, a crisma e a eucaristia fazem parte da iniciação cristã.

O batismo

Todos devem ser batizados (ad remissionem), caso contrário não poderão entrar no reino do céu. Mas, além do batismo pela água, há o batismo pelo sangue (os mártires, Mt 2.16-18) e o batismo do desejo, recebido por aqueles que desejam o batismo, mas que estão impedidos de recebê-lo sacramentalmente. “Até mesmo aqueles que, sem culpa pessoal, não conhecem Cristo e Sua igreja podem ser contados como cristãos anônimos se os seus esforços para viver uma vida virtuosa realmente são uma reação favorável à Sua graça, que é dada a todos em medida suficiente”.

Temos ainda a confirmação (ad robur); a eucaristia (natureza sacrificial da missa e transubstanciação); a penitência (satisfação, confissão, contradição e absolvição – a partir do Vaticano II o papel do sacerdote na penitência é visto como terapêutico, e o propósito do sacramento é a reconciliação com a igreja), a unção dos enfermos (esse sacramento hoje é ministrado durante a missa), o casamento (indissolúvel, mas permite as dispensações delimitadas pela Lei Canônica), as ordens (sacerdócio conferido pela ordenação), a lei canônica (jurisprudência católica romana), o culto à virgem Maria (o Vaticano II dissociou a mariologia da cristologia, removendo a ênfase do papel dela em nossa redenção e ligando-a à eclesiologia – é vista como modelo, mãe e membro destacado da Igreja), e a revelação (o Vaticano II definiu a tradição como interpretações sucessivas das Escrituras).

Dessa maneira, o catolicismo romano, através do Concílio Vaticano II, deu início a uma reforma teológica: propôs a volta à Igreja horizontal, lançou as bases para um diálogo com "os irmãos separados" e preparou-se para reconquistar o terreno perdido nos últimos séculos. Mas, com a morte de Paulo VI, um novo papa, João Paulo II, de teologia tridentina, quer dizer, calcado nas doutrinas conservadoras do Concílio de Trento, colocou-se como opositor ao reformismo proposto pelo Concílio Vaticano II. E, agora, Bento XVI segue a mesma linha de seu antecessor.

O aggiornamento como solução

Os bispos latino-americanos e, em especial brasileiros, sempre viram com bons olhos o reformismo e o progressismo do Concílio Vaticano II. E foi a partir daí, e de uma leitura das doutrinas sociais da Igreja, que nasceu seu envolvimento com as questões sociais.1

Assim, para o frei Leonardo Boff,2 expoente da Igreja horizontal, a partir da Reforma no século 16 predominou, na Igreja Católica romana, a atitude de confronto: primeiro com as Igrejas protestantes e depois com a modernidade. Face à Reforma houve excomunhões, e face à modernidade, condenações contra a ciência, a democracia, os direitos humanos, a industrialização.

"Em seu documento de 2000, Dominus Jesus, o cardeal Ratzinger reafirma tal visão com a máxima clareza e laivos de fundamentalismo". Esta atitude belicosa predominou até os anos 1960, quando foi eleito o papa João XXIII. Seu propósito era passar do anátema ao diálogo. Quis escancarar as portas e janelas da Igreja para arejá-la. Considerava blasfêmia contra o Espírito Santo imaginar que os modernos só pensam erros e praticam o mal, afirma Boff.

É por isso que Carlos Signorelli, presidente do Conselho Nacional do Laicato do Brasil, diz que, desde Puebla, em 1978, "há uma disputa de modelo de Igreja na América Latina. Um dos lados aposta no compromisso com os mais pobres, outro critica o uso de métodos sociológicos para a compreensão da Igreja e aposta na evangelização da classe média". 3

Para Leonardo Boff, há bondade no mundo, como há maldade na Igreja. Importa é dialogar, intercambiar e aprender um do outro. A Igreja que evangeliza deve ela mesma ser evangelizada por tudo aquilo que de bom, honesto, verdadeiro e sagrado que puder ser identificado na história humana.

"Deus mesmo chega sempre antes do missionário, pois o Espírito Criador sopra onde quiser e está sempre presente nas buscas humanas suscitando bondade, justiça, compaixão e amor em todos. A figura do Espírito ganha centralidade".

Assim, o Concílio Vaticano II optou pelo diálogo com as igrejas protestantes e com a modernidade, através do mútuo reconhecimento e pela colaboração em vista de algo maior que a própria Igreja Católica romana, uma humanidade mais dignificada e uma Terra mais cuidada.

Este aggiornamento, segundo Boff, trouxe vitalidade em toda a Igreja, especialmente na América Latina, que criou espaço para aquilo que se chamou de Igreja da base ou da libertação e da Teologia da Libertação. Mas acirrou também as frentes. Grupos conservadores, incrustados na burocracia do Vaticano, conseguiram se articular e organizaram um movimento de restauração, de volta à grande tradição.

"Este grupo foi reforçado sob João Paulo II, que vinha da resistência polonesa ao marxismo. Chamou como braço direito e principal conselheiro, seu amigo, o teólogo Joseph Ratzinger, elevando-o diretamente ao cardinalato e fazendo-o presidente da Congregação para a Doutrina da Fé, a ex-Inquisição. Aí se processou, de forma sistemática, vinda de cima, uma verdadeira Contra-Reforma Católica. O próprio cardeal Ratzinger no seu conhecido Rapporto sulla fede, de 1985, um verdadeiro balanço da fé, dizia claramente: 'A restauração que propiciamos busca um novo equilíbrio depois dos exageros e de uma abertura indiscriminada ao mundo'."

Ele elaborou teologicamente a opção pelo confronto a partir de sua formação de base, o agostinismo, sobre o qual fez duas teses minuciosamente trabalhadas. Santo Agostinho, diz Boff, opera um dualismo na visão do mundo e da Igreja. Por um lado está a cidade de Deus e, por outro, a cidade dos homens, por uma parte a natureza decaída e por outra, a graça sobrenatural.

"O Adão decaído não pode redimir-se por si mesmo, seja pelo trabalho religioso e ético (conforme defendia Pelágio), seja por seu empenho social e cultural. Em razão desta chave de leitura, o papa Bento XVI se confronta com a modernidade, vendo nela a arrogância do homem buscando sua emancipação por próprias forças. Por mais valores que ela possa apresentar, não são suficientes, pois não alcançam o nível sobrenatural, único caráter realmente emancipador. Nela vê, mais que tudo, secularismo, materialismo e relativismo. Essa é também sua dificuldade com a Teologia da Libertação. A libertação social, econômica e política que pretendemos, segundo ele, não é verdadeira libertação, porque não passa pela mediação do sobrenatural. Se o atual papa tivesse assumido uma teologia do Espírito, coisa ausente em sua produção teológica, teria uma leitura menos pessimista da modernidade", concluiu Leonardo Boff.

Algumas considerações

Assim, podemos ver que a renúncia de Bento XVI não tem como objetivo apenas enfrentar a crise externa da Igreja Católica Apostólica Romana, a perda de fiéis. Mas, também, enfrentar internamente um debate teológico sobre os caminhos do catolicismo.

No momento se dá um embate entre as duas posições analisadas. A Igreja latino-americana pende mais pela opção do diálogo. Essa é mais adequada à cultura brasileira, que não é fundamentalista, mas relacional.

Essa luta interna na Igreja Católica não está resolvida. O certo é que o catolicismo romano, no Brasil, repetiu aqui os mesmos erros que o caracterizavam como sincretismo religioso na Europa medieval. Durante a colonização e o Império, foi considerado como o principal vínculo de unidade nacional, religião do Estado, que não permitia qualquer tipo de liberdade ou mesmo tolerância a qualquer outro pensamento religioso.

Fruto desse monismo conservador e autoritário, aceitava o sincretismo, desde que acontecessem no seio da Igreja e não fora dela. Essa postura gerou o catolicismo popular brasileiro, que só começou a sofrer mudanças a partir do processo de industrialização, no século passado.

A luta de teólogos como Leonardo Boff e de outros comprometidos com o Concílio Vaticano II é altamente positiva e se traduz numa aproximação ao pensamento reformado, em especial aquele defendido por Lutero. Mas esta luta não está definida. Podemos dizer apenas que a América Latina é hoje um dos centros onde essa guerra acontece e que, muito possivelmente, o mundo católico acompanhará o caminhar dos católicos latino-americanos e caribenhos. E aí reside a esperança daqueles que defendem o aggiornamento do catolicismo.

Notas do autor
1 Jorge Pinheiro, Teologia e Política, Paul Tillich, Enrique Dussel e a Experiência Brasileira, São Paulo, Fonte Editorial, 2006, pp. 147-184.
2 Leonardo Boff, "Bento 16 e a guerra na igreja", Opinião, Folha de S. Paulo, 13/05/2007.
3 Rafael Cariello, "Igrejas do papa e da América Latina se opõem em encontro", Folha de S. Paulo, 13/05/2007.

samedi 9 février 2013

Para pensar o Carnaval brasileiro

Na multicultura relacional brasileira, o tempo vivido disputa com tempo lembrado. O tempo vivido é a rua, o movimento, é o tripalium. O tempo lembrado é o sonho, é o que foi e que deveria continua a ser. O tempo vivido é o suor e o cansaço. E a festa é a ruptura do tempo vivido. É o momento em que o corpo deixa de ser gasto pelo tripalium e é gasto pelo prazer. Talvez por isso, o maior acontecimento relacional da afrobrasilidade é o carnaval. É o momento do contrário. Troca-se o dia pela noite, a casa pela rua. A regra é o excesso. Não é uma festa de máscaras, mas de fantasias. É uma leitura da liberdade considerada fim das regras e convenções. Vive-se o fim da miséria, o fim da escravidão, o fim do pelourinho. É a utopia socialista em versão brasileira, onde todos somos iguais diante da possibilidade do prazer. Ou como canta Ney Matogrosso:

“Não existe pecado do lado de baixo do Equador/ vamos fazer um pecado rasgado/ suado/ a todo vapor/ me deixa ser teu escracho/ capacho/ teu cacho/ diacho/ riacho de amor/ Vê se me usa/ abusa/ lambuza/ que a tua cafusa não pode esperar/ quando a lição é de escracho/ olha aí/ sai de baixo/ que eu sou professor/ deixa a tristeza pra lá/ vem comer/ vem jantar/ sarapatel/ caruru/ tucupi/ tacacá/ vê se me esgota/ me bota na mesa/ que a tua holandesa não pode esperar/ deixa a tristeza pra lá/ vem comer/ vem jantar/ sarapatel/ caruru/ tucupi/ tacacá”.
Esses códigos das brasilidades caminham ao lado da questão racial. A solução relacional para a injustiça social foi a miscigenação e para a opressão sexual, o sincretismo. A oposição entre as culturas latinas, as culturas indígenas e as culturas negras não se tornaram irreconciliáveis, mas deram origem a uma diversidade de sínteses, à multicultura popular brasileira. Essa multicultura mestiça é entendida como a maneira de o brasileiro viver a vida, seu gosto pela festa, pela música, pela dança, pela comida e pelo sexo. Mostra uma forma de viver em que a vida não é algo acabado e definido, mas que se vai construindo no concreto do cotidiano vivido. Essa é uma característica muito especial da multicultura relacional brasileira, na qual a vida tem de ser reelaborada a cada dia. Não são formas multiculturais fixas, mas vão-se modificando conforme se vai vivendo. Esses dados são fundamentais para se entender a questão da identidade do brasileiro. Sua identidade não existe como algo dado. Também a identidade vai sendo construída e os elementos externos e as pressões mais novas, isto é, globalizadoras vão sendo deglutidas e vividas no hoje que se vive.
O concreto e imediato da vida do brasileiro o leva a ser um ser relacional. Mais do que estar situado diante das coisas e da natureza, o realizar-se do brasileiro como ser dá-se através do relacionar-se. Assim, não se considera prisioneiro do destino, das forças das coisas ou da natureza. É um ser que procura aliados, quer para a realização de seus prazeres, quer para enfrentar os desafios impostos por elementos ou realidades alheias a seu cotidiano. A essa procura de alianças, o brasileiro chama de amizade e companheirismo. E se ele pode relacionar-se com seus pares, também o pode fazer com a transcendência.

Para o brasileiro, o relacionar-se com o transcendente jamais significa uma negação do humano. Daí a intimidade que aparenta ter com a divindade. E as religiosidades brasilíndias e afrobrasileiras, que nasceram do sincretismo, são mais do que “um simples mecanismo de adaptação de migrantes pobres ao meio urbano, uma religião como a Umbanda, que tem crescido não somente entre as classes baixas, mas também entre as médias, deve ser vista como uma síncrese das tradições afrobrasileiras e espíritas. É por isso que a verdadeira chave da compreensão da Umbanda reside na própria sociedade brasileira, já que essa religião é fruto de transformações sociais e econômicas que ocorreram no país”, e são traduções antropológicas da multiculturalidade brasileira, inclusive de seus códigos relacionais.

Dessa maneira, “a adesão das massas urbanas à umbanda e ao pentecostalismo são freqüentemente explicados em termos de exposição às relações de produção nas cidades. Assim, as pessoas que não podem recorrer aos relacionamentos familiares existentes no campo entre camponês ou trabalhador rural e seu patrão (os quais embora extremamente exploradores pelo menos propiciam um tipo mais pessoal de contato e algum tipo de ‘proteção’) buscariam substitutos em cidades onde as relações capitalistas de trabalho deixam menos margem para contatos pessoais e nos quais os empregadores não têm obrigações morais em relação aos seus empregados. Pentecostalismo e umbanda são religiões de massa importantes no Brasil. Para certos setores da população elas têm funções sociais e psicológicas significantes”.
Dessa maneira, tanto o ideal de liberdade como outras características do brasileiro traduzem uma profunda dimensão coletiva. Isso não elimina ou massacra sua pessoalidade, mas, na maioria dos casos, lhe permite reafirmá-la. E o massacre não acontece porque o brasileiro é coletivo e comunitário, mas porque não sobrevaloriza as estruturas sociais. Assim, ao desprezar as estruturas, ao negar qualquer redução ao papel de simples engrenagem, reafirma a amizade e a solidariedade como formadoras do coletivo. Para ele, a liberdade, a amizade e a solidariedade acontecem na comunidade. É difícil imaginar o brasileiro solitário.

Ao contrário, a imagem cultural e social que temos dele, e que toda a multicultura popular reflete, é a do homem e mulher cercados de amigos, conhecidos e parentes. A sua religiosidade é sempre coletiva. E sua espiritualidade tem um forte matiz comunitário, quer falemos da Umbanda ou do pentecostalismo popular. Para o brasileiro, a religião não pode ser vivida individualmente. A idéia de que a religião é questão de foro íntimo é uma abstração branca, calvinista ou tridentina. Ao contrário, na multicultura brasileira todos discutem a religião do outro, opinam e querem vê-lo junto na mesma comunidade. E em relação às festas não poderia ser diferente. E festa implica comida, música e dança. Em condições normais, o brasileiro não come, nem bebe sozinho. A comunidade é o espaço onde sua pessoalidade e criatividade atingem os níveis mais altos.

Citações pela ordem:
Ney Matogrosso, “Não existe pecado ao sul do equador”. Letra e música de Chico Buarque e Ruy Guerra, in: “Feitiço Elektra”, 1978.
Peter Fry e Gary Nigel Howe, “Duas respostas à aflição: umbanda e pentecostalismo” in Debate e Crítica, São Paulo, no 6, 1975. Ruben George OLIVEN, A antropologia de grupos urbanos, Petrópolis, Ed. Vozes, 1987, p. 42.

mercredi 6 février 2013

Le bonheur à tout prix

LE BONHEUR A TOUT PRIX

Pasteur : Didier Roca - Eglise Evangélique Baptiste de Montpellier (France)

proverbes 3:1-15

"1 Mon fils, n’oublie pas mon enseignement et que ton cœur garde mes commandements,
2 car ils prolongeront la durée de tes jours, les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix.
3 Que la bonté et la vérité ne t’abandonnent pas: attache-les à ton cou, écris-les sur la table de ton cœur.
4 Tu trouveras ainsi grâce et bon sens aux yeux de Dieu et des hommes.
5 Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence!
6 Reconnais-le dans toutes tes voies et il rendra tes sentiers droits.
7 Ne te prends pas pour un sage, crains l’Eternel et détourne-toi du mal:
8 cela apportera la guérison à ton corps et un rafraîchissement à tes os.
9 Honore l’Eternel avec tes biens et avec les premiers de tous tes produits!
10 Alors tes greniers seront abondamment remplis et tes cuves déborderont de vin nouveau.
11 Mon fils, ne méprise pas la correction de l’Eternel et ne sois pas dégoûté lorsqu’il te reprend,
12 car l’Eternel reprend celui qu’il aime, comme un père l’enfant qui a sa faveur.
13 Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse et l’homme qui possède l’intelligence!
14 En effet, le bénéfice qu’elle procure est préférable à celui de l’argent et le profit qu’on en tire vaut mieux que l’or.
15 Elle est plus précieuse que les perles, elle a plus de valeur que tout ce que tu pourrais désirer."

La recherche du bonheur fait partie d'une quête commune à tous les hommes.
Chaque personne, chaque génération, quels que soient son milieu social, sa culture, sa situation géographique recherche le bonheur.

Il y a malgré tout quelques problèmes de taille à résoudre. Tout d'abord, il faudrait se mettre d'accord sur ce qu'est réellement le bonheur et là il y a de fortes chances pour que nous ayons beaucoup de mal à mettre tout le monde d'accord.

Beaucoup affirment avec force que le bonheur n'existe pas et que l'homme peut, tout au plus, espérer de profiter des bons moments d'une vie pas toujours très charitable. D'autres ne pensent même pas au bonheur, parce que toute leur énergie est mise dans une survie de chaque instant. Nombreux sont ceux qui ont une vision romantique du bonheur. La littérature française de ces trois derniers siècles regorge de ces (belles ?) histoires dans lesquelles le bonheur se cherche toujours et se trouve parfois dans les relations "homme femme" : expositions du sentiment amoureux dans tous ses labyrinthes, tentatives de mettre en place les pièces d'un puzzle éternel qui reste malgré tout un mystère.

Le bonheur se trouve-t-il enfin dans la réussite sociale ? Dans l'amassement effréné de biens de toutes sortes ? Pour finir, le bonheur est-il dans la célébrité et la reconnaissance des foules ?

Nombreuses sont les questions que nous pourrions continuer de poser. Immense est le tableau de cette humanité qui cherche le bonheur sur tous les chemins du plaisir, de la réussite, de la philosophie … et de la religion.

Il n'est pas question pour moi de me lancer dans un traité philosophique sur le bonheur. Je suis un homme heureux. Malgré les difficultés - nombreuses et parfois rugueuses - de l'existence, je suis un homme heureux. J'ai une épouse merveilleuse. Mariés depuis 34 ans, ensemble nous avons eu 4 filles, 4 perles qui sont autant de cadeaux. Toujours ensemble, nous traversons la vie avec ses bons moments et ceux qui le sont moins. Comme le sage de la Bible, j'ai juste envie de dire : "Le seul bonheur, pour l’homme, consiste à manger, à boire et à se donner du plaisir dans son travail, mais cela aussi, je l’ai bien vu moi-même, dépend de Dieu." (Ecclésiaste 2:24). Sans doute trouverez-vous que ma vision du bonheur est très restrictive, mais je suis un boulimique de la vie, dans laquelle je croque à pleine dents. Je suis aussi prêt à me battre pour que chaque instant de mon existence, soit heureux et jamais je ne baisserai les bras.

Parler du bonheur est particulièrement difficile.

Alors, je me suis tourné vers la Bible. J'y ai trouvé un message qui m'a quelque peu déstabilisé, mais qui m'a ouvert les yeux sur la pensée de Dieu.

Le peuple d'Israël avait tout pour être heureux ! Dieu, son Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob venait de le faire sortir d'Egypte, la Mer des Roseaux s'était ouverte pour le laisser passer et en se refermant, elle avait détruite l'armée du Pharaon. Le peuple d'Israël est désormais libre, il est en route vers la terre promise, vers ce bonheur qui le fuit depuis 400 ans. Pourtant, à peine arrivé dans le désert, le peuple murmure contre Moïse et contre Dieu : l'eau de la source (Mara) est amère (Exode 15:23-24). Le peuple connaît la puissance de ce Dieu qui vient de le libérer. Il a vu de quelles plaies les Egyptiens ont été frappées, il est aussi passé au milieu de la mer qui s'est refermée derrière lui. Mais à la première difficulté le peuple murmure … aurait-il déjà oublié la puissance et la ferme volonté de son Dieu ? En fait, le peuple d'Israël ne laisse même pas à Dieu le temps d'intervenir, que déjà il se révolte. Par l'intermédiaire de Moïse, de cette eau qui est impropre à la consommation, Dieu en fera une eau pure.

Incapable de mesurer la valeur de la liberté que Dieu lui offre et même de la savourer, incapable de compter les bienfaits de Dieu, incapable de s'attendre à Dieu dans une attitude de foi sereine, le peuple d'Israël fera de la révolte et de la revendication son mode de communication préféré avec Dieu, ce qui lui vaudra quelques châtiments dont certains furent terribles. L'invasion des serpents au milieu du campement d'Israël (Nombres 21) figure parmi les plus révélateurs. Alors que Dieu ne voulait que son bonheur, ce que nous voyons dans le désert, c'est un peuple insatisfait qui préfère les coups de fouet des Egyptiens, les privations et les durs travaux de l'esclavage, à la présence Dieu au milieu de lui, à la protection de Dieu, à la bénédiction de ce Dieu qui le nourrit et qui le guide vers la réalisation de ses promesses. Dieu se révèle à son peuple par sa Parole il fait alliance avec lui en lui disant : "Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir d’Egypte, de la maison d’esclavage." (Exode 20:2) Mais alors même que Dieu est en train d'écrire les paroles de cette alliance sur des tables de pierre, le peuple fabrique un veau d'or et se prosterne devant son idole aux cris de : "Israël ! Voici ton dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Egypte." (Exode 32:4).

Mais il y a plus … ou pire. Le plan de Dieu, c'était de faire sortir le peuple du désert de le faire entrer dans la terre promise à Abraham. Un pays magnifique, une terre prospère, c'est le rapport fait par ceux qui l'ont explorée : la seule difficulté, ce sont ses habitants : "un peuple puissant, des villes fortifiées et grandes et quelques géants" (Exode 13) qu'il faudra chasser.
A l'écoute de ce rapport, au lieu de se saisir par la foi des promesses de Dieu, au lieu de s'appuyer sur la puissance de Dieu et de se préparer à combattre pour conquérir le pays promis, Israël manquera de foi, de courage … attendant que tout lui tombe dans la main, sans combat et sans effort, une fois de plus, le peuple murmurera : "Si seulement nous étions morts en Egypte ou dans ce désert! Pourquoi l’Eternel nous fait-il aller dans ce pays où nous tomberons par l’épée, où nos femmes et nos petits enfants deviendront une proie? Ne vaut-il pas mieux pour nous retourner en Egypte? Et ils se dirent l’un à l’autre: Nommons un chef et retournons en Egypte." (Nombres 14:2-4). A la suite à ces événements, Israël sera condamné à vivre dans le désert pour les 40 années suivantes : jusqu'à ce que disparaisse toute la génération d'adultes qui est sortie d'Egypte.

Par manque de foi, par passivité, se trompant sur Dieu et sur lui-même, Israël est passé à côté de la bénédiction de Dieu et du bonheur immense de prendre possession de ce que Dieu avait promis.

Il est difficile de parler du bonheur. Parce que c'est un concept finalement assez vague qui ne cesse d'évoluer d'un siècle à l'autre et d'une culture à l'autre. Si je me fie à mon dictionnaire, je ne suis pas très avancé pour autant.

Voici ce que dit par exemple le Larousse (célèbre dictionnaire français) : "Bonheur - état de complète satisfaction, de plénitude - Chance, circonstance favorable - Joie, plaisir liés à une circonstance."

Il faut avouer que c'est là une bien pauvre définition pour une chose à laquelle le monde entier aspire. Et je me dis que si le bonheur n'est que la recherche d'une satisfaction ou de la plénitude, il est alors normal que la surface de la terre soit tapissée de personnes insatisfaites, voir désespérées, parce qu'elles n'arrivent que trop rarement (sinon jamais) à cette totale satisfaction et si elles y arrivent, elles ont bien du mal à s'y tenir, parce qu'il suffit de bien peu de choses pour que disparaisse ce bonheur éphémère.

Des mots pour dire le bonheur ?

Dans la bible, on ne trouve finalement que peu de textes qui mentionnent le bonheur, comme si l'Ecriture voulait rester discrète sur ce sujet. L'Ancien Testament ne donne aucune définition du mot "bonheur", c'est même un mot qu'il semble ignorer et là où les traducteurs de la Bible disent "bonheur", on trouve cinq mots différents qui disent autre chose.

1er mot : GAD – c'est le nom que porte un des enfants de Jacob et de Zilpa la servante de sa femme Léa. On traduit généralement ce mot par bonheur, mais en fait il s'agit plutôt de ce qu'on appelle "la bonne fortune". Cette opportunité qui fait que certains moments de la vie nous plongent dans une joie profonde : "Zilpa, la servante de Léa, donna un fils à Jacob. Léa dit: « Quel bonheur! » (gad) et elle l’appela Gad. (Genèse 30:10-11).

2ème mot : NAWIM – on traduit parfois ce mot par bonheur, mais on le traduit aussi par "délice". Il désigne ce qui est plaisant, agréable, doux, charmant (comme un chant par exemple). "Tu me fais connaître le sentier de la vie; il y a d’abondantes joies dans ta présence, un bonheur (nawim) éternel à ta droite. ("des délices éternelles")" (Psaume 16:11).
3ème mot : YATAB – ce mot désigne le fait d'être joyeux, il introduit aussi la notion de jouissance que l'homme peut avoir dans sa vie. "Cependant, souviens-toi de moi quand tu seras heureux (Yatab) et fais preuve de bonté envers moi: parle en ma faveur au pharaon et fais-moi sortir de cette maison." (Genèse 40:4).

4ème mot : - ESHER – ce mot parle du mouvement, ou de la marche pour être heureux ou encore des actes qui nous conduisent à être heureux. "Celui qui méprise son prochain commet un péché, mais celui qui a pitié des plus humbles connaît le bonheur (esher)." (Proverbes 14:21).

5ème mot : TOBE – c'est ce qui est agréable, plaisant et qui procure un certain bien-être, c'est aussi le bien-être qui vient d'une certaine prospérité. C'est ce dont il est question dans texte : "Oui, le bonheur (tobe)et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie et je reviendrai dans la maison de l'Éternel jusqu’à la fin de mes jours." (Psaume 23:6) ceci pour dire qu'en présence du berger, la vie devient agréable et prospère. De même dans ces paroles : "Celui qui se montre attentif à ce qui est dit trouve le bonheur …" (Proverbes 16:20). "Celui qui trouve une femme a trouvé le bonheur (tobe); c’est une faveur qu’il a reçue de l’Eternel." (Proverbes 18:22)

C'est enfin toujours ce mot (tobe) qu'on trouve le plus souvent traduit par bonheur dans l'ensemble de l'Ancien Testament et notamment dans livre de l'Ecclésiaste (Ecclésiaste 2:1, 2:24, 3:12, 4:8 …). "Je me suis dit dans mon cœur: « Allons! Essaie la joie et tu goûteras au bonheur! (tobe)» J’ai constaté que cela aussi, c’était de la fumée." (Ecclésiaste 2:1).

Ces cinq mots expriment le fait que tout au long de sa vie, l'homme est invité à tout faire pour être heureux. C'est-à-dire qu'il doit vivre le moment qui passe, saisir chaque moment de joie, de plaisirs, les provoquer si nécessaire et les recevoir quand on les lui offre. C'est pourquoi, dans la plupart des textes bibliques où se trouvent ces mots cités précédemment, il est surtout question pour l'homme de faire. L'homme est en action pour faire son bonheur, il se bat pour son bonheur, c'est-à-dire pour se rendre heureux, mais en sachant que ce bonheur là est aussi un passage, un instant plus ou moins long de sa vie. Parfois, ce combat (parce que ça en est un) est long, difficile, parce qu'il faut vaincre quantité d'obstacles et d'épreuves, pour espérer être heureux.

C'est l'Ecclésiaste qui me semble le mieux définir cela dans la parole déjà citée : "Le seul bonheur (tobe), pour l’homme, consiste à manger, à boire et à se donner du plaisir dans son travail, mais cela aussi, je l’ai bien vu moi-même, dépend de Dieu." (Ecclésiaste 2:24).

Le bonheur : fantasme ou supercherie ?

L'ensemble de cette réflexion nous amène loin de la conception romantique du bonheur qui est l'exigence d'une sorte de plénitude qui descend sur l'homme ou qui prend possession de lui … jusqu'à le détruire parfois. Le bonheur est finalement un grand fantasme ou une supercherie. Victor Hugo (grand écrivain français du 19ème siècle) a écrit ceci : "Le bonheur est vide, le malheur est plein." Ainsi, le bonheur se fait souvent sentir quand il est absent. Mais son absence ne vient-elle pas du fait que l'homme ne cherche pas du bon côté pour le trouver ?

Le Nouveau Testament n'apporte pas plus d'éclaircissement à cette notion de bonheur, sinon que lui aussi parle du plaisir et de la joie. Les mots (en Grec) du Nouveau Testament qu'on traduit par "bonheur", sont encore moins nombreux que ceux de l'Ancien Testament (en Hébreu).

On cite souvent ce texte dans les Eglises : "Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir." (Actes 20:35). L'apôtre Paul dit que c'est une parole prononcée par Jésus-Christ. En fait, nous sommes là dans le bonheur (makarios) que procure la bénédiction de Dieu, qui descend sur celui qui fait preuve de générosité. C'est un mot (makarios) qu'on retrouve également dans la lettre que Paul écrit aux chrétiens de Galatie qui étaient tentés de revenir à l'observation de la loi de Moïse : "Où donc est l’expression de votre bonheur (makarios)?" (Galates 4:15). Sous entendu (et pour être bref) : "où est l'expression de la bénédiction que vous avez reçu ?"

Quand, s'adressant à l'Eglise de Rome, Paul dit : "Constamment je demande à Dieu d’avoir enfin, dans le cadre de sa volonté, le bonheur d’aller chez vous." (Romains 1:10). Ce n'est pas le même mot qu'il utilise et dans ce texte, ce qui domine, c'est plutôt la notion d'une joie intense (euodoo) que celle du bonheur.

En conclusion et pour vous provoquer, vous lecteurs, je dirai ceci : si vous cherchez le bonheur qui est fait de plénitude ici bas, dans les mêmes lieux et dans les mêmes circonstances où cherchent les hommes, vous risquez fort de ne pas le trouver. S'adressant à Dieu, Jérémie dit ceci : "Tu m’as enlevé la paix, j’ai oublié ce qu’est le bonheur (tobe)." (Lamentation 3:17 ). Sans la paix que Dieu donne, il n'y a pas de bonheur ici bas, quels que soient les plaisirs dont on peut jouir par ailleurs.

Vous cherchez à vivre le bonheur ? Cherchez-le au bon endroit !

On peut-être chrétien et vivre de profondes insatisfactions et déceptions. On peut-être chrétien et être profondément frustré. On peut-être chrétien et vivre dans une tristesse permanente et épuisante. Et je parle là d'un état permanent, ou général et non de ces tristesses que produisent les épreuves de l'existence.

Finalement, le bonheur, ne peut venir que de la relation de chaque croyant avec Dieu. Jésus-Christ était en paix avec son Père et aucune de ses épreuves, aucune de ses souffrances, n'ont pu altérer sa communion avec Lui. Sa nourriture, ce qui construisait sa vie ici bas, c'était de faire la volonté de son Père (Jean 5). Je suis conscient que je ne fais qu'effleurer cette notion du "bonheur", et je vous avoue avoir été étonné de découvrir que finalement on en parle si peu comme la Bible en parle. Alors pour terminer, comme base de réflexion, je reviens à ce texte du livre des Proverbes qui figure en tête de ma réflexion.

Comme premier acte de bonheur voici ce que je vous propose.

Vivre dans l'alliance avec Dieu.

"Mon fils, n’oublie pas mon enseignement et que ton cœur garde mes commandements, car ils prolongeront la durée de tes jours, les années de ta vie, et ils augmenteront ta paix." (Proverbes 3:1-2).

L'auteur du livre des Proverbes n'avait que les textes de la loi de Moïse pour comprendre la perfection de la sainteté de Dieu, la force infinie de sa toute puissance et l'immensité sans limite de son amour. Mais par l'écoute de ces textes, il savait aussi que c'était dans le vécu de l'alliance avec Dieu qu'il trouverait le bonheur.

Nous avons dans l'Ecriture (Ancien Testament et Nouveau Testament) toute la révélation de Dieu : sa puissance, sa sainteté, son amour, sa justice, la manifestation de sa grâce en Jésus-Christ, la promesse de son Royaume, l'assurance de sa présence en nous par le Saint-Esprit et bien d'autres choses encore, alors posons-nous la question : Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

Vivre notre foi.

"Que la bonté et la vérité ne t’abandonnent pas: attache-les à ton cou, écris-les sur la table de ton cœur. Tu trouveras ainsi grâce et bon sens aux yeux de Dieu et des hommes." (Proverbes 3:3-4).

Connaissant par la Parole de Dieu, ce qu'Il aime et ce qu'il désapprouve, ce qui nous édifie ou ce qui nous détruit dans notre relation avec Lui et avec notre prochain : vivons notre foi ! "Mettez en œuvre votre salut avec crainte et profond respect." (Philippiens 2:12) dit l'apôtre Paul aux Philippiens. Pour mémoire, je vous rappelle, que toute la loi de Dieu est contenue dans ces deux commandements, qui sont semblables : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … Tu aimeras ton prochain comme toi-même." (Matthieu 22:38-39).

"Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur et ne t’appuie pas sur ton intelligence! Reconnais-le dans toutes tes voies et il rendra tes sentiers droits." (Proverbes 3:5-6). Il n'y a rien d'autres dans ces paroles qu'une invitation à la foi, un appel à se tourner vers Dieu pour qu'il règne sur chaque croyant. Si Jésus-Christ est le Sauveur, il veut aussi être le Seigneur (et non pas un dictateur) de chaque personne qui a foi en lui. Le Christ ressuscité est le Seigneur, celui qui conduit et qui protège, celui qui guide sur le chemin de son Royaume et sur le chemin de la liberté. Il est enfin celui qui donne sa paix.

La paix avec Dieu est le bonheur véritable

"Ne te prends pas pour un sage, crains l’Eternel et détourne-toi du mal: cela apportera la guérison à ton corps et un rafraîchissement à tes os." (Proverbes 3:7). La paix avec Dieu, la communion avec le Père, cette paix que Dieu donne à celui qui la demande, c'est là la guérison essentielle et suffisante.

"Tu m’as enlevé la paix (shalom), j’ai oublié ce qu’est le bonheur (tobe)." (Lamentations de Jérémie 3:17 ). Ce mot "shalom" décrit un état de plénitude, de perfection, de paix et de satisfaction totale : ne serait-ce finalement pas ça le bonheur ?

Christ ressuscité est notre paix (Ephésiens 2:14). En lui se trouve le pardon, la réconciliation avec Dieu et parfois avec nous-mêmes. Il est la guérison de nos blessures les plus profondes.

La générosité.

"Honore l’Eternel avec tes biens et avec les premiers de tous tes produits! Alors tes greniers seront abondamment remplis et tes cuves déborderont de vin nouveau." (Proverbes 3:9-10). Lorsque nous regardons ce que Dieu a accompli pour nous, nous ne pouvons qu'être confondus par la folle générosité de son amour. En Jésus-Christ, tout est grâce. Nous ne pouvons rien racheter de ce qu'il nous offre. Les offrandes que nous mettons dans le tronc ou la collecte d'une Eglise ne sont pas un paiement de sa grâce (sinon ce ne serait plus la grâce). Nos offrandes ne sont pas un impôt, une espèce de "denier du culte". Nos offrandes ne sont et ne peuvent être que l'expression de notre amour, de notre reconnaissance et de notre générosité.

Appeler les chrétiens à la générosité s'impose comme une évidence. Nous ne pouvons nous dispenser d'être généreux dans nos offrandes et dans l'offrande de notre vie. Puisque notre vie appartient à Dieu le Père, alors nous n'avons rien à retenir pour nous-mêmes. L'expression de notre reconnaissance ne peut se manifester que par le fait de vivre joyeusement et paisiblement en lui, mais aussi par cette reconnaissance qui nous pousse à lui offrir notre vie et donc une part de nos biens : parce que tout vient de lui.

Suivre l'éducation qui vient de Dieu

"Mon fils, ne méprise pas la correction de l’Eternel et ne sois pas dégoûté lorsqu’il te reprend, car l’Eternel reprend celui qu’il aime, comme un père l’enfant qui a sa faveur." (Proverbes 3:11-12). Nous sommes pécheurs, et nous les resterons tout le temps de notre vie. Le père, c'est aussi celui qui éduque son enfant, qui l'encourage et qui le reprend quand il s'égare. Le chrétien reste une personne libre, par conséquent, il a toujours le choix de faire la sourde oreille et d'écarter le regard de Dieu de sa vie, ou au contraire de se rapprocher toujours plus de Dieu.

Mais la paix (shalom) se trouve toujours dans la liberté que je laisse à Dieu pour Dieu agir en moi. Dieu nous connait, il sait tout de nous. David prie ainsi : "Examine-moi, ô Dieu, et connais mon cœur, mets-moi à l’épreuve et connais mes pensées! Regarde si je suis sur une mauvaise voie et conduis-moi sur la voie de l’éternité!" (Psaume 139:23-24)

La sagesse

"Heureux (esher) l’homme qui a trouvé la sagesse et l’homme qui possède l’intelligence! En effet, le bénéfice qu’elle procure est préférable à celui de l’argent et le profit qu’on en tire vaut mieux que l’or. Elle est plus précieuse que les perles, elle a plus de valeur que tout ce que tu pourrais désirer." (Proverbes 3:-13-15).

La sagesse c'est le "hokma" en Hébreu. Dans la version grecque de l'Ancien Testament, ce mot est "logos" : qu'on traduit aussi par "parole".

Jésus-Christ est le logos de Dieu, il est la Parole : tout a été créé par Lui et pour lui. "La Parole est venue chez les siens, et les siens ne l’ont pas accueillie. – écrit Jean - Mais à tous ceux qui l’ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu, puisqu’ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d’un mari, mais qu’ils sont nés de Dieu." (Jean 1:11-13)

Vivre en Jésus-Christ ressuscité, là est le bonheur, parce que là est la paix.
Dieu appelle l'homme à vivre pleinement la paix de Dieu (shalom) ici bas : le Christ a donné sa vie pour que ce soit possible. Cette paix profonde se trouve dans la communion avec le Christ ressuscité (l'alliance), à l'écoute de sa parole (sagesse). C'est par sa vie et la générosité de sa foi que chaque chrétien manifeste qu'il appartient au Christ. A ses pieds est notre joie. Dans la marche avec Lui (Hébreux 12:1-2), se trouve le bonheur, parce que Jésus-Christ, le berger, conduit son peuple sur le chemin du Royaume, le pays de la promesse.

- Didier Roca -

Alguns posicionamentos do EpJ no debate atual sobre homossexualidade

16/05/2011

ALGUNS POSICIONAMENTOS DO EPJ NO DEBATE ATUAL SOBRE HOMOSSEXUALIDADE

Introdução:

Um dos grandes desafios do EPJ é refletir e produzir posicionamentos sobre as questões ligadas a homossexualidade e o Estado brasileiro. Esse assunto se torna importante por pelo menos três motivos:

As igrejas evangélicas têm demonstrado um grande interesse pelo tema e acreditamos que o EPJ poderá contribuir com aqueles que desejam entender melhor as proposições que tramitam pelo Congresso Nacional, políticas de governo, dentre outros assuntos ligados ao Estado.

Espera-se do EPJ um posicionamento sobre as diversas questões relacionadas com a homossexualidade e o Estado, na perspectiva da justiça implicada pela fé cristã.

Precisamos ser proféticos em relação a determinados posicionamentos que exploram o desconhecimento e o medo das pessoas visando promover uma manipulação religiosa, com o objetivo de promover a imagem de lideranças individuais e, até mesmo, de se beneficiar com atos de corrupção ou fortalecer a opressão socioeconômica do povo brasileiro.

Trata-se de um tema bastante polêmico que tem gerado divisões em vários grupos e denominações. O EPJ é formado por pessoas de várias correntes teológicas e, portanto, com posições divergentes a respeito do assunto. Temos, contudo, convivido com essa diversidade, o que tem fortalecido a busca conjunta da justiça e das orientações do Reino de Deus na área sociopolítica. Apelamos para que não deixemos que essa reflexão nos afaste desse objetivo maior e promova divisões entre nós. Temos hoje ferramentas que permitem a participação de todos aqueles que se disponibilizarem a debater e propomos que façamos o máximo dentro do limite de nossas possibilidades.

Posições sobre o que é a homossexualidade

O EPJ entende que os fenômenos relacionados à sexualidade humana – entre eles a homossexualidade e a heterossexualidade – são fenômenos complexos e multidimensionais nos quais interagem, de forma dinâmica e indeterminada, aspectos ligados às dimensões biológica, psicológica e social dos seres humanos.

O tema é muito amplo e complexo, mas, talvez possamos resumir as tendências no meio cristão a duas posições divergentes a respeito do assunto:

Uma posição afirma que a homossexualidade é um pecado que deve ser corrigido. Os homossexuais devem se converter e procurar tratar a sua homossexualidade visando atingir uma orientação heterossexual.

Outra posição afirma que a compreensão da homossexualidade ou mesmo dos relacionamentos homossexuais como intrinsecamente pecaminosos se baseia em uma leitura superficial e equivocada da Bíblia e, portanto, que a homossexualidade não é incompatível com a fé cristã.

Estamos propondo que o EPJ não escolha uma dessas duas posições e que tente conviver com pessoas que pensam das duas formas, nos limites propostos por nossa Carta de Princípios. Não desejamos trazer esse conflito teológico para a pauta do EPJ. Propomos nos concentrar exclusivamente nas questões relacionadas ao papel do Estado em relação ao assunto.

Liberdade religiosa de posicionamento sobre o tema

É um ponto pacífico para o EPJ a clara defesa da liberdade religiosa de posicionamento sobre o tema. Defendemos que os religiosos possam considerar comportamento homossexual como pecado, por exemplo, desde que não haja qualquer forma de violência física, incitação à violência, promoção/reforço de estigmas sociais e agressão/humilhação verbal ou simbólica.

Sabemos que existem homossexuais que defendem a criminalização de quem considerar a prática homossexual como pecado, mas, temos observado através dos pronunciamentos do presidente da ABGLT, Tony Reis, que essa não é uma reivindicação do movimento homossexual organizado e, portanto não se trata de um conflito existente.

Posicionamento contra a homofobia

Segundo o dicionário Michaelis homofobia significa:

"1 Preconceito contra os homossexuais.
2 Ódio aos homossexuais, muitas vezes levando à violência física."

Nesse sentido, devemos ser todos contra a homofobia. A defesa de qualquer posicionamento teológico-doutrinário, desde que realizada de forma pacífica e sem estabelecer estigmas ou preconceitos contra os homossexuais não pode ser considerada homofobia.

Reafirmamos, conforme reza nossa Carta de Princípios, que “é indispensável promover valores fundamentais para o ser humano como solidariedade, igualdade, liberdade, respeito à dignidade humana, tolerância e cuidado com a natureza e com as gerações futuras.”

Abertura para o diálogo com os movimentos homossexuais

Propomos que o EPJ esteja aberto para o diálogo com os movimentos homossexuais. Não seria coerente de nossa parte querer falar sobre o movimento, sem querer falar com o movimento. Referimo-nos a diálogo no sentido de que cada parte se coloque no lugar da outra. O desafio é nos colocarmos no lugar dos movimentos homossexuais com o objetivo de compreender melhor as suas questões e demandas. Semelhantemente, convidamos outras instituições evangélicas a também considerarem participar deste diálogo, esperando que seja respeitoso.

A defesa do Estado laico e as reivindicações dos movimentos homossexuais

Um Estado laico ou secular é uma nação ou país que é oficialmente neutro em relação às questões religiosas, não apoiando e nem se opondo a nenhuma religião. Um estado laico trata todos os seus cidadãos igualmente, independente de orientação religiosa, e não deve dar preferência a indivíduos de certa religião ou sem religião. Essa foi uma conquista apoiada pelos protestantes quando a maioria dos Estados tinha o catolicismo como religião oficial ou exclusiva.

Entendemos que em um Estado Laico não podem existir leis que subtraiam a liberdade religiosa, de expressão e de organização. Não pode haver leis que obriguem as igrejas a realizar casamentos homossexuais ou que venham a proibir que seja considerada essa questão no processo de seleção de seus oficiais religiosos, por exemplo.

Ao mesmo tempo entendemos que as religiões não podem querer impor as suas convicções de fé para todos os cidadãos. Entendemos também que não seria coerente um posicionamento contrário à defesa de direitos civis, legítimos e justos, reivindicados pelos homossexuais em função de convicções religiosas. Acreditamos que, para sermos coerentes com o cristianismo, precisamos ser solidários com os movimentos homossexuais quando suas reivindicações forem legítimas e justas.

EPJ – Evangélicos Pela Justiça

mercredi 30 janvier 2013

O mal consentido

A pergunta que faço, diante da tragédia de Santa Maria, e esta é uma questão teológica é como se transforma nossa concepção do mal quando o abordamos em toda a sua banalidade. A primeira coisa que me ocorre é que o bem será sempre um movimento de vida, com total ausência do consentimento da alienação. Donde, seguindo a trilha de Aurelio Artera (Mal consentido, la cumplicidade del espectador indiferente, Madri, Alianza Editorial, 2010), o mal banal desconstrói a substância ontológica da alienação, exatamente porque ao analisá-lo em sua estrutura microfísica aparentemente perde sua pretensão metafísica. Mas este é o caminho que a teologia deve fazer, despojar o mal da auréola que herdou da tradição escolástica, desnudá-lo de sua roupagem de festa luciferina e estudá-lo como encarnação de pessoas normais.

Quando fazemos assim vemos que diante do mal social, o comum é limitar suas dimensões ao mal cometido e ao mal sofrido. Ou seja, tudo se resume à dualidade agressor/vitima. No Brasil, não temos muita intimidade com a filosofia basca, por isso vou pensar esta questão transversalmente com Artera, que fornece a nós teólogos reflexões magistrais: A compaixão, apologia de uma virtude sob suspeita (1996) e Mal consentido, a que me referi acima. Ele trabalha outras questões referentes a ética e política, cujos textos vou deixar de lado nessas meditações portenhas.

Partindo da compreensão, como o faz Artera e também Tiago, de que erra aquele que sabe fazer o bem e não o faz, todo mal consentido em relação ao cometido não deixa de ser um mal e um mal tão real como o que se comete e o que se padece, temos um paradoxo: na omissão a deficiência se torna eficaz, a ausência se faz presente e a passividade extremamente ativa.

Quando falamos em consentimento ou omissão estamos falando de ação social. Ou seja, há uma fazer alienante, um fazer mal que nasce de nosso consentimento ou de nossa omissão, em relação ao um e a todos. Mas do que ato passivo, o mal consentido, o mal por omissão é ativo e tão destruidor como aquele do agressor. Nenhum de nós quer ser definido como agressor de seu próximo ou como sofredores de violência, mas o mal consentido transformou-se numa maneira de não-vida social.

Mas voltemos à questão da alienação cotidiana ou mal perpretado por cada um, por todos, socialmente, nos consentimentos e omissões da não-vida diária. Paulo nos diz que quem realiza o mal, seja quem for, paga por ele. Ou seja, consentimento e omissão são ações degeneradoras e destruidoras. Atinge ao que consente, ao omisso e a todos.

O mal banal, que de fato nunca é banal, quebra o movimento da vida, cria a trombada. Produz um choque de nossas existências. E essa construção do mal consentido e omisso não acontece de uma hora para outra. São necessários alguns milhares de segundos, tijolo por tijolo, argamassa e muita falta de imaginação. E a falta de imaginação é trilha assassina.

E paro aqui com uma frase de Ezequiel: se uma pessoa de coração deixar de fazer o bem e começar a fazer o mal cotidiano será que ele vai viver? Conclua você. Beijos.

mardi 29 janvier 2013

A Europa como projeto está morrendo

“A Europa, como projeto, está morrendo”, constata manifesto de intelectuais.
Modelo de integração e de paz para muitas democracias do mundo, a Europa está escorrendo por várias veias, entre elas a Grécia. É o que aparece no manifesto assinado por personalidades como Umberto Eco, Salman Rushdie e Bernard-Henri Lévy.

A reportagem é de Eduardo Febbro e está publicada no jornal Página/12, 28-01-2013. A tradução é do Cepat.

“A unidade da Europa era o sonho de uns poucos. Tornou-se uma esperança para muitos. Hoje é uma necessidade para todos nós”. A frase do ex-chanceler alemão Konrad Adenauer tem um lugar na história. Foi pronunciada 10 anos antes que França e Alemanha assinassem, no dia 22 de janeiro de 1963, o tratado de cooperação franco-alemão conhecido como o Tratado dos Elíseos. Esse texto marca um passo definitivo rumo à reconciliação entre Paris e Berlim e reforçou a construção europeia. Transcorreram exatamente 50 anos e esse “sonho” e essa “necessidade” estão hoje em pleno marasmo. A Europa está indo a pique. É precisamente isso que constata um grupo importante de intelectuais europeus que publicaram um manifesto cujos três primeiros parágrafos dão conta da orfandade que ameaça o Velho Continente: “A Europa não está em crise, está morrendo. Não a Europa como território, naturalmente, mas a Europa como Ideia. A Europa como sonho e como projeto”.

Este grupo de filósofos, escritores, psicanalistas e jornalistas, entre os quais se encontram personalidades como Umberto Eco, Salman Rushdie, Fernando Savater, Bernard-Henri Lévy, Claudio Magris ou Julia Kristeva apela à consciência dos dirigentes para que não se apague o sonho da unidade europeia surgido depois da Segunda Guerra Mundial. Neste sentido, os intelectuais anotam que “esta Europa como vontade e representação, como quimera e como obra, esta Europa que nossos pais colocaram em pé, esta Europa que soube tornar-se uma ideia nova, que foi capaz de proporcionar aos povos que acabavam de sair da Segunda Guerra Mundial uma paz, uma prosperidade e uma difusão da democracia inéditas, mas que, diante dos nossos próprios olhos, está se desfazendo mais uma vez”. Em termos de produto interno bruto, PIB, a Europa é sem dúvida a maior potência econômica que existe. Mas isso não basta porque, para os autores do manifesto, essa potência econômica tragou a ideia de Europa e o Velho Continente sonhado por seus pais fundadores está se “desfazendo em Atenas, uma de suas cunhas, em meio à indiferença e ao cinismo de seus países irmãos”.

Modelo de integração e de paz para muitas democracias do mundo, a Europa vai morrendo por várias veias, começando por um de seus pilares, isto é, a Grécia: “Dá a impressão de que os herdeiros daqueles grandes europeus, enquanto os helenos travam uma nova batalha contra outra forma de decadência e sujeição, não têm nada melhor a fazer que castigá-los, estigmatizá-los, pisoteá-los e, a partir dos planos de rigor e de austeridade impostos, são despojados do princípio de soberania que, há tanto tempo, eles mesmos inventaram”. Esse diagnóstico vale também para a Itália, país onde se inventou a “distinção entre a lei e o direito, entre o homem e o cidadão”, país “que está na origem do modelo democrático que tanto contribuiu”, e, hoje, está “doente de um ‘berlusconismo’ que não acaba mais”. Doença crucial que envolve também o ideal europeu e que faz da Itália “o doente do continente. Que miséria! Que ridículo!”.

O apelo destes intelectuais do Velho Mundo é tão dramático quanto lúcido. Em sua breve e apaixonada demonstração, o texto mergulha na grande miséria europeia contemporânea: miséria moral, ética, miséria da solidariedade, miséria dos ideais que os europeus impulsionaram pelo mundo.

Daí que o manifesto insista em que a Europa faz água por todos os lados: “De leste a oeste, de norte a sul, com a ascensão dos populismos, dos chauvinismos, das ideologias de exclusão e ódio que a Europa tinha precisamente como missão marginalizar, esfriar, e que voltam vergonhosamente a levantar a cabeça. Quão distante está a época em que, pelas ruas da França, em solidariedade com um estudante insultado pelo dirigente de um partido de memória tão escassa como suas ideias, se cantava ‘todos somos judeus alemães’? Quão distante parecem hoje os movimentos de solidariedade, em Londres, Berlim, Roma, Paris, com os dissidentes daquela outra Europa que Milan Kundera chamava de Europa cativa e que parecia o coração do continente! E, quanto à pequena internacional de espíritos livres que lutavam, há 20 anos, por essa alma europeia que encarnava Sarajevo, sob as bombas e presa de uma impiedosa ‘limpeza étnica’, onde está? Por que já não é mais ouvida?”

Sonho e realidade dos quais, imediatamente, milhões de indivíduos acordam sacudidos pela crise do euro, “essa moeda única abstrata, flutuante porque não está ancorada na economia, nos recursos e em um sistema fiscal convergente”. O horizonte desenhado pelos abaixo-assinantes do manifesto para voltar a dar corpo ao sonho europeu é a união política do Velho Continente, sem a qual não haverá vida possível: “O teorema é implacável. Sem federação não há moeda que se sustente. Sem unidade política, a moeda dura algumas décadas e depois, aproveitando uma guerra ou uma crise, será dissolvida”.

O apelo divulgado neste final de semana coloca um paradigma curioso: “Antes se dizia: socialismo ou barbárie. Hoje é preciso dizer: união política ou barbárie. Melhor dito: federalismo ou explosão e, na loucura da explosão, regressão social, precariedade, desemprego disparado, miséria. Melhor dito: ou a Europa dá um passo a mais, e decisivo, rumo à integração política, ou sai da História e se afunda no caos. Já não resta outra opção: ou a união política ou a morte”. A corrida vertiginosa para esse fim da Europa já começou, dizem os autores, e se não forem tomadas as medidas adequadas e não simples maquiagens, nada a deterá: “A Europa sairá da História. De uma ou de outra forma, se não se fizer algo, desaparecerá. Isto deixou de ser uma hipótese, um vago temor, um pano vermelho que se agita diante dos europeus recalcitrantes. É uma certeza. Um horizonte insuperável e fatal. Todo o resto – truques de magia de alguns, pequenos acordos de outros, fundos de solidariedade por aqui, bancos de estabilização por ali – serve apenas para atrasar o fim e entreter o moribundo com a ilusão de uma sobrevida”.

Serão escutados estes herdeiros do pensamento crítico que ainda parece conservar essa dimensão tão europeia que consiste em nunca perder a capacidade crítica frente ao comportamento dos Estados? Apostar nisso seria outro sonho: entre socialdemocratas que desenham políticas liberais, socialistas ajoelhados diante das grandes corporações e capazes de voltar a servir a bandeja da “guerra contra o terrorismo islâmico” para justificar intervenções militares em outros países – Mali –, enquanto as pessoas morrem como moscas na Síria, entre governos liberais sacudidos por níveis de corrupção dignos de comédias, que não se vê por onde possa aparecer alguém capaz de encarnar o grande sonho europeu. Ao menos que aqueles que o fomentaram se levantem de suas tumbas.

Fonte
Instituto Humanitas Unisinos / Notícias / Terça, 29 de janeiro de 2013